Toi, sur Sanary-sur-Mer
Sur le quai à carreaux rouge mat poussiéreux,
Juste au bord de la mer instable et poisseuse,
Où accostaient des barques aux mâts terreux,
Suspendus au ciel en colonnes nerveuses,
Abritées des alizés par cette falaise,
Lotie en maisonnettes élevées en gradins,
Couvertes en hauteur de tuiles poudreuses,
Gardées par un bouquet vert sombre de sapins,
Posait ma cirée, vêtue de robe blanche,
Bras et jambes nus, de corsage haut bombé,
Habit rose passé du buste jusqu’aux hanches,
Froissé par ci par là et, à mi cuisse, retombé.
Ses blonds cheveux soyeux cadrent son visage
Large et rond de chair bien pulpeuse et d’éclat,
Où la main divine a tracé par un bel hommage
Des lèvres bien fines et frêles comme des lilas,
Et ses yeux, ô mon dieu, beau fragment de l’éther,
Une voûte pure pour rêver sans cesse,
Une magnifique, calme et miroitante mer
Pour faire un bain unique de jouvence,
Sont le miroir toujours à l’état pur de ton âme,
Où figurent ta candeur et ton altruisme,
Tes espérances, ton légendaire calme
Tes langueurs souveraines et ton romantisme