I Le nationalisme
- L’émigration algérienne politique
A ses origines, elle était essentiellement religieuse et elle remontait à l’année 1830, dans les jours qui suivirent la défaite du dey Houcine. Elle était motivée par le fait qu’un musulman ne devait pas demeurer dans un pays dont le gouvernement était impie, selon un verset du Coran et des commentaires du Prophète Mohamed. Les candidats à ce mode ‘émigration étaient surtout des notables qui appliquaient les prescriptions religieuses à leur corps défendant. Ils n’étaient pas nombreux. Néanmoins, quatre années plus tard, les groupes prenaient le chemin de l’exil, puis des fractions de tribus, dans le Sud Ouest du pays, de Tlemcen, de Mascara. Les gens de la Grande Kabylie et du Constantinois n’étaient pas épargnés par ce phénomène qui prenait de plus en plus d’importance, non sans provoquer les inquiétudes du gouvernement général. Ils se réfugiaient naturellement en Tunisie. Les pays voisins leur servaient à tous de transit pour aller en Syrie.
L’émigration s’accentuait à mesure que la colonisation exerçait sa tyrannie et imposait sa vision coloniale, au lendemain de la création du gouvernement civil qui n’avait d’existence propre que par l’existence même du colon. L’Algérien était régi par le code de l’indigénat qui avait été adopté le 28 juin 1881 par le gouvernement français, étendu ensuite aux autres colonies françaises. Il n’était ni citoyen ni sujet, mais un individu corvéable à merci, écrasé par l’impôt, dépossédé et refoulé de ses terres agricoles, rabaissé de sa condition humaine, privé d’instruction et de couverture sanitaire, en quête de son pain, confronté épisodiquement aux famines et aux épidémies, sans soutien des autorités coloniales, interdit de circuler d’un douar à un autre sauf muni d’un permis de voyage, interdit d’aller à al Mecque.
Au début du vingtième siècle, le phénomène avait pris une ampleur manifeste, précisément à partir de l’année 1907. La loi sur la laïcité promulguée en 1905 s’appliquait uniquement aux religions chrétienne et juive. Quant au clergé musulman, il percevait toujours ses rémunérations et donc soumis au statut sous contrôle de l’administration coloniale. Cette situation était aggravée par le fait que les biens immobiliers incessibles des mosquées étaient gérés directement par les services du Domaine. Vers 1911, l’émigration algérienne devenait massive et soulevait de vives inquiétudes des autorités coloniales. Les destinations privilégiées étaient la Syrie, l’Egypte, l’Anatolie, la Palestine, la péninsule arabique. Cette même année, 800 habitants avaient quitté Tlemcen, d’autres avaient fui leurs régions de Meliana et de Bordj BouAreridj pour s’établir en Syrie qui drainera d’ailleurs d’autres personnes des villes de Sabra, de Nedroma, de Remchi et de Sebdou. Mais pour la ville médiévale de Tlemcen, ancienne capitale du Maghreb Central subira cette même épreuve. Mille- deux-cent familles avaient pris le chemin de l’exil et regagnèrent le Proche Orient. L’administration coloniale en fut très inquiétée par cet exode et instruisit l’armée et les services de police de l’arrêter et de fermer les frontières. En effet, les chiffres sont éloquents de par leur grandeur :
- 20.000 à 30.000 émigrés algériens en Egypte.
- 10.000 à 15.000 émigrés en Péninsule arabique.
- 5.000 à 6.000 en Palestine autant en Cilicie et en Anatolie.
- 35.420 en Syrie établis seulement dans les villes et un grand nombre dans les villages et les petites cités.
- Istanbul était aussi la destination des exilés algériens, nous ne disposons pas hélas de statistiques.
Ces émigrés algériens étaient bien établis dans chacun de ces pays d’accueil. Ils recevaient des terres agricoles et bénéficiaient d’autres avantages. Ils accédaient à la citoyenneté et étaient exempts du service militaire. Ils préservaient le contact avec leur propre pays et échangeaient des lettres avec leurs proches et leur disaient le bien-être et la quiétude dans lesquelles ils vivaient. Dans le même temps, ils faisaient l’apologie de l’islam sous le règne du sultan Abdelhamid. Néanmoins, leur formation politique n’accompagnait pas leur destinée. Car ces pays étaient loin d’être démocratiques, malgré le fait qu’ils accordaient une grande marge de liberté à leurs citoyens. L’élite qui pouvait réveiller la nation algérienne n’y émergeait pas. Elle allait se former bien plus dans le propre pays du colonisateur.
I Le nationalisme
- L’émigration algérienne politique
A ses origines, elle était essentiellement religieuse et elle remontait à l’année 1830, dans les jours qui suivirent la défaite du dey Houcine. Elle était motivée par le fait qu’un musulman ne devait pas demeurer dans un pays dont le gouvernement était impie, selon un verset du Coran et des commentaires du Prophète Mohamed. Les candidats à ce mode ‘émigration étaient surtout des notables qui appliquaient les prescriptions religieuses à leur corps défendant. Ils n’étaient pas nombreux. Néanmoins, quatre années plus tard, les groupes prenaient le chemin de l’exil, puis des fractions de tribus, dans le Sud Ouest du pays, de Tlemcen, de Mascara. Les gens de la Grande Kabylie et du Constantinois n’étaient pas épargnés par ce phénomène qui prenait de plus en plus d’importance, non sans provoquer les inquiétudes du gouvernement général. Ils se réfugiaient naturellement en Tunisie. Les pays voisins leur servaient à tous de transit pour aller en Syrie.
L’émigration s’accentuait à mesure que la colonisation exerçait sa tyrannie et imposait sa vision coloniale, au lendemain de la création du gouvernement civil qui n’avait d’existence propre que par l’existence même du colon. L’Algérien était régi par le code de l’indigénat qui avait été adopté le 28 juin 1881 par le gouvernement français, étendu ensuite aux autres colonies françaises. Il n’était ni citoyen ni sujet, mais un individu corvéable à merci, écrasé par l’impôt, dépossédé et refoulé de ses terres agricoles, rabaissé de sa condition humaine, privé d’instruction et de couverture sanitaire, en quête de son pain, confronté épisodiquement aux famines et aux épidémies, sans soutien des autorités coloniales, interdit de circuler d’un douar à un autre sauf muni d’un permis de voyage, interdit d’aller à al Mecque.
Au début du vingtième siècle, le phénomène avait pris une ampleur manifeste, précisément à partir de l’année 1907. La loi sur la laïcité promulguée en 1905 s’appliquait uniquement aux religions chrétienne et juive. Quant au clergé musulman, il percevait toujours ses rémunérations et donc soumis au statut sous contrôle de l’administration coloniale. Cette situation était aggravée par le fait que les biens immobiliers incessibles des mosquées étaient gérés directement par les services du Domaine. Vers 1911, l’émigration algérienne devenait massive et soulevait de vives inquiétudes des autorités coloniales. Les destinations privilégiées étaient la Syrie, l’Egypte, l’Anatolie, la Palestine, la péninsule arabique. Cette même année, 800 habitants avaient quitté Tlemcen, d’autres avaient fui leurs régions de Meliana et de Bordj BouAreridj pour s’établir en Syrie qui drainera d’ailleurs d’autres personnes des villes de Sabra, de Nedroma, de Remchi et de Sebdou. Mais pour la ville médiévale de Tlemcen, ancienne capitale du Maghreb Central subira cette même épreuve. Mille- deux-cent familles avaient pris le chemin de l’exil et regagnèrent le Proche Orient. L’administration coloniale en fut très inquiétée par cet exode et instruisit l’armée et les services de police de l’arrêter et de fermer les frontières. En effet, les chiffres sont éloquents de par leur grandeur :
- 20.000 à 30.000 émigrés algériens en Egypte.
- 10.000 à 15.000 émigrés en Péninsule arabique.
- 5.000 à 6.000 en Palestine autant en Cilicie et en Anatolie.
- 35.420 en Syrie établis seulement dans les villes et un grand nombre dans les villages et les petites cités.
- Istanbul était aussi la destination des exilés algériens, nous ne disposons pas hélas de statistiques.
Ces émigrés algériens étaient bien établis dans chacun de ces pays d’accueil. Ils recevaient des terres agricoles et bénéficiaient d’autres avantages. Ils accédaient à la citoyenneté et étaient exempts du service militaire. Ils préservaient le contact avec leur propre pays et échangeaient des lettres avec leurs proches et leur disaient le bien-être et la quiétude dans lesquelles ils vivaient. Dans le même temps, ils faisaient l’apologie de l’islam sous le règne du sultan Abdelhamid. Néanmoins, leur formation politique n’accompagnait pas leur destinée. Car ces pays étaient loin d’être démocratiques, malgré le fait qu’ils accordaient une grande marge de liberté à leurs citoyens. L’élite qui pouvait réveiller la nation algérienne n’y émergeait pas. Elle allait se former bien plus dans le propre pays du colonisateur.