Le Maroc du mensonge, la France Ahmed Bencherif écrivain

En fait, il ne se passe rien qui puisse être signalé depuis 1903. Malgré les fournitures d’armes et de munitions, des approvisionnements pour ses troupes afin de combattre les rebelles. Cela ne l’avait pas empêché de contracter la même année un emprunt auprès de l’Espagne dont l’influence demeure plus moins agissante. L’an 1904, le Maroc avait dépensé les fonds avancés. Il nous faut juste signaler que l’Etat du Maroc vivait en permanence dans un déficit important structurel. Ses dépenses allaient couvrir le mode de vie extravagant du palais royal dont les souverains successifs entretenaient un Harem de plus de 300 concubines. Ce chiffre est ahurissant quand on sait qu’à notre époque, feu Hassan 2 possédait 300 concubines. Alors, qu’il ne dépensait rien pour l’intérêt général : ses infrastructures portuaires étaient nulles, ses manufactures inexistantes, son armée sous équipée à un niveau inférieur alarmant, ses troupes sans la moindre formation militaire, le seuil de la pauvreté à un niveau inférieur très alarmant, les vices battaient les records, des centaines de famille vivaient du commerce du kif, les filles de joie étaient légions. Par exemple, le sultan Moulay Ismail consommait sans retenue le Hachich. Voici un mode vie licencieux d’une dynastie qui se dit Chérifienne, sans jamais avoir apporté une preuve probante, sans présenter à qui le veut une généalogie authentique.

L’Etat du Maroc a dépensé les fonds avancés par l’Espagne et ses caisses sont vides. Il était très mal placé pour négocier un nouvel emprunt. De ce fait, il revint toute honte bue vers la France qui l’attendait patiemment et en toute confiance comme le plus redoutable chasseur. Le sultan Abdelaziz s’adressa à son « sûr et véritable ami[1] », la France. Il signa le 12 juin 1904 un emprunt avec un syndicat de banques françaises, pour un montant de 62 millions cinq-cents-mille francs, au taux d’intérêt de 50/0 et amortissable en 36 ans. C’était une somme faramineuse qui montrait du doigt au sultan où était la richesse pour atténuer la pauvreté du sultanat. Nous ne discuterons pas des clauses, qui sont trop techniques et ne présentent nullement un effet historique.

L’évolution des relations franco-marocaines va lentement, mais surement, sauf les caprices du souverain Abdelaziz par moments. A la fin du mois de juin 1904, le ministre des Affaires Etrangères du sultan Abdelaziz prévenait le consul général français à Tanger, M Saint-René Thaillandier, que le Makhzen entreprenait des aménagements à la Garnison, la pourvoir en quelques pièces d’artillerie et que l’instruction des artilleurs serait confiée à un officier français d’Algérie, le lieutenant Sedira.  Cependant, le comte Saint Aulaire, diplomate français à Tanger, juge insuffisante, la réoccupation française à la garnison marocaine. Le sultan Abdelaziz décida alors de la renforcer comme suit : un  capitaine français présidera à la réorganisation, secondé par trois sous-officiers algériens, quant au lieutenant Sedira, il sera chargé de la formation. 

Caprice du sultan ou jeu des influences européennes ? En effet, le délégué du sultan à Tanger, M Si Mohammed El Torrès, notifie le 19 décembre de la même année aux ministres de France, d’Italie et d’Angleterre que son souverain avait congédié tous les employés étrangers qu’il avait à Fez et à Tanger, par mesure d’économie, dit-il. Il était clair que la mission française était visée. La rupture paraissait plus que probable. Néanmoins, la France protesta énergiquement et le Makhzen revint sur sa décision. Avant de dire un mot sur les institutions françaises présentes au Maroc, nous dirons un autre sur l’attitude très peu élégante du sultan Abdelaziz envers la France.    

L’emprunt marocain de 62.000.000 de francs auprès des banques françaises, sur garantie de l’Etat français représentait une somme considérable, un véritable budget d’Etat. Au taux de change contemporain, il serait chiffré en plusieurs milliards d’euros. Il appartenait au sultan Abdelaziz d’être longtemps reconnaissant vers la France. Quiconque aurait bénéficié se devait d’en exprimer toute sa gratitude. Il apparait clairement que le sultan du Maroc n’exerçait pas pleinement sa souveraineté dans son Etat. Exerçait-il lui-même le pouvoir ou bien le Makhzen, cette armée mal définie où se cachaient les véritables décideurs entre amis de la monarchie et police politique. Ce peu d’élégance avait été de toujours une monnaie courante de cette vieille monarchie ô combien archaïque, dans une société semi primitive.

  Le bât blesse et il m’est douloureux de dire des vérités sur des nuisances qu’avait commises sur mon pays, l’Algérie. Pour rester seulement à notre époque contemporaine, le roi feu Hassan II nous imposait la guerre des sables en octobre 1963, juste quelques mois après notre indépendance le 5 juillet 1962. Imaginez une armée de libération nationale qui affrontait une armée classique mécanisée, équipée, lourdement armée pour conquérir Tindouf, une partie du Sahara. Il avait été battu et humilié. Notre armée repoussa ses troupes et conquit 20 km du territoire marocain du côté de Figuig. Hassan Ii reconnaitra plus tard qu’il ne pouvait pas vaincre une résistance. Nous avions fait la paix et avions ouvert durablement la frontière avec le Maroc. Les populations marocaines limitrophes et même au-delà s’approvisionnaient chez nous en noir et prenaient en quantités industrielles du sacre, du lait en poudre, cde l’huile, de la semoule, de la farine, du carburant à des prix subventionnés.

    Mon pays a aussi fait les frais du peu d’élégance de la monarchie marocaine en 1994, quand nous menions une guerre sans merci contre le terrorisme. Hassan II toute honte bue accueillait les terroristes à qui il avait offert une base arrière, leurs blessés étaient soignés dans ses hôpitaux publics, ils entraient et sortaient en Algérie comme ils voulaient, faisaient entrer des armes sophistiquées. Mon pays avait alors fermé la frontière à cette même date et depuis elle est toujours fermée. Malgré cela, sur le plan économique, les affaires marchaient. Alors, le Maroc prenait un milliard de m3 de gaz annuellement et plus de 650 millions de dollars, comme droit de transit sur le gazoduc vers l’Espagne. Plus encore, son pays était branché à notre réseau électrique qui lui assurait 30% de sa consommation totale. Que fait alors son successeur, Mohamed VI ? Son ambassadeur au Conseil de Sécurité distribua à tous les ambassadeurs un mémoire dans lequel il réclamait l’indépendance de la Kabylie. Alors mon pays ferma tout : les relations diplomatiques, le Gaz, l’électricité, l’espace aérien. Je voudrais juste signaler que la fermeture des frontières avec le Maroc et le gel de toutes les relations est une affaire de souveraineté qui appartient au Peuple et tout gouvernement algérien présent et à venir devra s’y soumettre.

Je m’excuse de cette digression et peut-être qu’elle est bénéfique pour une meilleure compréhension sur ce peu d’élégance dont est champion l’Etat marocain.

Dans le prochain article, nous parlerons des institutions françaises au Maroc préexistantes.          

 

[1] L’expression est dans le texte. 

En fait, il ne se passe rien qui puisse être signalé depuis 1903. Malgré les fournitures d’armes et de munitions, des approvisionnements pour ses troupes afin de combattre les rebelles. Cela ne l’avait pas empêché de contracter la même année un emprunt auprès de l’Espagne dont l’influence demeure plus moins agissante. L’an 1904, le Maroc avait dépensé les fonds avancés. Il nous faut juste signaler que l’Etat du Maroc vivait en permanence dans un déficit important structurel. Ses dépenses allaient couvrir le mode de vie extravagant du palais royal dont les souverains successifs entretenaient un Harem de plus de 300 concubines. Ce chiffre est ahurissant quand on sait qu’à notre époque, feu Hassan 2 possédait 300 concubines. Alors, qu’il ne dépensait rien pour l’intérêt général : ses infrastructures portuaires étaient nulles, ses manufactures inexistantes, son armée sous équipée à un niveau inférieur alarmant, ses troupes sans la moindre formation militaire, le seuil de la pauvreté à un niveau inférieur très alarmant, les vices battaient les records, des centaines de famille vivaient du commerce du kif, les filles de joie étaient légions. Par exemple, le sultan Moulay Ismail consommait sans retenue le Hachich. Voici un mode vie licencieux d’une dynastie qui se dit Chérifienne, sans jamais avoir apporté une preuve probante, sans présenter à qui le veut une généalogie authentique.

L’Etat du Maroc a dépensé les fonds avancés par l’Espagne et ses caisses sont vides. Il était très mal placé pour négocier un nouvel emprunt. De ce fait, il revint toute honte bue vers la France qui l’attendait patiemment et en toute confiance comme le plus redoutable chasseur. Le sultan Abdelaziz s’adressa à son « sûr et véritable ami[1] », la France. Il signa le 12 juin 1904 un emprunt avec un syndicat de banques françaises, pour un montant de 62 millions cinq-cents-mille francs, au taux d’intérêt de 50/0 et amortissable en 36 ans. C’était une somme faramineuse qui montrait du doigt au sultan où était la richesse pour atténuer la pauvreté du sultanat. Nous ne discuterons pas des clauses, qui sont trop techniques et ne présentent nullement un effet historique.

L’évolution des relations franco-marocaines va lentement, mais surement, sauf les caprices du souverain Abdelaziz par moments. A la fin du mois de juin 1904, le ministre des Affaires Etrangères du sultan Abdelaziz prévenait le consul général français à Tanger, M Saint-René Thaillandier, que le Makhzen entreprenait des aménagements à la Garnison, la pourvoir en quelques pièces d’artillerie et que l’instruction des artilleurs serait confiée à un officier français d’Algérie, le lieutenant Sedira.  Cependant, le comte Saint Aulaire, diplomate français à Tanger, juge insuffisante, la réoccupation française à la garnison marocaine. Le sultan Abdelaziz décida alors de la renforcer comme suit : un  capitaine français présidera à la réorganisation, secondé par trois sous-officiers algériens, quant au lieutenant Sedira, il sera chargé de la formation. 

Caprice du sultan ou jeu des influences européennes ? En effet, le délégué du sultan à Tanger, M Si Mohammed El Torrès, notifie le 19 décembre de la même année aux ministres de France, d’Italie et d’Angleterre que son souverain avait congédié tous les employés étrangers qu’il avait à Fez et à Tanger, par mesure d’économie, dit-il. Il était clair que la mission française était visée. La rupture paraissait plus que probable. Néanmoins, la France protesta énergiquement et le Makhzen revint sur sa décision. Avant de dire un mot sur les institutions françaises présentes au Maroc, nous dirons un autre sur l’attitude très peu élégante du sultan Abdelaziz envers la France.    

L’emprunt marocain de 62.000.000 de francs auprès des banques françaises, sur garantie de l’Etat français représentait une somme considérable, un véritable budget d’Etat. Au taux de change contemporain, il serait chiffré en plusieurs milliards d’euros. Il appartenait au sultan Abdelaziz d’être longtemps reconnaissant vers la France. Quiconque aurait bénéficié se devait d’en exprimer toute sa gratitude. Il apparait clairement que le sultan du Maroc n’exerçait pas pleinement sa souveraineté dans son Etat. Exerçait-il lui-même le pouvoir ou bien le Makhzen, cette armée mal définie où se cachaient les véritables décideurs entre amis de la monarchie et police politique. Ce peu d’élégance avait été de toujours une monnaie courante de cette vieille monarchie ô combien archaïque, dans une société semi primitive.

  Le bât blesse et il m’est douloureux de dire des vérités sur des nuisances qu’avait commises sur mon pays, l’Algérie. Pour rester seulement à notre époque contemporaine, le roi feu Hassan II nous imposait la guerre des sables en octobre 1963, juste quelques mois après notre indépendance le 5 juillet 1962. Imaginez une armée de libération nationale qui affrontait une armée classique mécanisée, équipée, lourdement armée pour conquérir Tindouf, une partie du Sahara. Il avait été battu et humilié. Notre armée repoussa ses troupes et conquit 20 km du territoire marocain du côté de Figuig. Hassan Ii reconnaitra plus tard qu’il ne pouvait pas vaincre une résistance. Nous avions fait la paix et avions ouvert durablement la frontière avec le Maroc. Les populations marocaines limitrophes et même au-delà s’approvisionnaient chez nous en noir et prenaient en quantités industrielles du sacre, du lait en poudre, cde l’huile, de la semoule, de la farine, du carburant à des prix subventionnés.

    Mon pays a aussi fait les frais du peu d’élégance de la monarchie marocaine en 1994, quand nous menions une guerre sans merci contre le terrorisme. Hassan II toute honte bue accueillait les terroristes à qui il avait offert une base arrière, leurs blessés étaient soignés dans ses hôpitaux publics, ils entraient et sortaient en Algérie comme ils voulaient, faisaient entrer des armes sophistiquées. Mon pays avait alors fermé la frontière à cette même date et depuis elle est toujours fermée. Malgré cela, sur le plan économique, les affaires marchaient. Alors, le Maroc prenait un milliard de m3 de gaz annuellement et plus de 650 millions de dollars, comme droit de transit sur le gazoduc vers l’Espagne. Plus encore, son pays était branché à notre réseau électrique qui lui assurait 30% de sa consommation totale. Que fait alors son successeur, Mohamed VI ? Son ambassadeur au Conseil de Sécurité distribua à tous les ambassadeurs un mémoire dans lequel il réclamait l’indépendance de la Kabylie. Alors mon pays ferma tout : les relations diplomatiques, le Gaz, l’électricité, l’espace aérien. Je voudrais juste signaler que la fermeture des frontières avec le Maroc et le gel de toutes les relations est une affaire de souveraineté qui appartient au Peuple et tout gouvernement algérien présent et à venir devra s’y soumettre.

Je m’excuse de cette digression et peut-être qu’elle est bénéfique pour une meilleure compréhension sur ce peu d’élégance dont est champion l’Etat marocain.

Dans le prochain article, nous parlerons des institutions françaises au Maroc préexistantes.          

 

[1] L’expression est dans le texte. 

En fait, il ne se passe rien qui puisse être signalé depuis 1903. Malgré les fournitures d’armes et de munitions, des approvisionnements pour ses troupes afin de combattre les rebelles. Cela ne l’avait pas empêché de contracter la même année un emprunt auprès de l’Espagne dont l’influence demeure plus moins agissante. L’an 1904, le Maroc avait dépensé les fonds avancés. Il nous faut juste signaler que l’Etat du Maroc vivait en permanence dans un déficit important structurel. Ses dépenses allaient couvrir le mode de vie extravagant du palais royal dont les souverains successifs entretenaient un Harem de plus de 300 concubines. Ce chiffre est ahurissant quand on sait qu’à notre époque, feu Hassan 2 possédait 300 concubines. Alors, qu’il ne dépensait rien pour l’intérêt général : ses infrastructures portuaires étaient nulles, ses manufactures inexistantes, son armée sous équipée à un niveau inférieur alarmant, ses troupes sans la moindre formation militaire, le seuil de la pauvreté à un niveau inférieur très alarmant, les vices battaient les records, des centaines de famille vivaient du commerce du kif, les filles de joie étaient légions. Par exemple, le sultan Moulay Ismail consommait sans retenue le Hachich. Voici un mode vie licencieux d’une dynastie qui se dit Chérifienne, sans jamais avoir apporté une preuve probante, sans présenter à qui le veut une généalogie authentique.

L’Etat du Maroc a dépensé les fonds avancés par l’Espagne et ses caisses sont vides. Il était très mal placé pour négocier un nouvel emprunt. De ce fait, il revint toute honte bue vers la France qui l’attendait patiemment et en toute confiance comme le plus redoutable chasseur. Le sultan Abdelaziz s’adressa à son « sûr et véritable ami[1] », la France. Il signa le 12 juin 1904 un emprunt avec un syndicat de banques françaises, pour un montant de 62 millions cinq-cents-mille francs, au taux d’intérêt de 50/0 et amortissable en 36 ans. C’était une somme faramineuse qui montrait du doigt au sultan où était la richesse pour atténuer la pauvreté du sultanat. Nous ne discuterons pas des clauses, qui sont trop techniques et ne présentent nullement un effet historique.

L’évolution des relations franco-marocaines va lentement, mais surement, sauf les caprices du souverain Abdelaziz par moments. A la fin du mois de juin 1904, le ministre des Affaires Etrangères du sultan Abdelaziz prévenait le consul général français à Tanger, M Saint-René Thaillandier, que le Makhzen entreprenait des aménagements à la Garnison, la pourvoir en quelques pièces d’artillerie et que l’instruction des artilleurs serait confiée à un officier français d’Algérie, le lieutenant Sedira.  Cependant, le comte Saint Aulaire, diplomate français à Tanger, juge insuffisante, la réoccupation française à la garnison marocaine. Le sultan Abdelaziz décida alors de la renforcer comme suit : un  capitaine français présidera à la réorganisation, secondé par trois sous-officiers algériens, quant au lieutenant Sedira, il sera chargé de la formation. 

Caprice du sultan ou jeu des influences européennes ? En effet, le délégué du sultan à Tanger, M Si Mohammed El Torrès, notifie le 19 décembre de la même année aux ministres de France, d’Italie et d’Angleterre que son souverain avait congédié tous les employés étrangers qu’il avait à Fez et à Tanger, par mesure d’économie, dit-il. Il était clair que la mission française était visée. La rupture paraissait plus que probable. Néanmoins, la France protesta énergiquement et le Makhzen revint sur sa décision. Avant de dire un mot sur les institutions françaises présentes au Maroc, nous dirons un autre sur l’attitude très peu élégante du sultan Abdelaziz envers la France.    

L’emprunt marocain de 62.000.000 de francs auprès des banques françaises, sur garantie de l’Etat français représentait une somme considérable, un véritable budget d’Etat. Au taux de change contemporain, il serait chiffré en plusieurs milliards d’euros. Il appartenait au sultan Abdelaziz d’être longtemps reconnaissant vers la France. Quiconque aurait bénéficié se devait d’en exprimer toute sa gratitude. Il apparait clairement que le sultan du Maroc n’exerçait pas pleinement sa souveraineté dans son Etat. Exerçait-il lui-même le pouvoir ou bien le Makhzen, cette armée mal définie où se cachaient les véritables décideurs entre amis de la monarchie et police politique. Ce peu d’élégance avait été de toujours une monnaie courante de cette vieille monarchie ô combien archaïque, dans une société semi primitive.

  Le bât blesse et il m’est douloureux de dire des vérités sur des nuisances qu’avait commises sur mon pays, l’Algérie. Pour rester seulement à notre époque contemporaine, le roi feu Hassan II nous imposait la guerre des sables en octobre 1963, juste quelques mois après notre indépendance le 5 juillet 1962. Imaginez une armée de libération nationale qui affrontait une armée classique mécanisée, équipée, lourdement armée pour conquérir Tindouf, une partie du Sahara. Il avait été battu et humilié. Notre armée repoussa ses troupes et conquit 20 km du territoire marocain du côté de Figuig. Hassan Ii reconnaitra plus tard qu’il ne pouvait pas vaincre une résistance. Nous avions fait la paix et avions ouvert durablement la frontière avec le Maroc. Les populations marocaines limitrophes et même au-delà s’approvisionnaient chez nous en noir et prenaient en quantités industrielles du sacre, du lait en poudre, cde l’huile, de la semoule, de la farine, du carburant à des prix subventionnés.

    Mon pays a aussi fait les frais du peu d’élégance de la monarchie marocaine en 1994, quand nous menions une guerre sans merci contre le terrorisme. Hassan II toute honte bue accueillait les terroristes à qui il avait offert une base arrière, leurs blessés étaient soignés dans ses hôpitaux publics, ils entraient et sortaient en Algérie comme ils voulaient, faisaient entrer des armes sophistiquées. Mon pays avait alors fermé la frontière à cette même date et depuis elle est toujours fermée. Malgré cela, sur le plan économique, les affaires marchaient. Alors, le Maroc prenait un milliard de m3 de gaz annuellement et plus de 650 millions de dollars, comme droit de transit sur le gazoduc vers l’Espagne. Plus encore, son pays était branché à notre réseau électrique qui lui assurait 30% de sa consommation totale. Que fait alors son successeur, Mohamed VI ? Son ambassadeur au Conseil de Sécurité distribua à tous les ambassadeurs un mémoire dans lequel il réclamait l’indépendance de la Kabylie. Alors mon pays ferma tout : les relations diplomatiques, le Gaz, l’électricité, l’espace aérien. Je voudrais juste signaler que la fermeture des frontières avec le Maroc et le gel de toutes les relations est une affaire de souveraineté qui appartient au Peuple et tout gouvernement algérien présent et à venir devra s’y soumettre.

Je m’excuse de cette digression et peut-être qu’elle est bénéfique pour une meilleure compréhension sur ce peu d’élégance dont est champion l’Etat marocain.

Dans le prochain article, nous parlerons des institutions françaises au Maroc préexistantes.          

 

[1] L’expression est dans le texte. 

En fait, il ne se passe rien qui puisse être signalé depuis 1903. Malgré les fournitures d’armes et de munitions, des approvisionnements pour ses troupes afin de combattre les rebelles. Cela ne l’avait pas empêché de contracter la même année un emprunt auprès de l’Espagne dont l’influence demeure plus moins agissante. L’an 1904, le Maroc avait dépensé les fonds avancés. Il nous faut juste signaler que l’Etat du Maroc vivait en permanence dans un déficit important structurel. Ses dépenses allaient couvrir le mode de vie extravagant du palais royal dont les souverains successifs entretenaient un Harem de plus de 300 concubines. Ce chiffre est ahurissant quand on sait qu’à notre époque, feu Hassan 2 possédait 300 concubines. Alors, qu’il ne dépensait rien pour l’intérêt général : ses infrastructures portuaires étaient nulles, ses manufactures inexistantes, son armée sous équipée à un niveau inférieur alarmant, ses troupes sans la moindre formation militaire, le seuil de la pauvreté à un niveau inférieur très alarmant, les vices battaient les records, des centaines de famille vivaient du commerce du kif, les filles de joie étaient légions. Par exemple, le sultan Moulay Ismail consommait sans retenue le Hachich. Voici un mode vie licencieux d’une dynastie qui se dit Chérifienne, sans jamais avoir apporté une preuve probante, sans présenter à qui le veut une généalogie authentique.

L’Etat du Maroc a dépensé les fonds avancés par l’Espagne et ses caisses sont vides. Il était très mal placé pour négocier un nouvel emprunt. De ce fait, il revint toute honte bue vers la France qui l’attendait patiemment et en toute confiance comme le plus redoutable chasseur. Le sultan Abdelaziz s’adressa à son « sûr et véritable ami[1] », la France. Il signa le 12 juin 1904 un emprunt avec un syndicat de banques françaises, pour un montant de 62 millions cinq-cents-mille francs, au taux d’intérêt de 50/0 et amortissable en 36 ans. C’était une somme faramineuse qui montrait du doigt au sultan où était la richesse pour atténuer la pauvreté du sultanat. Nous ne discuterons pas des clauses, qui sont trop techniques et ne présentent nullement un effet historique.

L’évolution des relations franco-marocaines va lentement, mais surement, sauf les caprices du souverain Abdelaziz par moments. A la fin du mois de juin 1904, le ministre des Affaires Etrangères du sultan Abdelaziz prévenait le consul général français à Tanger, M Saint-René Thaillandier, que le Makhzen entreprenait des aménagements à la Garnison, la pourvoir en quelques pièces d’artillerie et que l’instruction des artilleurs serait confiée à un officier français d’Algérie, le lieutenant Sedira.  Cependant, le comte Saint Aulaire, diplomate français à Tanger, juge insuffisante, la réoccupation française à la garnison marocaine. Le sultan Abdelaziz décida alors de la renforcer comme suit : un  capitaine français présidera à la réorganisation, secondé par trois sous-officiers algériens, quant au lieutenant Sedira, il sera chargé de la formation. 

Caprice du sultan ou jeu des influences européennes ? En effet, le délégué du sultan à Tanger, M Si Mohammed El Torrès, notifie le 19 décembre de la même année aux ministres de France, d’Italie et d’Angleterre que son souverain avait congédié tous les employés étrangers qu’il avait à Fez et à Tanger, par mesure d’économie, dit-il. Il était clair que la mission française était visée. La rupture paraissait plus que probable. Néanmoins, la France protesta énergiquement et le Makhzen revint sur sa décision. Avant de dire un mot sur les institutions françaises présentes au Maroc, nous dirons un autre sur l’attitude très peu élégante du sultan Abdelaziz envers la France.    

L’emprunt marocain de 62.000.000 de francs auprès des banques françaises, sur garantie de l’Etat français représentait une somme considérable, un véritable budget d’Etat. Au taux de change contemporain, il serait chiffré en plusieurs milliards d’euros. Il appartenait au sultan Abdelaziz d’être longtemps reconnaissant vers la France. Quiconque aurait bénéficié se devait d’en exprimer toute sa gratitude. Il apparait clairement que le sultan du Maroc n’exerçait pas pleinement sa souveraineté dans son Etat. Exerçait-il lui-même le pouvoir ou bien le Makhzen, cette armée mal définie où se cachaient les véritables décideurs entre amis de la monarchie et police politique. Ce peu d’élégance avait été de toujours une monnaie courante de cette vieille monarchie ô combien archaïque, dans une société semi primitive.

  Le bât blesse et il m’est douloureux de dire des vérités sur des nuisances qu’avait commises sur mon pays, l’Algérie. Pour rester seulement à notre époque contemporaine, le roi feu Hassan II nous imposait la guerre des sables en octobre 1963, juste quelques mois après notre indépendance le 5 juillet 1962. Imaginez une armée de libération nationale qui affrontait une armée classique mécanisée, équipée, lourdement armée pour conquérir Tindouf, une partie du Sahara. Il avait été battu et humilié. Notre armée repoussa ses troupes et conquit 20 km du territoire marocain du côté de Figuig. Hassan Ii reconnaitra plus tard qu’il ne pouvait pas vaincre une résistance. Nous avions fait la paix et avions ouvert durablement la frontière avec le Maroc. Les populations marocaines limitrophes et même au-delà s’approvisionnaient chez nous en noir et prenaient en quantités industrielles du sacre, du lait en poudre, cde l’huile, de la semoule, de la farine, du carburant à des prix subventionnés.

    Mon pays a aussi fait les frais du peu d’élégance de la monarchie marocaine en 1994, quand nous menions une guerre sans merci contre le terrorisme. Hassan II toute honte bue accueillait les terroristes à qui il avait offert une base arrière, leurs blessés étaient soignés dans ses hôpitaux publics, ils entraient et sortaient en Algérie comme ils voulaient, faisaient entrer des armes sophistiquées. Mon pays avait alors fermé la frontière à cette même date et depuis elle est toujours fermée. Malgré cela, sur le plan économique, les affaires marchaient. Alors, le Maroc prenait un milliard de m3 de gaz annuellement et plus de 650 millions de dollars, comme droit de transit sur le gazoduc vers l’Espagne. Plus encore, son pays était branché à notre réseau électrique qui lui assurait 30% de sa consommation totale. Que fait alors son successeur, Mohamed VI ? Son ambassadeur au Conseil de Sécurité distribua à tous les ambassadeurs un mémoire dans lequel il réclamait l’indépendance de la Kabylie. Alors mon pays ferma tout : les relations diplomatiques, le Gaz, l’électricité, l’espace aérien. Je voudrais juste signaler que la fermeture des frontières avec le Maroc et le gel de toutes les relations est une affaire de souveraineté qui appartient au Peuple et tout gouvernement algérien présent et à venir devra s’y soumettre.

Je m’excuse de cette digression et peut-être qu’elle est bénéfique pour une meilleure compréhension sur ce peu d’élégance dont est champion l’Etat marocain.

Dans le prochain article, nous parlerons des institutions françaises au Maroc préexistantes.          

 

[1] L’expression est dans le texte. 

En fait, il ne se passe rien qui puisse être signalé depuis 1903. Malgré les fournitures d’armes et de munitions, des approvisionnements pour ses troupes afin de combattre les rebelles. Cela ne l’avait pas empêché de contracter la même année un emprunt auprès de l’Espagne dont l’influence demeure plus moins agissante. L’an 1904, le Maroc avait dépensé les fonds avancés. Il nous faut juste signaler que l’Etat du Maroc vivait en permanence dans un déficit important structurel. Ses dépenses allaient couvrir le mode de vie extravagant du palais royal dont les souverains successifs entretenaient un Harem de plus de 300 concubines. Ce chiffre est ahurissant quand on sait qu’à notre époque, feu Hassan 2 possédait 300 concubines. Alors, qu’il ne dépensait rien pour l’intérêt général : ses infrastructures portuaires étaient nulles, ses manufactures inexistantes, son armée sous équipée à un niveau inférieur alarmant, ses troupes sans la moindre formation militaire, le seuil de la pauvreté à un niveau inférieur très alarmant, les vices battaient les records, des centaines de famille vivaient du commerce du kif, les filles de joie étaient légions. Par exemple, le sultan Moulay Ismail consommait sans retenue le Hachich. Voici un mode vie licencieux d’une dynastie qui se dit Chérifienne, sans jamais avoir apporté une preuve probante, sans présenter à qui le veut une généalogie authentique.

L’Etat du Maroc a dépensé les fonds avancés par l’Espagne et ses caisses sont vides. Il était très mal placé pour négocier un nouvel emprunt. De ce fait, il revint toute honte bue vers la France qui l’attendait patiemment et en toute confiance comme le plus redoutable chasseur. Le sultan Abdelaziz s’adressa à son « sûr et véritable ami[1] », la France. Il signa le 12 juin 1904 un emprunt avec un syndicat de banques françaises, pour un montant de 62 millions cinq-cents-mille francs, au taux d’intérêt de 50/0 et amortissable en 36 ans. C’était une somme faramineuse qui montrait du doigt au sultan où était la richesse pour atténuer la pauvreté du sultanat. Nous ne discuterons pas des clauses, qui sont trop techniques et ne présentent nullement un effet historique.

L’évolution des relations franco-marocaines va lentement, mais surement, sauf les caprices du souverain Abdelaziz par moments. A la fin du mois de juin 1904, le ministre des Affaires Etrangères du sultan Abdelaziz prévenait le consul général français à Tanger, M Saint-René Thaillandier, que le Makhzen entreprenait des aménagements à la Garnison, la pourvoir en quelques pièces d’artillerie et que l’instruction des artilleurs serait confiée à un officier français d’Algérie, le lieutenant Sedira.  Cependant, le comte Saint Aulaire, diplomate français à Tanger, juge insuffisante, la réoccupation française à la garnison marocaine. Le sultan Abdelaziz décida alors de la renforcer comme suit : un  capitaine français présidera à la réorganisation, secondé par trois sous-officiers algériens, quant au lieutenant Sedira, il sera chargé de la formation. 

Caprice du sultan ou jeu des influences européennes ? En effet, le délégué du sultan à Tanger, M Si Mohammed El Torrès, notifie le 19 décembre de la même année aux ministres de France, d’Italie et d’Angleterre que son souverain avait congédié tous les employés étrangers qu’il avait à Fez et à Tanger, par mesure d’économie, dit-il. Il était clair que la mission française était visée. La rupture paraissait plus que probable. Néanmoins, la France protesta énergiquement et le Makhzen revint sur sa décision. Avant de dire un mot sur les institutions françaises présentes au Maroc, nous dirons un autre sur l’attitude très peu élégante du sultan Abdelaziz envers la France.    

L’emprunt marocain de 62.000.000 de francs auprès des banques françaises, sur garantie de l’Etat français représentait une somme considérable, un véritable budget d’Etat. Au taux de change contemporain, il serait chiffré en plusieurs milliards d’euros. Il appartenait au sultan Abdelaziz d’être longtemps reconnaissant vers la France. Quiconque aurait bénéficié se devait d’en exprimer toute sa gratitude. Il apparait clairement que le sultan du Maroc n’exerçait pas pleinement sa souveraineté dans son Etat. Exerçait-il lui-même le pouvoir ou bien le Makhzen, cette armée mal définie où se cachaient les véritables décideurs entre amis de la monarchie et police politique. Ce peu d’élégance avait été de toujours une monnaie courante de cette vieille monarchie ô combien archaïque, dans une société semi primitive.

  Le bât blesse et il m’est douloureux de dire des vérités sur des nuisances qu’avait commises sur mon pays, l’Algérie. Pour rester seulement à notre époque contemporaine, le roi feu Hassan II nous imposait la guerre des sables en octobre 1963, juste quelques mois après notre indépendance le 5 juillet 1962. Imaginez une armée de libération nationale qui affrontait une armée classique mécanisée, équipée, lourdement armée pour conquérir Tindouf, une partie du Sahara. Il avait été battu et humilié. Notre armée repoussa ses troupes et conquit 20 km du territoire marocain du côté de Figuig. Hassan Ii reconnaitra plus tard qu’il ne pouvait pas vaincre une résistance. Nous avions fait la paix et avions ouvert durablement la frontière avec le Maroc. Les populations marocaines limitrophes et même au-delà s’approvisionnaient chez nous en noir et prenaient en quantités industrielles du sacre, du lait en poudre, cde l’huile, de la semoule, de la farine, du carburant à des prix subventionnés.

    Mon pays a aussi fait les frais du peu d’élégance de la monarchie marocaine en 1994, quand nous menions une guerre sans merci contre le terrorisme. Hassan II toute honte bue accueillait les terroristes à qui il avait offert une base arrière, leurs blessés étaient soignés dans ses hôpitaux publics, ils entraient et sortaient en Algérie comme ils voulaient, faisaient entrer des armes sophistiquées. Mon pays avait alors fermé la frontière à cette même date et depuis elle est toujours fermée. Malgré cela, sur le plan économique, les affaires marchaient. Alors, le Maroc prenait un milliard de m3 de gaz annuellement et plus de 650 millions de dollars, comme droit de transit sur le gazoduc vers l’Espagne. Plus encore, son pays était branché à notre réseau électrique qui lui assurait 30% de sa consommation totale. Que fait alors son successeur, Mohamed VI ? Son ambassadeur au Conseil de Sécurité distribua à tous les ambassadeurs un mémoire dans lequel il réclamait l’indépendance de la Kabylie. Alors mon pays ferma tout : les relations diplomatiques, le Gaz, l’électricité, l’espace aérien. Je voudrais juste signaler que la fermeture des frontières avec le Maroc et le gel de toutes les relations est une affaire de souveraineté qui appartient au Peuple et tout gouvernement algérien présent et à venir devra s’y soumettre.

Je m’excuse de cette digression et peut-être qu’elle est bénéfique pour une meilleure compréhension sur ce peu d’élégance dont est champion l’Etat marocain.

Dans le prochain article, nous parlerons des institutions françaises au Maroc préexistantes.          

 

[1] L’expression est dans le texte. 

En fait, il ne se passe rien qui puisse être signalé depuis 1903. Malgré les fournitures d’armes et de munitions, des approvisionnements pour ses troupes afin de combattre les rebelles. Cela ne l’avait pas empêché de contracter la même année un emprunt auprès de l’Espagne dont l’influence demeure plus moins agissante. L’an 1904, le Maroc avait dépensé les fonds avancés. Il nous faut juste signaler que l’Etat du Maroc vivait en permanence dans un déficit important structurel. Ses dépenses allaient couvrir le mode de vie extravagant du palais royal dont les souverains successifs entretenaient un Harem de plus de 300 concubines. Ce chiffre est ahurissant quand on sait qu’à notre époque, feu Hassan 2 possédait 300 concubines. Alors, qu’il ne dépensait rien pour l’intérêt général : ses infrastructures portuaires étaient nulles, ses manufactures inexistantes, son armée sous équipée à un niveau inférieur alarmant, ses troupes sans la moindre formation militaire, le seuil de la pauvreté à un niveau inférieur très alarmant, les vices battaient les records, des centaines de famille vivaient du commerce du kif, les filles de joie étaient légions. Par exemple, le sultan Moulay Ismail consommait sans retenue le Hachich. Voici un mode vie licencieux d’une dynastie qui se dit Chérifienne, sans jamais avoir apporté une preuve probante, sans présenter à qui le veut une généalogie authentique.

L’Etat du Maroc a dépensé les fonds avancés par l’Espagne et ses caisses sont vides. Il était très mal placé pour négocier un nouvel emprunt. De ce fait, il revint toute honte bue vers la France qui l’attendait patiemment et en toute confiance comme le plus redoutable chasseur. Le sultan Abdelaziz s’adressa à son « sûr et véritable ami[1] », la France. Il signa le 12 juin 1904 un emprunt avec un syndicat de banques françaises, pour un montant de 62 millions cinq-cents-mille francs, au taux d’intérêt de 50/0 et amortissable en 36 ans. C’était une somme faramineuse qui montrait du doigt au sultan où était la richesse pour atténuer la pauvreté du sultanat. Nous ne discuterons pas des clauses, qui sont trop techniques et ne présentent nullement un effet historique.

L’évolution des relations franco-marocaines va lentement, mais surement, sauf les caprices du souverain Abdelaziz par moments. A la fin du mois de juin 1904, le ministre des Affaires Etrangères du sultan Abdelaziz prévenait le consul général français à Tanger, M Saint-René Thaillandier, que le Makhzen entreprenait des aménagements à la Garnison, la pourvoir en quelques pièces d’artillerie et que l’instruction des artilleurs serait confiée à un officier français d’Algérie, le lieutenant Sedira.  Cependant, le comte Saint Aulaire, diplomate français à Tanger, juge insuffisante, la réoccupation française à la garnison marocaine. Le sultan Abdelaziz décida alors de la renforcer comme suit : un  capitaine français présidera à la réorganisation, secondé par trois sous-officiers algériens, quant au lieutenant Sedira, il sera chargé de la formation. 

Caprice du sultan ou jeu des influences européennes ? En effet, le délégué du sultan à Tanger, M Si Mohammed El Torrès, notifie le 19 décembre de la même année aux ministres de France, d’Italie et d’Angleterre que son souverain avait congédié tous les employés étrangers qu’il avait à Fez et à Tanger, par mesure d’économie, dit-il. Il était clair que la mission française était visée. La rupture paraissait plus que probable. Néanmoins, la France protesta énergiquement et le Makhzen revint sur sa décision. Avant de dire un mot sur les institutions françaises présentes au Maroc, nous dirons un autre sur l’attitude très peu élégante du sultan Abdelaziz envers la France.    

L’emprunt marocain de 62.000.000 de francs auprès des banques françaises, sur garantie de l’Etat français représentait une somme considérable, un véritable budget d’Etat. Au taux de change contemporain, il serait chiffré en plusieurs milliards d’euros. Il appartenait au sultan Abdelaziz d’être longtemps reconnaissant vers la France. Quiconque aurait bénéficié se devait d’en exprimer toute sa gratitude. Il apparait clairement que le sultan du Maroc n’exerçait pas pleinement sa souveraineté dans son Etat. Exerçait-il lui-même le pouvoir ou bien le Makhzen, cette armée mal définie où se cachaient les véritables décideurs entre amis de la monarchie et police politique. Ce peu d’élégance avait été de toujours une monnaie courante de cette vieille monarchie ô combien archaïque, dans une société semi primitive.

  Le bât blesse et il m’est douloureux de dire des vérités sur des nuisances qu’avait commises sur mon pays, l’Algérie. Pour rester seulement à notre époque contemporaine, le roi feu Hassan II nous imposait la guerre des sables en octobre 1963, juste quelques mois après notre indépendance le 5 juillet 1962. Imaginez une armée de libération nationale qui affrontait une armée classique mécanisée, équipée, lourdement armée pour conquérir Tindouf, une partie du Sahara. Il avait été battu et humilié. Notre armée repoussa ses troupes et conquit 20 km du territoire marocain du côté de Figuig. Hassan Ii reconnaitra plus tard qu’il ne pouvait pas vaincre une résistance. Nous avions fait la paix et avions ouvert durablement la frontière avec le Maroc. Les populations marocaines limitrophes et même au-delà s’approvisionnaient chez nous en noir et prenaient en quantités industrielles du sacre, du lait en poudre, cde l’huile, de la semoule, de la farine, du carburant à des prix subventionnés.

    Mon pays a aussi fait les frais du peu d’élégance de la monarchie marocaine en 1994, quand nous menions une guerre sans merci contre le terrorisme. Hassan II toute honte bue accueillait les terroristes à qui il avait offert une base arrière, leurs blessés étaient soignés dans ses hôpitaux publics, ils entraient et sortaient en Algérie comme ils voulaient, faisaient entrer des armes sophistiquées. Mon pays avait alors fermé la frontière à cette même date et depuis elle est toujours fermée. Malgré cela, sur le plan économique, les affaires marchaient. Alors, le Maroc prenait un milliard de m3 de gaz annuellement et plus de 650 millions de dollars, comme droit de transit sur le gazoduc vers l’Espagne. Plus encore, son pays était branché à notre réseau électrique qui lui assurait 30% de sa consommation totale. Que fait alors son successeur, Mohamed VI ? Son ambassadeur au Conseil de Sécurité distribua à tous les ambassadeurs un mémoire dans lequel il réclamait l’indépendance de la Kabylie. Alors mon pays ferma tout : les relations diplomatiques, le Gaz, l’électricité, l’espace aérien. Je voudrais juste signaler que la fermeture des frontières avec le Maroc et le gel de toutes les relations est une affaire de souveraineté qui appartient au Peuple et tout gouvernement algérien présent et à venir devra s’y soumettre.

Je m’excuse de cette digression et peut-être qu’elle est bénéfique pour une meilleure compréhension sur ce peu d’élégance dont est champion l’Etat marocain.

Dans le prochain article, nous parlerons des institutions françaises au Maroc préexistantes.          

 

[1] L’expression est dans le texte. 

En fait, il ne se passe rien qui puisse être signalé depuis 1903. Malgré les fournitures d’armes et de munitions, des approvisionnements pour ses troupes afin de combattre les rebelles. Cela ne l’avait pas empêché de contracter la même année un emprunt auprès de l’Espagne dont l’influence demeure plus moins agissante. L’an 1904, le Maroc avait dépensé les fonds avancés. Il nous faut juste signaler que l’Etat du Maroc vivait en permanence dans un déficit important structurel. Ses dépenses allaient couvrir le mode de vie extravagant du palais royal dont les souverains successifs entretenaient un Harem de plus de 300 concubines. Ce chiffre est ahurissant quand on sait qu’à notre époque, feu Hassan 2 possédait 300 concubines. Alors, qu’il ne dépensait rien pour l’intérêt général : ses infrastructures portuaires étaient nulles, ses manufactures inexistantes, son armée sous équipée à un niveau inférieur alarmant, ses troupes sans la moindre formation militaire, le seuil de la pauvreté à un niveau inférieur très alarmant, les vices battaient les records, des centaines de famille vivaient du commerce du kif, les filles de joie étaient légions. Par exemple, le sultan Moulay Ismail consommait sans retenue le Hachich. Voici un mode vie licencieux d’une dynastie qui se dit Chérifienne, sans jamais avoir apporté une preuve probante, sans présenter à qui le veut une généalogie authentique.

L’Etat du Maroc a dépensé les fonds avancés par l’Espagne et ses caisses sont vides. Il était très mal placé pour négocier un nouvel emprunt. De ce fait, il revint toute honte bue vers la France qui l’attendait patiemment et en toute confiance comme le plus redoutable chasseur. Le sultan Abdelaziz s’adressa à son « sûr et véritable ami[1] », la France. Il signa le 12 juin 1904 un emprunt avec un syndicat de banques françaises, pour un montant de 62 millions cinq-cents-mille francs, au taux d’intérêt de 50/0 et amortissable en 36 ans. C’était une somme faramineuse qui montrait du doigt au sultan où était la richesse pour atténuer la pauvreté du sultanat. Nous ne discuterons pas des clauses, qui sont trop techniques et ne présentent nullement un effet historique.

L’évolution des relations franco-marocaines va lentement, mais surement, sauf les caprices du souverain Abdelaziz par moments. A la fin du mois de juin 1904, le ministre des Affaires Etrangères du sultan Abdelaziz prévenait le consul général français à Tanger, M Saint-René Thaillandier, que le Makhzen entreprenait des aménagements à la Garnison, la pourvoir en quelques pièces d’artillerie et que l’instruction des artilleurs serait confiée à un officier français d’Algérie, le lieutenant Sedira.  Cependant, le comte Saint Aulaire, diplomate français à Tanger, juge insuffisante, la réoccupation française à la garnison marocaine. Le sultan Abdelaziz décida alors de la renforcer comme suit : un  capitaine français présidera à la réorganisation, secondé par trois sous-officiers algériens, quant au lieutenant Sedira, il sera chargé de la formation. 

Caprice du sultan ou jeu des influences européennes ? En effet, le délégué du sultan à Tanger, M Si Mohammed El Torrès, notifie le 19 décembre de la même année aux ministres de France, d’Italie et d’Angleterre que son souverain avait congédié tous les employés étrangers qu’il avait à Fez et à Tanger, par mesure d’économie, dit-il. Il était clair que la mission française était visée. La rupture paraissait plus que probable. Néanmoins, la France protesta énergiquement et le Makhzen revint sur sa décision. Avant de dire un mot sur les institutions françaises présentes au Maroc, nous dirons un autre sur l’attitude très peu élégante du sultan Abdelaziz envers la France.    

L’emprunt marocain de 62.000.000 de francs auprès des banques françaises, sur garantie de l’Etat français représentait une somme considérable, un véritable budget d’Etat. Au taux de change contemporain, il serait chiffré en plusieurs milliards d’euros. Il appartenait au sultan Abdelaziz d’être longtemps reconnaissant vers la France. Quiconque aurait bénéficié se devait d’en exprimer toute sa gratitude. Il apparait clairement que le sultan du Maroc n’exerçait pas pleinement sa souveraineté dans son Etat. Exerçait-il lui-même le pouvoir ou bien le Makhzen, cette armée mal définie où se cachaient les véritables décideurs entre amis de la monarchie et police politique. Ce peu d’élégance avait été de toujours une monnaie courante de cette vieille monarchie ô combien archaïque, dans une société semi primitive.

  Le bât blesse et il m’est douloureux de dire des vérités sur des nuisances qu’avait commises sur mon pays, l’Algérie. Pour rester seulement à notre époque contemporaine, le roi feu Hassan II nous imposait la guerre des sables en octobre 1963, juste quelques mois après notre indépendance le 5 juillet 1962. Imaginez une armée de libération nationale qui affrontait une armée classique mécanisée, équipée, lourdement armée pour conquérir Tindouf, une partie du Sahara. Il avait été battu et humilié. Notre armée repoussa ses troupes et conquit 20 km du territoire marocain du côté de Figuig. Hassan Ii reconnaitra plus tard qu’il ne pouvait pas vaincre une résistance. Nous avions fait la paix et avions ouvert durablement la frontière avec le Maroc. Les populations marocaines limitrophes et même au-delà s’approvisionnaient chez nous en noir et prenaient en quantités industrielles du sacre, du lait en poudre, cde l’huile, de la semoule, de la farine, du carburant à des prix subventionnés.

    Mon pays a aussi fait les frais du peu d’élégance de la monarchie marocaine en 1994, quand nous menions une guerre sans merci contre le terrorisme. Hassan II toute honte bue accueillait les terroristes à qui il avait offert une base arrière, leurs blessés étaient soignés dans ses hôpitaux publics, ils entraient et sortaient en Algérie comme ils voulaient, faisaient entrer des armes sophistiquées. Mon pays avait alors fermé la frontière à cette même date et depuis elle est toujours fermée. Malgré cela, sur le plan économique, les affaires marchaient. Alors, le Maroc prenait un milliard de m3 de gaz annuellement et plus de 650 millions de dollars, comme droit de transit sur le gazoduc vers l’Espagne. Plus encore, son pays était branché à notre réseau électrique qui lui assurait 30% de sa consommation totale. Que fait alors son successeur, Mohamed VI ? Son ambassadeur au Conseil de Sécurité distribua à tous les ambassadeurs un mémoire dans lequel il réclamait l’indépendance de la Kabylie. Alors mon pays ferma tout : les relations diplomatiques, le Gaz, l’électricité, l’espace aérien. Je voudrais juste signaler que la fermeture des frontières avec le Maroc et le gel de toutes les relations est une affaire de souveraineté qui appartient au Peuple et tout gouvernement algérien présent et à venir devra s’y soumettre.

Je m’excuse de cette digression et peut-être qu’elle est bénéfique pour une meilleure compréhension sur ce peu d’élégance dont est champion l’Etat marocain.

Dans le prochain article, nous parlerons des institutions françaises au Maroc préexistantes.          

 

[1] L’expression est dans le texte. 

En fait, il ne se passe rien qui puisse être signalé depuis 1903. Malgré les fournitures d’armes et de munitions, des approvisionnements pour ses troupes afin de combattre les rebelles. Cela ne l’avait pas empêché de contracter la même année un emprunt auprès de l’Espagne dont l’influence demeure plus moins agissante. L’an 1904, le Maroc avait dépensé les fonds avancés. Il nous faut juste signaler que l’Etat du Maroc vivait en permanence dans un déficit important structurel. Ses dépenses allaient couvrir le mode de vie extravagant du palais royal dont les souverains successifs entretenaient un Harem de plus de 300 concubines. Ce chiffre est ahurissant quand on sait qu’à notre époque, feu Hassan 2 possédait 300 concubines. Alors, qu’il ne dépensait rien pour l’intérêt général : ses infrastructures portuaires étaient nulles, ses manufactures inexistantes, son armée sous équipée à un niveau inférieur alarmant, ses troupes sans la moindre formation militaire, le seuil de la pauvreté à un niveau inférieur très alarmant, les vices battaient les records, des centaines de famille vivaient du commerce du kif, les filles de joie étaient légions. Par exemple, le sultan Moulay Ismail consommait sans retenue le Hachich. Voici un mode vie licencieux d’une dynastie qui se dit Chérifienne, sans jamais avoir apporté une preuve probante, sans présenter à qui le veut une généalogie authentique.

L’Etat du Maroc a dépensé les fonds avancés par l’Espagne et ses caisses sont vides. Il était très mal placé pour négocier un nouvel emprunt. De ce fait, il revint toute honte bue vers la France qui l’attendait patiemment et en toute confiance comme le plus redoutable chasseur. Le sultan Abdelaziz s’adressa à son « sûr et véritable ami[1] », la France. Il signa le 12 juin 1904 un emprunt avec un syndicat de banques françaises, pour un montant de 62 millions cinq-cents-mille francs, au taux d’intérêt de 50/0 et amortissable en 36 ans. C’était une somme faramineuse qui montrait du doigt au sultan où était la richesse pour atténuer la pauvreté du sultanat. Nous ne discuterons pas des clauses, qui sont trop techniques et ne présentent nullement un effet historique.

L’évolution des relations franco-marocaines va lentement, mais surement, sauf les caprices du souverain Abdelaziz par moments. A la fin du mois de juin 1904, le ministre des Affaires Etrangères du sultan Abdelaziz prévenait le consul général français à Tanger, M Saint-René Thaillandier, que le Makhzen entreprenait des aménagements à la Garnison, la pourvoir en quelques pièces d’artillerie et que l’instruction des artilleurs serait confiée à un officier français d’Algérie, le lieutenant Sedira.  Cependant, le comte Saint Aulaire, diplomate français à Tanger, juge insuffisante, la réoccupation française à la garnison marocaine. Le sultan Abdelaziz décida alors de la renforcer comme suit : un  capitaine français présidera à la réorganisation, secondé par trois sous-officiers algériens, quant au lieutenant Sedira, il sera chargé de la formation. 

Caprice du sultan ou jeu des influences européennes ? En effet, le délégué du sultan à Tanger, M Si Mohammed El Torrès, notifie le 19 décembre de la même année aux ministres de France, d’Italie et d’Angleterre que son souverain avait congédié tous les employés étrangers qu’il avait à Fez et à Tanger, par mesure d’économie, dit-il. Il était clair que la mission française était visée. La rupture paraissait plus que probable. Néanmoins, la France protesta énergiquement et le Makhzen revint sur sa décision. Avant de dire un mot sur les institutions françaises présentes au Maroc, nous dirons un autre sur l’attitude très peu élégante du sultan Abdelaziz envers la France.    

L’emprunt marocain de 62.000.000 de francs auprès des banques françaises, sur garantie de l’Etat français représentait une somme considérable, un véritable budget d’Etat. Au taux de change contemporain, il serait chiffré en plusieurs milliards d’euros. Il appartenait au sultan Abdelaziz d’être longtemps reconnaissant vers la France. Quiconque aurait bénéficié se devait d’en exprimer toute sa gratitude. Il apparait clairement que le sultan du Maroc n’exerçait pas pleinement sa souveraineté dans son Etat. Exerçait-il lui-même le pouvoir ou bien le Makhzen, cette armée mal définie où se cachaient les véritables décideurs entre amis de la monarchie et police politique. Ce peu d’élégance avait été de toujours une monnaie courante de cette vieille monarchie ô combien archaïque, dans une société semi primitive.

  Le bât blesse et il m’est douloureux de dire des vérités sur des nuisances qu’avait commises sur mon pays, l’Algérie. Pour rester seulement à notre époque contemporaine, le roi feu Hassan II nous imposait la guerre des sables en octobre 1963, juste quelques mois après notre indépendance le 5 juillet 1962. Imaginez une armée de libération nationale qui affrontait une armée classique mécanisée, équipée, lourdement armée pour conquérir Tindouf, une partie du Sahara. Il avait été battu et humilié. Notre armée repoussa ses troupes et conquit 20 km du territoire marocain du côté de Figuig. Hassan Ii reconnaitra plus tard qu’il ne pouvait pas vaincre une résistance. Nous avions fait la paix et avions ouvert durablement la frontière avec le Maroc. Les populations marocaines limitrophes et même au-delà s’approvisionnaient chez nous en noir et prenaient en quantités industrielles du sacre, du lait en poudre, cde l’huile, de la semoule, de la farine, du carburant à des prix subventionnés.

    Mon pays a aussi fait les frais du peu d’élégance de la monarchie marocaine en 1994, quand nous menions une guerre sans merci contre le terrorisme. Hassan II toute honte bue accueillait les terroristes à qui il avait offert une base arrière, leurs blessés étaient soignés dans ses hôpitaux publics, ils entraient et sortaient en Algérie comme ils voulaient, faisaient entrer des armes sophistiquées. Mon pays avait alors fermé la frontière à cette même date et depuis elle est toujours fermée. Malgré cela, sur le plan économique, les affaires marchaient. Alors, le Maroc prenait un milliard de m3 de gaz annuellement et plus de 650 millions de dollars, comme droit de transit sur le gazoduc vers l’Espagne. Plus encore, son pays était branché à notre réseau électrique qui lui assurait 30% de sa consommation totale. Que fait alors son successeur, Mohamed VI ? Son ambassadeur au Conseil de Sécurité distribua à tous les ambassadeurs un mémoire dans lequel il réclamait l’indépendance de la Kabylie. Alors mon pays ferma tout : les relations diplomatiques, le Gaz, l’électricité, l’espace aérien. Je voudrais juste signaler que la fermeture des frontières avec le Maroc et le gel de toutes les relations est une affaire de souveraineté qui appartient au Peuple et tout gouvernement algérien présent et à venir devra s’y soumettre.

Je m’excuse de cette digression et peut-être qu’elle est bénéfique pour une meilleure compréhension sur ce peu d’élégance dont est champion l’Etat marocain.

Dans le prochain article, nous parlerons des institutions françaises au Maroc préexistantes.          

 

[1] L’expression est dans le texte. 

En fait, il ne se passe rien qui puisse être signalé depuis 1903. Malgré les fournitures d’armes et de munitions, des approvisionnements pour ses troupes afin de combattre les rebelles. Cela ne l’avait pas empêché de contracter la même année un emprunt auprès de l’Espagne dont l’influence demeure plus moins agissante. L’an 1904, le Maroc avait dépensé les fonds avancés. Il nous faut juste signaler que l’Etat du Maroc vivait en permanence dans un déficit important structurel. Ses dépenses allaient couvrir le mode de vie extravagant du palais royal dont les souverains successifs entretenaient un Harem de plus de 300 concubines. Ce chiffre est ahurissant quand on sait qu’à notre époque, feu Hassan 2 possédait 300 concubines. Alors, qu’il ne dépensait rien pour l’intérêt général : ses infrastructures portuaires étaient nulles, ses manufactures inexistantes, son armée sous équipée à un niveau inférieur alarmant, ses troupes sans la moindre formation militaire, le seuil de la pauvreté à un niveau inférieur très alarmant, les vices battaient les records, des centaines de famille vivaient du commerce du kif, les filles de joie étaient légions. Par exemple, le sultan Moulay Ismail consommait sans retenue le Hachich. Voici un mode vie licencieux d’une dynastie qui se dit Chérifienne, sans jamais avoir apporté une preuve probante, sans présenter à qui le veut une généalogie authentique.

L’Etat du Maroc a dépensé les fonds avancés par l’Espagne et ses caisses sont vides. Il était très mal placé pour négocier un nouvel emprunt. De ce fait, il revint toute honte bue vers la France qui l’attendait patiemment et en toute confiance comme le plus redoutable chasseur. Le sultan Abdelaziz s’adressa à son « sûr et véritable ami[1] », la France. Il signa le 12 juin 1904 un emprunt avec un syndicat de banques françaises, pour un montant de 62 millions cinq-cents-mille francs, au taux d’intérêt de 50/0 et amortissable en 36 ans. C’était une somme faramineuse qui montrait du doigt au sultan où était la richesse pour atténuer la pauvreté du sultanat. Nous ne discuterons pas des clauses, qui sont trop techniques et ne présentent nullement un effet historique.

L’évolution des relations franco-marocaines va lentement, mais surement, sauf les caprices du souverain Abdelaziz par moments. A la fin du mois de juin 1904, le ministre des Affaires Etrangères du sultan Abdelaziz prévenait le consul général français à Tanger, M Saint-René Thaillandier, que le Makhzen entreprenait des aménagements à la Garnison, la pourvoir en quelques pièces d’artillerie et que l’instruction des artilleurs serait confiée à un officier français d’Algérie, le lieutenant Sedira.  Cependant, le comte Saint Aulaire, diplomate français à Tanger, juge insuffisante, la réoccupation française à la garnison marocaine. Le sultan Abdelaziz décida alors de la renforcer comme suit : un  capitaine français présidera à la réorganisation, secondé par trois sous-officiers algériens, quant au lieutenant Sedira, il sera chargé de la formation. 

Caprice du sultan ou jeu des influences européennes ? En effet, le délégué du sultan à Tanger, M Si Mohammed El Torrès, notifie le 19 décembre de la même année aux ministres de France, d’Italie et d’Angleterre que son souverain avait congédié tous les employés étrangers qu’il avait à Fez et à Tanger, par mesure d’économie, dit-il. Il était clair que la mission française était visée. La rupture paraissait plus que probable. Néanmoins, la France protesta énergiquement et le Makhzen revint sur sa décision. Avant de dire un mot sur les institutions françaises présentes au Maroc, nous dirons un autre sur l’attitude très peu élégante du sultan Abdelaziz envers la France.    

L’emprunt marocain de 62.000.000 de francs auprès des banques françaises, sur garantie de l’Etat français représentait une somme considérable, un véritable budget d’Etat. Au taux de change contemporain, il serait chiffré en plusieurs milliards d’euros. Il appartenait au sultan Abdelaziz d’être longtemps reconnaissant vers la France. Quiconque aurait bénéficié se devait d’en exprimer toute sa gratitude. Il apparait clairement que le sultan du Maroc n’exerçait pas pleinement sa souveraineté dans son Etat. Exerçait-il lui-même le pouvoir ou bien le Makhzen, cette armée mal définie où se cachaient les véritables décideurs entre amis de la monarchie et police politique. Ce peu d’élégance avait été de toujours une monnaie courante de cette vieille monarchie ô combien archaïque, dans une société semi primitive.

  Le bât blesse et il m’est douloureux de dire des vérités sur des nuisances qu’avait commises sur mon pays, l’Algérie. Pour rester seulement à notre époque contemporaine, le roi feu Hassan II nous imposait la guerre des sables en octobre 1963, juste quelques mois après notre indépendance le 5 juillet 1962. Imaginez une armée de libération nationale qui affrontait une armée classique mécanisée, équipée, lourdement armée pour conquérir Tindouf, une partie du Sahara. Il avait été battu et humilié. Notre armée repoussa ses troupes et conquit 20 km du territoire marocain du côté de Figuig. Hassan Ii reconnaitra plus tard qu’il ne pouvait pas vaincre une résistance. Nous avions fait la paix et avions ouvert durablement la frontière avec le Maroc. Les populations marocaines limitrophes et même au-delà s’approvisionnaient chez nous en noir et prenaient en quantités industrielles du sacre, du lait en poudre, cde l’huile, de la semoule, de la farine, du carburant à des prix subventionnés.

    Mon pays a aussi fait les frais du peu d’élégance de la monarchie marocaine en 1994, quand nous menions une guerre sans merci contre le terrorisme. Hassan II toute honte bue accueillait les terroristes à qui il avait offert une base arrière, leurs blessés étaient soignés dans ses hôpitaux publics, ils entraient et sortaient en Algérie comme ils voulaient, faisaient entrer des armes sophistiquées. Mon pays avait alors fermé la frontière à cette même date et depuis elle est toujours fermée. Malgré cela, sur le plan économique, les affaires marchaient. Alors, le Maroc prenait un milliard de m3 de gaz annuellement et plus de 650 millions de dollars, comme droit de transit sur le gazoduc vers l’Espagne. Plus encore, son pays était branché à notre réseau électrique qui lui assurait 30% de sa consommation totale. Que fait alors son successeur, Mohamed VI ? Son ambassadeur au Conseil de Sécurité distribua à tous les ambassadeurs un mémoire dans lequel il réclamait l’indépendance de la Kabylie. Alors mon pays ferma tout : les relations diplomatiques, le Gaz, l’électricité, l’espace aérien. Je voudrais juste signaler que la fermeture des frontières avec le Maroc et le gel de toutes les relations est une affaire de souveraineté qui appartient au Peuple et tout gouvernement algérien présent et à venir devra s’y soumettre.

Je m’excuse de cette digression et peut-être qu’elle est bénéfique pour une meilleure compréhension sur ce peu d’élégance dont est champion l’Etat marocain.

Dans le prochain article, nous parlerons des institutions françaises au Maroc préexistantes.          

 

[1] L’expression est dans le texte. 

En fait, il ne se passe rien qui puisse être signalé depuis 1903. Malgré les fournitures d’armes et de munitions, des approvisionnements pour ses troupes afin de combattre les rebelles. Cela ne l’avait pas empêché de contracter la même année un emprunt auprès de l’Espagne dont l’influence demeure plus moins agissante. L’an 1904, le Maroc avait dépensé les fonds avancés. Il nous faut juste signaler que l’Etat du Maroc vivait en permanence dans un déficit important structurel. Ses dépenses allaient couvrir le mode de vie extravagant du palais royal dont les souverains successifs entretenaient un Harem de plus de 300 concubines. Ce chiffre est ahurissant quand on sait qu’à notre époque, feu Hassan 2 possédait 300 concubines. Alors, qu’il ne dépensait rien pour l’intérêt général : ses infrastructures portuaires étaient nulles, ses manufactures inexistantes, son armée sous équipée à un niveau inférieur alarmant, ses troupes sans la moindre formation militaire, le seuil de la pauvreté à un niveau inférieur très alarmant, les vices battaient les records, des centaines de famille vivaient du commerce du kif, les filles de joie étaient légions. Par exemple, le sultan Moulay Ismail consommait sans retenue le Hachich. Voici un mode vie licencieux d’une dynastie qui se dit Chérifienne, sans jamais avoir apporté une preuve probante, sans présenter à qui le veut une généalogie authentique.

L’Etat du Maroc a dépensé les fonds avancés par l’Espagne et ses caisses sont vides. Il était très mal placé pour négocier un nouvel emprunt. De ce fait, il revint toute honte bue vers la France qui l’attendait patiemment et en toute confiance comme le plus redoutable chasseur. Le sultan Abdelaziz s’adressa à son « sûr et véritable ami[1] », la France. Il signa le 12 juin 1904 un emprunt avec un syndicat de banques françaises, pour un montant de 62 millions cinq-cents-mille francs, au taux d’intérêt de 50/0 et amortissable en 36 ans. C’était une somme faramineuse qui montrait du doigt au sultan où était la richesse pour atténuer la pauvreté du sultanat. Nous ne discuterons pas des clauses, qui sont trop techniques et ne présentent nullement un effet historique.

L’évolution des relations franco-marocaines va lentement, mais surement, sauf les caprices du souverain Abdelaziz par moments. A la fin du mois de juin 1904, le ministre des Affaires Etrangères du sultan Abdelaziz prévenait le consul général français à Tanger, M Saint-René Thaillandier, que le Makhzen entreprenait des aménagements à la Garnison, la pourvoir en quelques pièces d’artillerie et que l’instruction des artilleurs serait confiée à un officier français d’Algérie, le lieutenant Sedira.  Cependant, le comte Saint Aulaire, diplomate français à Tanger, juge insuffisante, la réoccupation française à la garnison marocaine. Le sultan Abdelaziz décida alors de la renforcer comme suit : un  capitaine français présidera à la réorganisation, secondé par trois sous-officiers algériens, quant au lieutenant Sedira, il sera chargé de la formation. 

Caprice du sultan ou jeu des influences européennes ? En effet, le délégué du sultan à Tanger, M Si Mohammed El Torrès, notifie le 19 décembre de la même année aux ministres de France, d’Italie et d’Angleterre que son souverain avait congédié tous les employés étrangers qu’il avait à Fez et à Tanger, par mesure d’économie, dit-il. Il était clair que la mission française était visée. La rupture paraissait plus que probable. Néanmoins, la France protesta énergiquement et le Makhzen revint sur sa décision. Avant de dire un mot sur les institutions françaises présentes au Maroc, nous dirons un autre sur l’attitude très peu élégante du sultan Abdelaziz envers la France.    

L’emprunt marocain de 62.000.000 de francs auprès des banques françaises, sur garantie de l’Etat français représentait une somme considérable, un véritable budget d’Etat. Au taux de change contemporain, il serait chiffré en plusieurs milliards d’euros. Il appartenait au sultan Abdelaziz d’être longtemps reconnaissant vers la France. Quiconque aurait bénéficié se devait d’en exprimer toute sa gratitude. Il apparait clairement que le sultan du Maroc n’exerçait pas pleinement sa souveraineté dans son Etat. Exerçait-il lui-même le pouvoir ou bien le Makhzen, cette armée mal définie où se cachaient les véritables décideurs entre amis de la monarchie et police politique. Ce peu d’élégance avait été de toujours une monnaie courante de cette vieille monarchie ô combien archaïque, dans une société semi primitive.

  Le bât blesse et il m’est douloureux de dire des vérités sur des nuisances qu’avait commises sur mon pays, l’Algérie. Pour rester seulement à notre époque contemporaine, le roi feu Hassan II nous imposait la guerre des sables en octobre 1963, juste quelques mois après notre indépendance le 5 juillet 1962. Imaginez une armée de libération nationale qui affrontait une armée classique mécanisée, équipée, lourdement armée pour conquérir Tindouf, une partie du Sahara. Il avait été battu et humilié. Notre armée repoussa ses troupes et conquit 20 km du territoire marocain du côté de Figuig. Hassan Ii reconnaitra plus tard qu’il ne pouvait pas vaincre une résistance. Nous avions fait la paix et avions ouvert durablement la frontière avec le Maroc. Les populations marocaines limitrophes et même au-delà s’approvisionnaient chez nous en noir et prenaient en quantités industrielles du sacre, du lait en poudre, cde l’huile, de la semoule, de la farine, du carburant à des prix subventionnés.

    Mon pays a aussi fait les frais du peu d’élégance de la monarchie marocaine en 1994, quand nous menions une guerre sans merci contre le terrorisme. Hassan II toute honte bue accueillait les terroristes à qui il avait offert une base arrière, leurs blessés étaient soignés dans ses hôpitaux publics, ils entraient et sortaient en Algérie comme ils voulaient, faisaient entrer des armes sophistiquées. Mon pays avait alors fermé la frontière à cette même date et depuis elle est toujours fermée. Malgré cela, sur le plan économique, les affaires marchaient. Alors, le Maroc prenait un milliard de m3 de gaz annuellement et plus de 650 millions de dollars, comme droit de transit sur le gazoduc vers l’Espagne. Plus encore, son pays était branché à notre réseau électrique qui lui assurait 30% de sa consommation totale. Que fait alors son successeur, Mohamed VI ? Son ambassadeur au Conseil de Sécurité distribua à tous les ambassadeurs un mémoire dans lequel il réclamait l’indépendance de la Kabylie. Alors mon pays ferma tout : les relations diplomatiques, le Gaz, l’électricité, l’espace aérien. Je voudrais juste signaler que la fermeture des frontières avec le Maroc et le gel de toutes les relations est une affaire de souveraineté qui appartient au Peuple et tout gouvernement algérien présent et à venir devra s’y soumettre.

Je m’excuse de cette digression et peut-être qu’elle est bénéfique pour une meilleure compréhension sur ce peu d’élégance dont est champion l’Etat marocain.

Dans le prochain article, nous parlerons des institutions françaises au Maroc préexistantes.          

 

[1] L’expression est dans le texte. 

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