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la plus ancienne mosquée de Tlemcen ahmed bencherif
Aux origines de Tlemcen
Tlemcen est situé à l’extrême Nord-Ouest du Moghreb Aoussat, en Afrique-du-Nord, qui sera plus tard dénommé l’Occident musulman par les Arabes. Elle se dresse majestueuse et défiante dans son environnement, en zones montagneuses avec ses propres vallons, plaines et vallées. Les ouvrages consultés, nombreux en eux-mêmes, n’avaient pas révélé de traces sur la préhistoire. En effet, aucune gravure rupestre n’avait été signalée par un quelconque anthropologue ni même un archéologue.
Les données littéraires sur Pomaria sont rares et éparses. Cet inconvénient majeur bloque les efforts de recherche. C’est ainsi que nous n’avons pas pu accéder à des données sur ses rapports en tant qu’agglomération au cours de la période de la Numidie Occidentale, c’est-à-dire le royaume des Massayssils de Sypahx, plus de 200 avant notre ère. Néanmoins, le passage des Phéniciens et des Carthaginois est cependant attesté. En effet, le port de Honeine est de création phénicienne, le nom même d’Agadir est phénicien et signifie : Rocher.
Période romaine
Pomaria s’étendait à l’Est de l’actuelle Tlemcen, Tagrart. Elle était une ville garnison et jouait un rôle stratégique à l’époque romaine. Les corps de cavaliers surveillaient les populations soumises ou hostiles. Ils étaient dénommés les (Exploratores) dont les mêmes unités existaient en Germanie, au Danube et en Bretagne. Il existait cependant un seul en Afrique, c’était celui de Pomaria. Deux stèles votives datant de Sévère Alexandre, l’autre de Gordien, mentionnaient les chefs de l’ala exploratorum. Ces commandants de corps vénéraient le Dieu Aulisva. Les cavaliers étaient recrutés parmi la population locale, c’est-à-dire berbère.
Une épitaphe chrétienne date de 417 de notre ère. Elle est postérieure d’un siècle à l’édit de Constantin qui fit du christianisme la religion de l’Empire romain. Nombreuses sont les épitaphes chrétiennes qui remontent au cinquième et au sixième siècle dans les confins de l’Oranie.
Quant à la religion chrétienne, la littérature est trop insignifiante pour affirmer que le christianisme était la religion de ses habitants. Une épitaphe a été retrouvée cependant en 651, donc seulement quelques années avant son islamisation.
En outre, les édifices religieux ne semblent pas avoir existé, tel que le cimetière ou la chapelle. Cependant, l’abbé Bargès affirme le contraire dans son livre ‘ la perle du Maghreb ’. Ses assertions sont en contradiction avec l’histoire et le patrimoine matériel :
- Les Romains interdisaient les deux religions juive et chrétienne dont ils persécutaient les pratiquants qu’ils chassaient même. C’était le cas de l’exode des 3.000 Juifs qui avaient fui la Palestine pour se rendre à Adrar en 170 de notre ère. Cette interdiction était exécutoire dans toutes leurs colonies du bassin méditerranéen nord, le Nord de l’Afrique et même en Orient. Signalons toutefois que rares les Berbères qui pratiquaient l’une ou l’autre. En effet, ils restaient païens. Ce n’est qu’en 330 de notre ère que les trois Empereurs de Rome avaient rendu un Edit qui autorisait la pratique de la religion. Après cette date, les Berbères continuaient à pratiquer leur culte en cachette dans leurs propres maisonnettes.
- Comme je l’ai cité plus haut, les fouilles qui avaient été entreprises à Pomaria n’avaient pas révélé l’existence de chapelle ou de synagogue ni de cimetière chrétien ou juif.
L’argumentaire développé ci-dessus nous montre bien que les deux premières religions révélées n’avaient pas été embrassées par les Berbères qui restèrent attachés à leur propre culte païen. Cette thèse met également à nu deux légendes, citées toujours par l’abbé Bargès :
-. Moise, le prophète, rencontra le saint, El Khodeir, en Palestine, le pays des Philistins à l’origine, et lui avait demandé de l’accompagner dans son périple et obtint l’accord. Ils quittèrent la Palestine, parcoururent des milliers de km et seraient arrivés au site primitif de Pomaria ou Agadir. Sidna El Khodeir aurait trouvé une muraille en ruines et il l’aurait reconstruite. Cette même muraille aurait été dénommée El Jeddar, ou Egadar. Selon des explications, El Gadar signifie le Rocher en Phénicien. Effectivement, le rocher qui domine la plaine existe. L’assertion du périple de Moise et d’El Khodeir ne repose sur aucun fondement. Nous sommes dans la légende brute. Ni sa date ni son auteur ne sont connus. Généralement les légendes reposent sur un fait vraisemblable que l’on ne trouve pas dans celle-là.
-. La deuxième légende nous dit que le prophète Salomon serait venu au site en question. Là encore, il n’existe aucune preuve.
Les deux légendes ne sont pas partagées par les autres auteurs que j’ai pu consulter. Ben Khaldoun les réfute carrément et dit que Moise n’avait jamais quitté l’Orient. On demeure dans l’infertilité de l’imaginaire. Apparemment, le nom El Jeddar, devenu Agadir, serait postérieur à Pomaria. De Nouvelles fouilles permettraient de savoir plus sur ce patrimoine.
Agadir est le berceau de Tlemcen, élevée sur les ruines de Pomaria, point secondaire sous les Romains, davantage installés à Lalla Maghnia, Nedroma, Ouchda, situés dans la partie occidentale bogudéenne, plus tard Maurétanie Césarienne. Son nom était gravé sur un banc de la cour du beylik, d’Aulisva, nom de cette ville et du préfet Flavius Cassanius.
La pierre sculptée en latin, nous dit l’abbé Bargès, est un autel destiné au Dieu Aulisva par Flavius Caussianus, préfet d’une aile de cavalerie sous le règne de Gordien III 238-244 et portant le titre de : Exploratorums Pomarensiens. C’est un escadron pour surveiller les routes militaires et les Berbères soumis ou hostiles. Cette pierre est à l’époque de l’empereur Alexandre Sévères)
Rome ne s’était pas occupée à adopter une religion révélée quelconque, le judaïsme ou le christianisme. Ses citoyens vénéraient leurs propres dieux, d’ailleurs comme les Berbères. Ce n’est qu’en 330 de notre ère que les trois Empereurs adoptèrent le christianisme comme religion d’Etat. En effet, une épitaphe chrétienne, qui date de 417 de notre ère, atteste une christianisation limitée même parmi les citoyens romains à Pomaria. Cette épitaphe était postérieure d’un siècle à l’édit de Constantin qui fit du christianisme la religion de l’Empire romain. Les Berbères de la région vénéraient le dieu AULISUA, c’était le cas à Pomaria et Ain Khial.
Le camp
Les soldats étaient recrutés dans le pays numide orientale ou occidentale, parmi les populations berbères. La ville de Pomaria existait déjà au 3° siècle de notre ère et abritait sa propre garnison. Cette caserne était dotée d’un service de renseignement et d’un poste d’observation. C’était un carrefour de routes militaires. Deux voies la reliaient à la côte, l’une par Albulac AinTémouchent, menant au port de Mers El Kebir futur, l’autre, à Siga l’ancienne capitale de Syphax. La troisième passait par Pomaria d’Est en Ouest. Elle constituait le boulevard de l’Afrique romaine, tel qu’il était baptisé par l’Empire romain. Pomaria était l’avant-poste pour les troupes en armes qui se dirigeaient vers le Maroc ou la Maurétanie Gingitane. Le camp ressemblait à celui de Maghnia, Nédromah et d’Ouchda dont les ruines sont apparentes en quelques endroits. La garnison de Pomaria comptait mille cavaliers.
ALA : ce terme désignait, sous la République, les cavaliers placés aux flancs de la légion pour la protéger, composés de citoyens, puis sous l’empereur César, il est composé d’étrangers. Sous l’Empire, ce mot désigna les auxiliaires recrutés volontairement localement. L’uniforme des cavaliers auxiliaires se composait d’une tunique, d’une culote descendant plus bas que le genou, les deux en cuir, et d’un plastron de cuir. L’armure du soldat était formée par le bouclier en bois recouvert de cuir, le casque de métal, le long sabre, la lance oblongue, l’arc. Quant au cheval, c’était un barbe.
Les archers étaient eux aussi montés.
Près de Pomaria, il existait un autre camp, dit Ain Khial, lequel était situé à dix-sept km au sud d’Ain-Temouchent, c’est-à-dire aux environ de Remchi actuel. C’était une garnison de COHORETES, c’est-à-dire des soldats de l’infanterie.
Pomaria et Ain Khial relevaient de l’autorité de la province romaine Césarée, l’actuel Cherchell. Elle était gouvernée par le PROCURATOR, sorte de gouverneur général. Il détendait tous les pouvoirs civils et militaires et représentait l’empereur.
Le LIMES
Le LIMES est construit sous le règne de Sévère Alexandre en l’an 227 de notre ère et dont les ingénieurs s’étaient inspirés de la grande muraille de Chine, construite près de six siècles avant l’ère vulgaire. C’était une longue muraille qui s’étendait de la Numidie à la Maurténaie Césarienne, au sud du Hodna, les Bibans, le Titteri, des monts de l’Ouarsenis, de Frenda, Saida, Daia et Tlemcen, des ksour. Sa longueur faisait quatre mille km et commençait à la Tripolitaine pour finir à Salé, en Maurétanie Tingitane. Elle était renforcée et gardée par des postes fortifiés pour contenir les nomades c’est-à-dire les Gétules du mont des ksour, du djebel Amour et au-delà du mont de Beni Snous.
Le bain
Le bain de l’époque romaine était situé à 45 m à l’Est du minaret. On remarque encore les débris de ses ruines. La salle principale est voutée en berceau, construite en pierre de taille. Elle fait 3m de large sur 9 m, 30 de long. Le plafond est bas, percé par des trous pour laisser filtrer la lumière. Deux portes lui donnaient accès. Une deuxième salle de repos lui communiquait. Des fouilles ont été effectuées en 1912 par Alfred Bel, directeur de la medersa de Tlemcen. Elles avaient permis de découvrir des vestiges de murs en pisé.
Les Vandales
Pomaria avait été aussi dévastée par les Vandales au mois de mai 429, qui étaient venus d’Espagne. Ils traversèrent le détroit et traversèrent la Maurétanie Tingitane, c’est-à-dire le Rif marocain actuel. Le général romain Boniface leur fournit ses vaisseaux, pour tout le bonheur des Espagnols. Il les aurait appelés par vengeance personnelle. Ils étaient quatre-vingt mille individus dont cinquante mille combattants. Leur passage en Oranie est signalé à Alvata (Lamoricière, puis Ouled Mimoun). Ces hordes s’éloignèrent vers l’Est, laissant l’Oranie en ruines. Ces hordes s’éloignèrent vers l’Est, laissant l’Oranie en ruines. Ces territoires étaient tombés aux mains des Berbères
Insurrection berbère
La ruine et le désastre que les Vandales commettaient amenèrent les Berbères à déclencher une grande insurrection qui englobait les déserts de la Tripolitaine, les monts des Aurès et du Djurdjura, le djebel Amour. Ils libéraient l’intérieur des pays et s’emparaient des centres colonisés. Ils ne laissèrent aux Vandales que les villes côtières. Cette grande révolte intervint le 13 décembre 484, après huit années de terreur sous le règne du roi Vandale Hunéric. Cependant, les Vandales restèrent les maitres de l’Afrique romaine encore un siècle. Ils avaient perdu la terre et l’honneur face aux irascibles Berbères.
Rome entreprit plusieurs expéditions sans succès contre les Vandales. Cependant, l’avènement de l’Empereur Justinien changea l’équilibre stratégique et militaire. Il nomma son général Bélisaire à la tête de l’armée d’Afrique. Celui-ci les vainquit sans difficultés en 533 et les pourchassa jusqu’à les chasser de Césarée en Maurétanie Césarienne et de Ceuta en Maurétanie Tingitane. Deux ans, plus tard, les Vandales n’étaient qu’un malheureux souvenir. Ils avaient tous réembarqués en Espagne.
Rome était pionnière dans la politique de la colonisation qui sera plus tard adoptée par la France dans toutes ses colonies. Celle-ci consistait à recourir au cantonnement des populations remuantes qui menaçaient la paix et l’ordre public. Elle prenait un grand soin à rétrécir et à délimiter les territoires des tribus. Pire encore, elle engageait la responsabilité collective pour chaque crime ou délit commis individuellement ou par groupe.
L’islam
Mais à l’arrivée de la diffusion de l’islam comme religion, les Berbères opposèrent une vigoureuse résistance. Au VII siècle, ils se convertirent. Cependant, on ignore la propension des convertis ni l’intensité de leur foi. Au VIII siècle, les Amazigh d’Agadir se convertirent en grande masse au Kharijisme et avec eux, leur chef Abou Korra.
La conquête arabe se fit en trois expéditions : Les Romains subirent de sévères échecs sous le commandement d’Abdallah Ben Saad, pendant le khaifa d’Othman. Mouaouiwa Ben HodeijOkba Ben Nafii. Les deux premiers chefs d’expédition retournèrent en Orient.
Cependant, le troisième, Okba Ben Nafii, affirma clairement sa volonté de s’établir en Afrique. Il édifia Kairawoun. Il fut nommé en 50 de l’hégire et il y resta 5 ans. Abou Dinar El Mouhajir le remplaça en 674 de notre ère. Nommé par Mouaawiya le khalife, il fait plusieurs campagnes en Tripoli et avança jusqu’à Agadir (Maroc), alors occupé par les Romains. Il s’en empara et y demeura 5 ans. Il déploya une énergie militaire incomparable.
A l’Est, Koceila lève l’étendard de la révolte. Abou Dinar El Mouhajer lève une armée et va à sa rencontre jusqu’aux Aurès. Il lui livre une bataille farouche et le bat. Koceila se reconvertit. Abou Dinar organise une grande expédition pour marcher de nouveau vers l’Ouest jusqu’à Tanger en prévision de la conquête de l’Espagne. Koceila et son frère intègrent la colonne, chacun à la tête de douze mille Berbères. Cette armée se met en marche, arrive à Tanger et s’en empare. Les vingt-quatre-mille Berbères s’y installent et attendent l’ordre de franchir la mer. On peut dire que Tanger est sociologiquement Zénète de l’Aurès.
En 679 ou 680, Okba Ben Nafii revient en Afrique. Il succède à Abou Dinar qu’il met aux fers, dit-on. Okba avance vers l’Ouest. Il parvient jusqu’à Tahert dont il s’en empare. Okba Ben Nafii enchaine des victoires sur les coalisés romains et berbères au Zab et à Tahert. Il résolut de marcher vers l’Ouest. Pour la première fois, les Arabes pénètrent le Maghreb Al Aksa ou plus précisément la Maurétanie tingitane, c’est-à-dire de Tanger. Il soumet en partie cette ville qui sera prise plus tard par Moussa Ben Noussair en 707 de notre ère. Il s’empare ensuite de Ceuta puis il pousse vers l’Atlas et se trouva face aux Masmouda, tribus guerrières disposées à défendre leur territoire. Celles-ci occupaient la quasi-totalité du Maghreb El Aksa. Après plusieurs engagements, elles parviennent à envelopper les colonnes d’Okba, qui se trouvent sous le danger et le péril. Mais les Zenata (Maghraoua et Beni Ifrène ) de l’Ouest du Maghreb central ou l’Ouest de la Maurétanie Césarienne, qui s’étaient islamisés après leur défaite à Tahert, se portent à son secours et le dégagent de sa position dangereuse.
Les Beni Ifren sont la tribu la plus importante. Ils adhèrent au kharijisme. En 765, ils nomment Abou Koora, comme chef. Un premier choc avec les Arabes se produit. Battus, ils se replient à Agadir (Tlemcen). Ils repartirent à l’attaque avec une force de quarante mille hommes. Ils tiennent le Gouverneur de Tunis et ses quinze mille cinq cents Arabes bloqués à Tobna dans les environs de l’Aurès. Le gouverneur de Tunis parvient à diviser les rebelles dont plusieurs unités le rallièrent. Abou Corra battu, regagna Agadir (Tlemcen) avec les rescapés d’une armée mise en déroute. La tribu ne se releva pas vite de ce désastre et resta dans l’ombre.
Idriss I
Idriss, fils d’Abdallah, ben Hassen, Ben Houceine, ben Ali, époux de Fatima, fille du prophète. C’est une fratrie de 5 frères : Ibrahim, Mohamed Nefs Zakia, Ali, Idriss, Yahia, Souleimane. Elle avait mené une révolution à Médine contre le pouvoir des Abasside qui avaient vaincu les Omeyade et s’étaient emparé du Califat dont ils établirent la capitale à Baghdad. Le Calife Haroun Rachid exerça des représailles contre les insurgés : Mohamed Nefss Zakia fut tué en 145 de l’hégire ; Ibrahim et Idriss furent emprisonnés à Baghdad.
Le premier souci des Abasside était de rendre inoffensifs les descendants d’Ali. Pourchassé par les Abasside, Idriss prend la fuite avec son compagnon Rachid. De Bagdad, il se rendit en Egypte. Il n’était pas cependant hors d’atteinte par les hommes du Calife. Il poursuit sa fuite jusqu’à Tunis. Le sentiment d’insécurité le hantait. Il pénètre au Maghreb Central. Il ne se doutait pas qu’il allait entrer sur la scène politique et religieuse en Afrique-du-nord, sans le savoir lui-même. Il marche vers l’Ouest, fait une halte à Agadir. Il séjourna quelque temps à Agadir comme un simple voyageur.
Idriss ben Abdallah ne pouvait pas être le bienvenu. Il craignait les Aghladite qui étaient les alliés des Abasside. Il repartit au Moghreb Al Aqsa, laissant son frère Solimane. Il poussa jusqu’à Tanger qui était sous le pouvoir des Omeyades d’Andalousie. Il craignit pour sa vie et fit demi-tour. Il se fixa en 788 avec son compagnon Rachid, à Oululi, l’antique cité Volubilis, à l’invitation d’Ishaq b. Mohammed b.’Abd al-Hamid, le chef mu’tazilite des Awraba.
Les tribus berbères avoisinantes lui prêtèrent serment d’allégeance (bay’a), suivis par d’autres tribus berbères du nord du pays. Portant le titre d’imam, il étendit son influence jusqu’à Tlemcen, à l’est de la Moulouya, et à Salé, au sud du Sebou. Il épousa Kenza, fille d’Abdelhamid Al Awroubi. Il finit par attirer l’attention d’Haroun al-Rashid, qui le fit empoisonner en 791 par un Zaydite du nom de Sulayman b. Jarir que le calife avait réussi à soudoyer en lui offrant une forte somme d’argent et en lui faisant des promesses magnifiques.
Le neuf décembre 789, Idriss I entreprit une reconnaissance contre Tlemcen, habitée par les Maghraoua et les Beni Ifrène. En arrivant à la ville, il monta son camp dans la banlieue. Il reçut la visite de l’émir de la place, MOHAMED BEN KHAZAR BEN CSOULAT EL MAGHRAOUI EL KHAZARI qui l’honora et l’invita à séjourner parmi eux. Des données historiques se contredisent sur sa venue hostile, selon laquelle il s’était emparé de Tlemcen, sans fournir de preuves tangibles. Certaines citations sont conçues vaguement et suggèrent ce dernier fait. Cependant, Agadir était une place forte et la tribu Zénète était puissante, d’autant plus que le Moghreb Al Aoussat dépendait du royaume Rostomide de Tahert. D’ailleurs, son fils, Idriss II, aura des prétentions territoriales et sera vite dissuadé par la puissance du royaume suscité. L’imam Idriss I fit construire une mosquée avec un style recherché, dans laquelle il édifia une chaire sculptée de l’inscription suivante :
« Au nom d’Allah clément miséricordieux. Ceci a été construit par l’ordre de Idriss ben Abdallah, ben Hassan, ben El Hassen, ben Ali, ben Abi Taleb. Qu’Allah soit satisfait d’eux tous. Cet évènement eut lieu dans le 1er çafar 174 de l’hégire, soit le 19 juin 790 ».
Cette mosquée n’était pas considérable, car elle avait été construite en quelques semaines, c’est-à-dire dans l’urgence de mettre à la disposition des habitants une structure de prière. Elle fut achevée vers le 20 juin 790. Les dimensions de la mosquée sont : le mur du Nord est de 48m, le mur du Sud, de 42m, mur de l’Est, de 39 m, mur de l’Ouest, 45 m. Le minaret fait 5,60m de côté et 30 m de hauteur, sur une base solide en pierres de 6m, au-dessus du sol.
Idris I acquit bientôt de la notoriété due principalement à son ascendance chérifienne qui remonte au prophète Mohamed, par Fatima et Ali. Il était en danger latent entre les Omeyade en Andalousie et les Abbasside en Orient. Une large frange de musulmans pensait que le pouvoir royal lui revenait. Ces allégations héréditaires étaient fausses. Car le Messager de Dieu n’avait nullement transmis le pouvoir à Fatima, sa fille. Dans ce même ordre d’idées, Abou Bakr Seddik était désigné par un collectif de Compagnons du prophète. D’autre part, Idriss I pouvait être considéré comme un hors-la-loi, car il était sorti de l’obéissance au souverain, ce qui aux yeux de la loi coranique était un crime et un péché.
Ces échos parvinrent à Haroun Rachid, Calife des Croyants. Celui-ci décida de faire taire à tout jamais Idris qui n’avait montré jusque-là aucune prétention au Califat. Il chargea Soleiman Ben Horeize, surnommé Ech Chemmakh, de cette mission criminelle qui fit un long périple et parvint à Oulili. Il se présenta comme médecin fugitif des Abbasside et accéda à la confiance de l’Imam Idriss. Il parvint un jour à éloigner le fidèle compagnon Rachid et empoisonna Idriss I qui mourut presque aussitôt. Il s’enfuit. Mais il fut poursuivi par Rachid jusqu’à l’oued Mouloiuya où un combat à mort opposa les deux hommes. Ec Chemmakh, qui fut blessé, put s’enfuir et traverser la rivière. Idriss I mourut le 16 juillet 793 et fut enterré dans la région d’Oulili. .
Idriss I mourut et laissa Kenza, son épouse ou sa concubine, enceinte. Le fidèle compagnon Rachid réunit les chefs de tribus et leur dit :
« Idriss est mort sans enfants, mais sa femme, Kenza, est enceinte de sept mois, et, si vous le voulez bien, nous attendrons jusqu’au jour de son accouchement pour prendre parti : s’il nait un garçon, nous l’élèverons et quand il sera homme, nous le proclamerons souverain ; car descendant du prophète, il apportera avec lui la bénédiction de sa famille sacrée ».[1]
Cette proposition fut acceptée par les chefs de tribus et en septembre 793, Kenza donna le jour à un enfant mâle d’une ressemblance parfaite avec son père. Rachid le présenta aux cheikhs qui s’écrièrent en le voyant :
« C’est Idriss lui-même, l’Imam n’a pas cessé de vivre »[2]
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