Il faisait trop de bruit dans la salle et moi, qui voulais , un moment de réclusion avec moi-même, c’était raté. Je bus une gorgée. La poudre était exécrable, le mauvais gout restait collé au palais. Bien sûr tous ces rapaces de concessionnaires d’import-export nous faisaient manger et boire des produits médiocres, quasiment impropres à la consommation qu’ils faisaient valider dans les laboratoires publics, moyennant une grosse enveloppe pleine de billets de banque en dinars, de quoi faire rêver une jeune mariée algérienne, comme par exemple d’un voyage de noces aux paradis terrestres du monde, dans sa globalité. Qu’est-ce je raconte ? Je délire : la jeune fille algérienne ne rêve pas. Car pour rêver, il faut être libre. Or elle ne l’est pas. Rarement, elle choisit son mari, exceptionnellement elle subit le coup de foudre. Elle est la fécondation par excellence, sans fantasmes dans le lit de l’amour. Elle ne voyage pas seule, il lui faut un accompagnateur et toute sa vie elle est sous tutelle du père, du frère, de l’oncle paternel. Même à la Mecque, elle n’y va pas seule, pourtant cet espace est sacré et l’acte religieux que l’on est censé accomplir est pur, sans tentation aucune. Alors va comprendre ces commentateurs de la loi islamique. Son témoignage devant les juridictions ne suffit pas, il lui faut une autre femme témoin. De même, elle hérite seulement du tiers. Va comprendre encore. Allah a décrété, c’est comme ça et pas autrement. Si tu veux être religieux, ne cherche jamais la logique. En temps de guerre, elle est combattante à part entière, l’égale de l’homme comme notre glorieuse Lalla Fatma Nsoumer qui avait combattu héroïquement le maréchal Randon et ses milliers de soldats, avec quelques centaines de résistants seulement. On est belliqueux dans le sang, alors il n’y a pas matière à s’étonner ou douter. En termes de bravoure, c’est pareil.