La révolution pacifique et sa transition
La transition constitutionnelle, avec ses acteurs sclérosés juridiquement, se trouve dans l’impasse. Ni le gouvernement, ni le chef d’état par intérim, ne dispose de prérogatives pour répondre aux ordres plébiscités par le peuple, chaque vendredi par plus de 22 millions, et pendant les jours ouvrables par des corporations telles des étudiants, des avocats etc. A supposer qu’ils aient de bonnes intentions, ce qui est absolument incertain, ils sont immobilisés par l’article 102 qui fixe le délai d’organisation à 90 jours qui ne leur reconnait aucune compétence pour modifier les lois. La Constitution se trouve dans une situation inédite : il y a une révolution, elle est menée par le peuple. Chaque vendredi, il y a une manifestation pacifique dans tout le pays qui dépasse les 22 millions. Ses commandements sont clairement définis résumé par le credo ‘système dégage’, illustré sous les 3 B, soit le gouvernement Bedoui, le chef d’état par intérim Bensalah, le président du conseil constitutionnel Belaiz Tayeb.
Ces commandements du peuple disent clairement que nous devons sortir du cadre de la constitution dont les dispositions juridiques n’attribuent ni les outils nécessaires ni la période transitoire pour mettre en application les injonctions du peuple. Le changement exigé trouve son illustration dans de nouvelles lois que ne peuvent opérer les acteurs transitoires de la vacance du pouvoir du président de la république sortant. Ces lois sont résolument révolutionnaires pour faire une deuxième ou une nouvelle république. Elles sont innovatrices, assurent l’égalité des chances, l’alternance démocratique, la transparence électorale, la sauvegarde des deniers publics, une nouvelle institution en charge des élections.
1. Une nouvelle loi électorale neutre qui ne favorise pas les partis au pouvoir, fixer de nouveau les règles d’éligibilité, fermer toute possibilité à la manipulation du vote.
2. Repenser la loi sur les partis, notamment en les amenant à s’autofinancer, en leur accordant exceptionnellement des subventions, interdire les transfuges quitte à bannir les contrevenants.
3. Il est plus qu’urgent de sauvegarder l’image symbolique du FLN, en le décrétant patrimoine national et donc en lui accordant la place qui lui revenait déjà en 1962 au musée de l’histoire en ce sens qu’il appartient à tout le peuple algérien qui saura toujours le glorifier, comme étant l’artisan politique de notre indépendance. Ses militants actuels devront créer un nouveau parti et se dessaisir des biens qui lui avaient été attribués ou financés par notre Etat.
4. La loi sur les associations devra leur accorder plus de liberté pour les évènements qu’elles organisent et non attendre la décision de l’administration à cet effet.
5. la loi créant la commission en charge des élections pour toutes les opérations de préparation, de déroulement et de proclamation des résultats. Elle aura son propre budget et son autonomie budgétaire, ainsi que ses propres démembrements.
6. revoir certains articles de la constitution pour élargir le champ des libertés publiques et individuelles, les conditions d’éligibilité aux instances locales, parlementaires, présidentielles, instaurer la séparation des pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire, équilibrer les pouvoirs entre le président de la République, le premier ministre ou le chef de gouvernement,
Conclusion : pour mener à bien cette révolution, un avis constitutionnel devra être proclamé par l’armée, comme seule force organisée qui accompagnera la période transitoire révolutionnaire. Il comportera les points sus énoncés et désignera la période transitoire de 9 mois ainsi que le président de l’état, qui ne sera aucunement éligible à l’élection présidentielle.
Naama le 20 avril
Ahmed Bencherif