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la conquete de l'indépendance de l'Algérie, Ahmed Bencherif

La réunion du premier congrès musulman 

 La préparation du Congrès avait été largement médiatisée. Les masses s’y intéressaient fort bien. Pauvres et analphabètes, elles espéraient voir enfin améliorer leur  niveau de vie, voir leurs enfants accéder aux écoles et apprendre à ire et à écrire l’arabe, puis le français. Les élites espéraient gagner des échelons, souhaitaient entrer dans les bonnes grâces de la France coloniale. Tous convenaient discuter de l’égalité des droits entre Algériens musulmans et français. Ils se leurraient cependant et donnaient de faux espoirs à leurs sympathisants. Car, cette revendication, qui était la clé de voute de la coexistence, était de longue date revendiquée par les Indigènes et combattue avec acharnement par les colons, qui s’ils venaient à l’accepter, ils perdraient le pouvoir en vertu du jeu démocratique, basé sur le principe électoral. 

 Dans chaque ville et chaque village, des comités de chaque mouvement politique, social ou culturel avaient été créés pour désigner leurs représentants au Congrès et cela avec la bénédiction du gouvernement du Front Populaire qui espérait rattacher l’Algérie à la France ou en accordant aux musulmans le statut de citoyen tout en conservant leur statut personnel. Le 7 juin 1936, le Congrès était convoqué au cinéma Majestic à Alger. Les délégués s’étaient réunis. Ils représentaient les Elus, les Notables, les Oulémas, les Communistes. Ce parti politique marxiste qui se prétendait d’obédience musulmane était d’un anachronisme certain. Car, il lui était illusoire de parvenir à conclure un accord politique avec les autres formations, principalement celle des Oulémas. Les délégués de l’Etoile Nord-Africaine participaient également. Cependant, leur identité avait été dissimulée pour éviter un discours radical des revendications. De surcroit, ils n’avaient pas droit à la parole, une idée des communistes, partagée également par les Oulémas. Certains d’entre eux siégeaient pourtant aux commissions, tels que Mestoul, Mezrana, Bouras.[1] 

La liste des orateurs avait été minutieusement sélectionnée. Tous restaient fidèles à un discours consensuel entre les différents courants assimilationnistes qui ne devait ni offusquer les autorités coloniales ni éveiller leurs soupçons sur des visées indépendantistes. L’honneur avait été pour le socialiste, l’instituteur Benhadj, puis le communiste, Boukort, puis l’élu, Ferhat Abbès, puis le Dr Saadane, défenseur des Territoires du Sud. Puis, ce fut au tour des Oulémas, tels qu’El Okbi et Ben Badis. Tous les orateurs tenaient un discours de rattachement pur et simple, en revendiquant, toutefois, la suppression des rouages spéciaux. A la clôture de ses travaux, le Congrès adopta six résolutions :

  1. la suppression des lois d’exception.
  2. le rattachement pur et simple à la France, avec suppression des rouages spéciaux 
  3. le maintien du statut personnel
  4. l’instruction obligatoire
  5. A travail égal, à salaire égal, à mérite égal, grade égal.

collège électoral avec représentation au Parlement    

 

[1] Mahfoud Kaddache op.cit, T1 p427

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