République Algérienne Démocratique Populaire
Ministère de la Culture
Union des Ecrivains Algériens
Section Locale de Naama
Premier colloque national
Du patrimoine préhistorique
Gravures rupestres et tumuli
Du Mont des Ksour
Du 28 au 30 novembre 2016
Argumentaire
Intérêt de l’étude.
L’intérêt de l’art rupestre du Mont des Ksour réside dans le fait que ses gravures sont les plus anciennes de l’Afrique du Nord. C’est aussi le deuxième massif, après celui du Tassili, où sont concentrés les vestiges du Paléolithique et du Néolithique. Il est cartographié à l’échelle planétaire en matière d’art rupestre. Son étude donnerait plus de connaissance sur le mode de vie de ces hommes préhistoriques et de leurs échanges avec la péninsule ibérique, mais aussi l’Egypte. Donc nous devons œuvrer à le classer patrimoine national et de là patrimoine universel culturel. Rappelons que seuls 13 sites, dont le Tassili, sont classés patrimoine universel. Nous y croyons résolument de sa richesse qui pourra sans nul doute le lui permettre le classement dans le patrimoine de l’UNESCO. Cette majoration, si elle aboutissait, placerait l’Algérie comme étant une école de l’enseignement de l’art rupestre.
Localisation géographique et relief du Mont des Ksour
Le Mont des Ksour fait partie de l’Atlas Saharien occidental. Il s’étend de la frontière marocaine, précisément à Figuig à l’Ouest, et se limite à l’Est par le Mont des Amours, couvrant ainsi une superficie moyenne de 20.000 km2, soit 300 km de long sur 60 km de large. Leur structure n’est pas homogène :
- Ce sont de gros massifs vers l’Ouest qui dépassent les 2.000 m, tels le djebel Mzi qi culmine 2145 m, Mir ElDjebel 2109 m ; Djebel Mekhter 2020 m,
- Vers l’Est, ils sont nettement plus individualisés et atteignent rarement 2.000 m, notamment à Djebel Ksel (ElBayadh)
- Cependant au Nord, le Djebel Aissa culmine 2.236m, lui aussi est allongé et plus humide en hauteur.
Le Mont des Ksour dominait géographiquement un marécage de très grande superficie qui s’étendait d’Ainsefra jusqu’à l’oasis de Taghit, formant un habitat typique de la faune et de la flore africaine de savane. Djebel Mekhter est le plus compact, long de 80 km large de près de 30 km. Sur ses contreforts, s’allonge une dune locale longue de 12 km, immobile et qui augmente lentement de volume. Une station rupestre, appelée la Source Jaune, est ensevelie, laquelle avait fait l’objet de fouilles en 1901 par Emile Félix Gautier où furent découverts des mobiliers, dont des haches et des débris. Il semble être la plus importante dans la région.
Mode économique.
Son mode économique s’illustrait, aux temps préhistoriques, par la chasse, la cueillette, ou encore la récolte d’orge sauvage. En effet, sur les hauteurs du Djebel Mekhter, il existait une grande variété d’arbres fruitiers sauvages, tels le pécher, des châtaigniers, des caroubiers…Au chasseur succéda le pasteur et ce fut le développement des troupeaux bovins, notamment le zébu, caprins et des animaux domestiques, tels l’âne et le cheval. Puis se développa, une agriculture vivrière deux siècles avant l’ère contemporaine, sous le règne du Roi Massinissa qui avait l’avait initiée. Cette culture avait donné naissance à une vingtaine de villages de Sfissifa, à l’Ouest jusqu’à Brezina, à l’Est. L’Historien Ibn Khaldoun en situe la création, soit deux siècles avant notre ère ou à ses débuts. Le pastoralisme a survécu avec la venue des Arabes éleveurs. Aux temps anciens, le Sahara était plus humide et se distinguait par une forte pluviométrie qui dépassait les 1500 mm qui avait retombée jusqu’à atteindre la moyenne annuelles, très insuffisante de 200 mm.
La présence de l’Homme.
La présence de l’homme au Sahara remonte à 8.000 ans avant notre ère. Il a légué à la postérité des témoignages de son existence qui s’illustrent par des gravures rupestres ou des tumuli. Ces vestiges sont particulièrement riches et nombreux dans le Mont des Ksour, universellement réputé, comme étant un vaste musée à ciel ouvert de la civilisation dite de ‘’ l’âge de la pierre ‘, et dont certaines gravures rupestres -notamment celles deThyout- offrent un enseignement très instructif pour l’ensemble du Sahara. Les représentations se rattachent à la faune africaine : des éléphants, des lions, des girafes, des crocodiles, des rhinocéros, des hippopotames, des zèbres, des buffles …Ces premiers hommes avaient donné naissance au premier peuplement de notre nation, selon les études de spécialistes.
Cette classification de civilisation de la pierre, à l’échelle planétaire, illustre fort bien cette dénomination ; En effet, durant cette période, ces hommes préhistoriques, doués de grande intelligence, avaient fabriqué des armes et des outils coupants pour leur permettre de survivre à leur époque, et de graver des formes dans la roche. Par ailleurs, ils avaient conçu leurs habits qu’ils cousaient. Notons qu’ils avaient exécuté les mêmes tâches que l’homme moderne, avec bien entendu les matériaux disponibles alors. Ainsi avec de la pierre, ils ont fabriqué : burin, hache, archer, foret, projectile. Ils chassaient et élevaient leur bétail et en exploitaient la peau pour se vêtir et l’aiguille utilisée était produite à base d’os.
Chronologie
Le préhistorien et prêtre Henri Breuil avait établi en 1930 une chronologie pour l’existence de ces animaux gravés sur roche. La première serait celle du Capsien avec la représentation de buffles et d’éléphants, soit à une période de 8.000 ans avant notre ère ; la seconde est la phase synchronique de transition du Capsien au Néolithique, période par excellence de béliers à sphéroïdes ; la troisième phase où dominaient l’éléphant et le bœuf, avec parfois des béliers.
Son rapport avec la mort.
Ces premiers hommes vénéraient le Soleil, le Feu et le Dieu Ammon Egyptien, représenté par le Bélier. L’orante nous indique leurs séances mystiques qu’il reste à déchiffrer et à connaitre. Cet art a été choisi pour véhiculer des mythes sur la création du Monde. La vie et la mort représentaient le centre de préoccupation de ces hommes. Ainsi, ils créèrent, comme les Pharaons, des chambres funéraires, qui avaient la particularité familiale cependant, C’étaient les tumuli, des amoncellements de pierres, toujours surélevés au sommet des collines. Les premiers remontent à 4600 avant notre ère.
Cependant, dans le Mont des Ksour, principalement au pied de la montagne Mekhter, il semble que ces tumuli remontent à 3 siècles avant notre ère. Dans ces chambres funéraires familiales, ont été retrouvés des objets de bronze, de squelettes, des crânes, des poteries. Mais que dire encore des jeddars de Frenda qui ne ressemblent en rien aux tumuli ? En effet, les Jeddars remontent à notre époque, soit au Vème siècle de notre ère et sont des chambres hautes qui portent notamment des inscriptions latines.
Perspectives
S’arrêter au pied d’un rocher et contempler la gravure rupestre d’un éléphant, d’une scène de chasse, d’un guerrier, ou escalader un énorme tumulus, procure avec certitude du plaisir aux touristes ; Mais cette même observation provoque un autre déclic chez un écrivain, un homme de culture ou un anthropologue, mais aussi un besoin irrépressible d’interpréter, d’imaginer pour connaitre et raconter leur histoire. Hélas les données actuelles, fortement disparates, conservées isolément par quelques hommes de sciences, ne sont pas vulgarisées et sont très méconnues du public, qui souvent par ignorance, applique des graffitis sur des gravures rupestres ou retire une dalle d’un tumulus.
Conclusion
Ce premier colloque devra non seulement vulgariser l’histoire de tels monuments sur roche, mais aussi présenter des pistes de réflexion pour : la préserver, la sortir du cadre étroit de curiosité touristique, lui donner vraiment son caractère de tourisme culturel. Pour ce faire, ce colloque devra donc proposer des solutions de vulgarisation, notamment par la réalisation d’une série de films documentaires que pilotera le département ministériel de la Culture.
Axes de réflexion.
- La diffusion de l’art rupestre nord - africain dans le monde.
- Différences et similitudes des gravures rupestres du Mont des ksour par rapport à d’autres gravures rupestres continentales.
- Moyens et outils du créateur (l’homme) préhistorique et le contexte spatio-temporel de la création rupestre.
- Représentation des gravures rupestres de la vie sociale de l’homme préhistorique.
- Dissection du rituel funéraire symbolisé par les Tumulus.
- Recensement et classification des gravures rupestres situées dans le Mont du Ksour.
- Élaboration d’écrits historiques relatifs aux Tumulus en vue de les exploiter intelligemment sous supports médiatique, films ou films documentaires…
- Interprétation du symbolisme dans l’art rupestre de l’Atlas Saharien.
- Territoire Identité
Naama le 16 juillet 2016
Ahmed Bencherif, auteur de Marguerite
Président section locale de Naama
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Boite Postale 9 Naama