Le Maroc du mensonge, influences européennes Ahmed Bencherif

  1. La Commission d’hygiène de Tanger

Jusqu’en 1889, Tanger était une ville non européanisée, sans organisation municipale.  Sa voirie y était déplorable, ses rues et ses places étaient remplies d’immondices. Pourtant, cette ville était la résidence des représentants des nations étrangères, mais aussi le centre du commerce international marocain. De ce fait, elle était le port où se trouvaient le plus d’Européens. Ceux-ci vivaient au milieu de cette incurie, frappée d’indifférence de l’hygiène la plus élémentaire.

Cet état lamentable d’insalubrité publique amena le Groupe des 13, des Notables étrangers, à créer une corporation municipale qu’ils baptisèrent : Commission d’hygiène. Celle-ci entama sa mission sans mandat régulier et mena ses travaux d’entretien dans les quartiers européens. Elle fonctionna pendant trois ans avec les subsides consentis par les Etrangers. Le comte de d’Aubigny se rendit à Fez auprès du sultan Moulay Hassan, auprès duquel il obtint une délégation de pouvoirs pour Tanger en faveur du Conseil sanitaire. Cette délégation de souveraineté était valable uniquement pour le quartier européen. Quant à la Casbah ou la ville arabe, le Mohtesseb ou prévôt des marchands devait y conserver les tâches de la voirie.

La Commission d’hygiène eut alors des ressources :

  • Une partie des droits d’abatage lui était consacrée, l’autre pour le Mohtesseb.
  • La moitié des revenus des appontements construits à Tanger.
  • Des redevances perçues sur les riverains des rues pavées par la Commission.
  • Des taxes municipales établies sur le quartier européen.

         A partir de cette époque, la Commission fut gérée par un membre du corps diplomatique français dont elle était une dépendance pleine et souveraine.

          La gestion calamiteuse de la ville de Tanger par les sultans successifs du Maroc avait fait d’elle un dépôt d’immondices et foyer de maladies nuisibles transmissibles. Est-ce là la tradition impériale dont se vantent à notre époque des voix marocaines sur les réseaux sociaux et même les médias officiels ? Une ville internationale sale d’un Etat indépendant millénaire, bourdonnent-ils à nos oreilles. Ils étaient à des années de lumière de la vie citadine propre où il fait bon de vivre. C’est dire que cet Empire tant vanté avait appris la propreté et l’hygiène avec l’arrivée des Européens. Pourtant son grand voisin de l’Est, l’Algérie, tenait l’hygiène et la salubrité publique comme un culte. De cela, en avaient témoigné, des militaires du débarquement à sidi Ferudj le 14 juin 1830. 

          Qu’en était-il de la souveraineté des sultans marocains successifs sur leur propre pays ? Etait-ce un bail de concession de souveraineté territoriale ou sur des secteurs stratégiques ? Le Maroc avait été de toujours confronté à des révoltes de régions que les sultans ne parvenaient pas à dominer. Ces populations hostiles commettaient des crimes, des pillages à grande échelle. En 1912, le sultan Abdelaziz exerçait son autorité sur le tiers de son territoire dont plusieurs régions clés étaient autonomes dont la petite ville de Figuig.  

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