Jocelyne
Heureuse qui comme Jocelyne fut aimée
D’un amour violent sans passion du désir
Voué à l’infini de forme sublimée
Qui naquit un soir d’été, soudain sans prévenir.
De présent généreux alloué au quidam
Le bel émoi me conquit, nourri de mystère,
L’immense prodige atteignit mon âme,
Dépêché avec heur d’un lointain univers.
Mon esprit débarqua dans son grand royaume,
Faire allégeance royale sans pompes,
Ne chercha à sentir les enivrants baumes,
Ni à voir les attraits gracieux qui dopent.
Mon cœur élit logis aux coteaux des Graves
Près de Maison Carrée pour sentir la chaleur ;
Il tremble, il guérit à ses mots suaves ;
A sa voix fluette, il jouit de bonheur.
Ma muse irriguait ses vergers assoiffés,
Curant son spleen mortel, lui chantant romance.
Heureux, j’ai communié avec la belle fée
Par delà les chemins, point de résonance.
Son flot de paroles m’enchantait à l’envie,
D’expression candide, au timbre mielleux,
Doux comme le zéphyr qui rafraîchit ma vie,
Par les soirées d’été ou les jours frileux.
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Son verbe cultivait mon imaginaire
Qui n’osa par sacre esquisser le portrait,
Vu le temps d’un songe : cheveux noirs, peau claire,
Sourcils bien tracés, visage plein d’attraits,
De taille moyenne, formes gracieuses,
Au pas fier et souple à ses trois décades,
Aux joues pleines, couleur de cerise
De pommes émergeant en jolie myriade.
J’ai aimé ta vertu égale aux moissons
D’un champ très immense fécondé au soleil.
Trois mots du grand amour composent ma chanson
Interprétée de nuit, de jour à mon réveil.
Jocelyne ! Tu verras nos sapins, nos cyprès
Au pied de la dune ondulée par le vent
Où surgit la source fraîche, de fond doré,
Couronnée d’un bouquet de verdure flottant.
Les cristaux scintillants te feront caresses
Aux chevilles blanches, aux jambes fuselées ;
Tu jouiras bellement de plaisir immense,
Tu voudras cavaler et tu voudras rouler.
Tu feras ta pensée à notre Isabelle
Et sur la falaise au-dessus de la marre
Ton regard aimera la région rebelle
Traversée par l’oued, veillée par le Mekhter.
Notre lac est salé, ses eaux s’évaporent ;
Ses oies sont solitaires, ses berges déboisées,
Jusqu’à l’éternité son cycle perdure,
Quand tout aura été anéanti, rasé.
Dans la blanche koubba de mon saint aïeul
Surmontée de croissant, ceinte par quatre murs
Tes invocations franchissent le ciel,
Recueillies et bénies par les deux anges purs
L’odeur de piété te souffle repentance,
Te montre l’auguste silence éternel,
Te cure de tes maux, douleurs et transes,
Stimule tes envies à la vie, au label.
Garde mon souvenir vierge dans ton sein,
Fais-en un monument de paix et de joies,
Puise tes énergies, c’est un livre sibyllin.
Car je suis victime ulcérée de vos lois.
Le feu de mon amour brûlera pour toujours,
Les eaux bleues de la mer ne pourront l’éteindre.
J’ai tenté d’accéder à ton vœu sans détour,
Le leurre mourut bien avant de feindre
Et le vent raviva les flammes sans répit,
Je revins de suite captif de ma passion.
A tes mots, à ta voix, je chasse mon dépit.
Jocelyne, la reine de mes émotions.
Garde mon souvenir vierge dans ton sein,
Chéris-le comme un trophée merveilleux,
Que ta mémoire le garde pur et sain
Sans jamais l’altérer, captif de tes yeux.
Jocelyne ! Souviens-toi des moments merveilleux,
Vécus à travers les ondes sans frontières,
Dans la stratosphère à des milliers de lieues,
Où nos âmes se mariaient loin de la terre,
Du verbe magique qui glissait dans ton cœur.
De la joie ressentie pour me voir sur écran,
Tu restais captive de plaisir et douceur,
En suivant l’épisode à travers mon roman.
Tes mains frêles roulaient sur un simple clavier,
Libéraient un beau flot qui coulait en cascades,
Fraîches et pures, plus folles qu’un coursier,
Douces et suaves, au goût de muscade.
L’automne te souriait dans sa mue éternelle,
La couleur superbe des arbres t’enchantait,
Tu valsais dans les bois de chêne et d’érable,
Parmi les feuilles tombées qui crissaient.
Sur la plage entre deux mers magnifiques,
Tu livrais de belles impressions d’avenir,
Prodigieux stimulant pour ma grande fresque,
D’art subtil bariolé au son de la lyre.
Paris te semblait proche pour m’accueillir,
Partager avec moi le toit de ton amie,
Libérer nos belles émotions sans frémir,
Comblés par le bonheur d’être enfin unis.
Je vis alors Vénus, ses jardins et ses fleurs,
Ses sources limpides bruissant aux feuillages,
Ses fruits magnifiques d’inégale saveur,
Beau rêve d’évasion parmi les ombrages.
Au mois sacré, tu fis serment dans la mosquée,
A l’issue du prêche officié vendredi.
Ton âme avait bu l’odeur de sainteté,
Bénie par l’oraison d’augustes psalmodies.
Amusée de charme à peine dévoilé,
Elle vit venir la romance fortuite,
A la merci d’aléas, éphémère et sans suite,
La dompter à loisir et d’humeur la geler.
Vie rangée, la passion pour les jeunes femmes,
Comme si son cœur eût refroidi pour toujours.
Mais elle a tôt senti le souffle de l’amour
La combler de plaisir, l’envahir corps et âme.
Cavaler la jument n’est plus des temps présents,
La chose arriva quand même, impromptue,
Comme la mélodie de cymbale battue.
Courtoisie et respect se mêlaient au charme,
Déployé encore de façon timide,
Par crainte d’offenser l’émouvante dame,
Au visage pourpre, tel un fruit de grenade.
Le chagrin commença vers la fin de l’automne,
En ville côtière qui ferma nos beaux flux,
M’internant dans l’antre du silence monotone,
M’accablant d’angoisse, sans espoir de salut.
Le mâle dégradé se sentit menacé,
Déclencha la scène par sinistre calcul,
Intéressé par les acquêts et d’amour nul,
Imposant contraintes par les temps dépassés.
Le retour s’illustra de grande surprise,
Le miroir reflétait un nouveau visage
De liens forts fluctuants d’affection imprécise
Sur un fond de l’amour encore vierge.
La tigresse rugit avec fureur et prit l’élan,
Les griffes saillantes, le regard foudroyant.
Mais c’était son tigre calme et prévenant,
Affable et médusé, resté sur son séant.
Colère effrénée et la porte claquée,
Magma en irruption, foudre abattue !
La belle révoltée fut davantage louée,
Sa page en braise défendait sa vertu.
La paix revint très tôt, les deux âmes unies,
Le filon d’or caché émergea en beauté
Et surgit la crainte de l’instant redouté,
La fuite en avant engagée à l’infini.
Du temps mort souhaité, réputé restaurer
L’amitié vite mue en amour méconnu
Le dessein recherché n’est plus à espérer,
Fragile autant qu’un fil de soie ténu.
Nos esprits se croisaient dans le firmament,
Libres comme le vent, embarqués dans un char
Attelé aux chevaux ailés, beaux et charmants,
Eblouis de douce lumière sans dard.
Nos corps rivés au sol demeuraient impuissants
A faire de nos vœux une réalité
Martyre sans appel de l’ordre oppressant
Imbu de sa force et sans rivalité.
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