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philosophie du Martyr Ahmed Bencherif

Le martyr Sadok El Hadj            

             Le jeune combattant Sadok El Hadj est né le 5 octobre 1931 à Ain-Sefra, fils de Mohamed Sadok et de Bencherif Zahra. Il n’avait pas eu la chance de fréquenter l’école et dès son adolescence, il était appelé à subvenir aux besoins vitaux de sa famille. Dans sa jeunesse, il était conscrit à faire son service militaire sous les couleurs françaises dans la guerre d’Indochine, comme de centaines de jeunes algériens. Il avait alors 20 ou 22 ans. Il s’était illustré par sa bravoure, son sens de la tactique et de la stratégie. Cependant, lui et ses frères combattaient sans le savoir un ennemi qui luttait pour sa liberté et son indépendance. Avec les combattants, l’occasion était offerte de se poser des questionnements sur cette guerre injuste et beaucoup d’Algériens et de Marocains s’étaient ralliés aux rangs des combattants vietnamiens qui faisaient la guerre pour une cause juste, tandis que les Français faisaient une guerre impérialiste. La défaite de l’armée française à Dien-Bien Phu le 7 mai 1954 sonna le glas au colonisateur français en Indochine qui accéda à son indépendance. C’était une grande humiliation de la France dont les contingents rentrèrent à partir de l’année 1956.

             Le jeune appelé Sadok El Hadj rentre alors à Ain-Sefra. Mais sa ville natale est déjà révoltée contre le colonisateur français. Il apprend que beaucoup de ses amis et de cousins ont regagné les rangs de l’armée de libération nationale et sont au Djebel.  Son oncle paternel, pour qui il avait une grande admiration, était lui aussi un maquisard. Il rejoint alors les rangs des Moujahidine la même année 1956. Il est alors affecté à la zone 8 Wilaya V dans le mont des Ksour. L’année 1957 se distingue par une importante évolution stratégique. La zone 8 est scindée en deux zones : Huit et Trois. La zone 3 est alors renforcée par deux cents combattants qui la rejoignent aussitôt dont notre glorieux martyr Sadok El Hadj dont votre lycée s’honore d’en porter le nom. La nouvelle zone est alors placée sous le commandement du capitaine Abdelwahab, tandis que la 8 est sous les ordres du capitaine Ben Ahmed Abdelghani. La même année, l’état-major de l’armée de libération nationale crée des commandos.

              Le commando 

              Le commando est une unité légère et autonome, placé sous le commandement d’un aspirant. Il est très mobile et opère sur tout le territoire de la zone qui est très vaste. Cette spécificité requiert de l’endurance aux fatigues à toutes épreuves et un sacrifice à tous les instants. Partout où il opère, il crée la panique chez l’ennemi et lui occasionne d’importantes pertes en vie humaines, en équipements de guerre, tels que les avions. Il s’approprie un appréciable butin de guerre, tels que des fusils, des mitrailleuses, des mines anti-personnelles, des pistolets et des munitions qui sont affectés pour les compagnies de la zone. Il est composé en moyenne de 36 éléments aguerris et expérimentés dans la guerre révolutionnaire.             

              Le commando III.

          Le martyr Saddok El Hadj affecté à la région 4, c'est-à-dire entre Aflou et Laghouat. Il est alors à la tète du commando 3 qui avait donné des craintes à l’ennemi et lui avait occasionné de grandes pertes en vies humaines et en matériel. Il était la terreur des régiments de l’armée française dans un vaste secteur opérationnel situé entre Messaad dans la Wilaya 6 et Aflou dans la zone 3 wilaya V. Ces hommes épais, hors du commun, parcouraient des dizaines de km par jour et accrochaient les troupes ennemies qui à chaque fois enregistraient de grandes pertes. Il forgea sa réputation parmi l’armée française qui lui donna le surnom de « commando fantôme » et à son chef le « commandant je m’en fous ». Sur cette tactique de combat, notre armée était en avance sur l’armée française qui créa finalement en 1959 les commandos dont celui de Georges. Cependant, les commandos français étaient composés de huit à dix éléments arabes. Ils n’étaient pas en outre autorisés à livrer combat à nos unités. Ils identifiaient les positions de nos troupes, télégraphiaient aux hélicoptères et aux avions qui rappliquaient et bombardaient nos combattants.

                   La dernière bataille du martyr Sadok       

                 Au cours de l’année 1959, le commando III livra deux batailles :

-. Tounza ou Qabeq. Cette bataille est plus connue sous le nom de ksar El Hirane distant de 40 km de Laghouat, plus précisément à oued Mzi. Elle s’était déroulée le 24 mai au lendemain de la bataille de Messaad dans la Wilaya VI de Djelfa. Notre commando de 36 éléments avait accroché à plusieurs centaines de soldats soutenus par les bombardements de l’aviation qui avait largué des bidons de Napalm dont l’utilisation était interdite par les lois internationales de la guerre. La bataille avait duré toute la journée et au soir nos valeureux combattants s’étaient repliés vers une destination sécurisée. L’ennemi était carrément battu et dut appeler des renforts au secours. Notre commando s’était redéployé en deux groupes. Les bombardements aériens étaient intensifs et limitaient l’efficacité de nos Djounoud. Alors, l’un des deux groupes brandit le drapeau français pour tromper l’ennemi, c’est alors que les bombardements aériens cessèrent. En détail, c’était une bataille héroïque qui mériterait bien un film pour mettre en évidence la tactique de nos commandos, sa détermination et son sens élevé du sacrifice.    

Le bilan était de 101 tués et plusieurs centaines de blessés parmi l’ennemi qui perdit également deux avions abattus et un hélicoptère endommagé. Nos frères perdirent 5 martyrs et eurent 3 blessés. Parmi eux, on relève le commandant Sadok El Hadj, dit si Benaissa, qui eut d’importantes blessures aux deux jambes, c’est ce qui explique que celles-ci sont nues en photo. Six de nos combattants furent faits prisonniers. Dans la mêlée, le cartable de si Benaissa avait été récupéré par l’ennemi.     

  •  Chaabat Zawouch.   

            Le commandant Sadok El Hadj reçut les soins nécessaires à ses deux jambes et avait repris les opérations militaires. La période de sa convalescence reste inconnue. Toujours est-il qu’il livra une bataille au mois de novembre. Son commando est alors à Ksar Hiran, au lieu dit Chaabat Zawouch. Il est rejoint par le moudjahed Tayeb Belmagherbi qui formait un commando depuis 6 mois à Aflou. Un agent double vint informer le commandant Sadok qu’une grande force était en route vers leurs positions. Or, Chaabat Zawouch était un terrain nu et plat qui n’offrait pas de rochers de remparts pour se positionner. Selon le même moujahed, l’ennemi avait déployé de très grandes forces, comme celles qui avaient été mobilisées depuis deux ans à Khenag Abderahmane. La bataille, nous dit-il, commença le matin du 11 novembre à 8 heures. Les troupes françaises avaient encerclé nos combattants et faisaient feu de tous les côtés. Les avions B26 bombardaient, les avions de reconnaissance mitraillaient, des bidons de napalm étaient largués. Sur terre, les canons et les chars pilonnaient nos positions. Une guerre aveugle était menée au commando, avec une rare violence et une vengeance inouïe. Ses pertes étaient de 15 martyrs dont Sadok El Hadj, de 10 prisonniers, plusieurs blessés, faits prisonniers, furent achevés. Selon le Moujahed Belmagherbi, seuls 4 commandos ont pu s’échapper à ce déluge de feu.

          Oui la vengeance ! L’ennemi a emporté les morts et les blessés à Laghouat. Il les  avait exposés sur des véhicules découverts qui faisaient un défilé macabre dans les rues de la ville pour donner un avis sinistre que toute rébellion s’exposait aux horreurs de ses crimes. Puis, il les a entreposés sur la place publique pendant plusieurs jours et Il avait jeté les dépouilles sacrées des martyrs en pleine nature.  

         Gloire à nos Martyrs ! Vive l’Algérie !                 

      

                                                                                  Naama le 17 février 2022

                                                                                      Ahmed Bencherif

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