Tes larmes
Tes larmes, chères à moi, ruissellent sur tes joues,
En un flot incessant, de nuit, quand tu es seule,
De jour, suspendu, à tes sourcils, comme un bijou,
Signe de ta douleur, à l’esprit, mon linceul,
Quand l’image te vient des couloirs aseptisés,
Des praticiens en blanc, m’assommant à risque,
Savants, mais froids à mon mal expertisé.
Tes larmes m’affligent et déchirent mon cœur,
Tes douleurs m’étreignent plus que les miennes,
Tes cris sont mes angoisses et s’élèvent en chœur,
Ma plaie saignante vient du roseau de ta peine.
Béni est ce ruisseau du grand lac de tes yeux
Bénie chaque goutte, sublimes, ses ondes,
Son courant pousse notre voile sous le ciel bleu,
Son écume banche, en cristaux, abonde.
Tes larmes arrosent les jardins de mon âme,
Irriguent mon arbre de la vie éprouvée,
Régénèrent mes racines et mes palmes,
Illuminent mon génie, par toi, sauvé,
M’insufflent l’audace pour mon combat douteux,
Me donnent les armes pour vaincre les aléas,
Attestent mon renouveau en chevalier preux,
Ecrivent en caractères d’or notre saga.