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Création du Ksar d’Aïn-Séfra selon les
Archives Françaises
Le Ksar d’Aïn-Séfra fût créé vers l’an 987 de l’Hégire – soit vers 1586 et quelques mois de notre ère par les enfants de Mohamed Ben-Chaïb – dit BOU-DEKHIL qui, contrairement aux habitants des autres ksars, ne sont pas d’origine berbère mais sont issus d’éléments divers de race arabe. Tous, cependant, prétendent descendre du Prophète par sa fille Fathma et ils possèdent des sedjira qui confirment ces prétentions d’où la généalogie suivante : El-Hossein – fils de Fathma, El-Hossein, Abdallah-ben-Hossein, Moussa-ben-Abdallah, Mohammed-ben-Moussa, El-Madhi (dirigé par Dieu), Moussa-ben-Mohammed-bel-Madhi – surnommé El-Djouzi, Daoued-ben-Moussa, Mohammed-ben-Daoud, Mohammed-ben-Mohammed, Yahia-ben-Mohammed, Moussa-ben-Yahia, Salah-ben-Moussa, Abdelkader-ben-Salah-el-Djilali, Abderrezak-ben-Abdelkader, Lokman-ben-Abderrezak, Ahmed-ben-Lokman, Mohammed-ben-Ahmed, Abdelkader-ben-Mohammed, Ali-ben-Abdelkader, El-Hossein-ben-Ali, Chaïb-ben-el-Hossein, Mohammed-ben-Chaïb dit BOU-DEKHIKL qui eut 5 enfants dont 4 garçons : Ahmed-ben-Mohammed, Bou-Dekhil, Mohammed-el-Hossein,, Mohammed dit Bou-Chenafa et Slamet la fille.
SIDI BOU DEKHIL, originaire de Zemmorah, habitait dans le cercle de Géryville chez les Arbaouat où il possédait quelques biens, entre autres, le puits de Hassi-el-Abiod.
Mohammed ben Sliman, père de Sidi-Cheikh, demanda et obtint la main de la jeune Slamet – fille de Sidi bou Dekhil. Slamet reçut en dot le puits de Hassi-el-Abiod ; mais les frères revendiquèrent leur part dans la possession du puits. Ce fut l’origine de dissentiments forts graves entre les Ouled-Sidi-Cheikh et les Ouled-Sidi-Bou-Dekhil qui se traduisirent par des luttes sanglantes.
Les Ouled-Sidi-Bou-Dekhil, vaincus, furent obligés d’abandonner le pays et chercher refuge dans la région d’Aïn-Safia (la source pure) qui fut plus tard appelée AIN-SEFRA (Source Jaune) du nom de la source qui sort de la dune et qui arrose une partie des jardins du ksar.
Pour se mettre à l’abri des attaques continuelles des Zoua et des Oules-Sidi-Chaikh, les Ouled-Sidi-Bou-Dekhil qui vivaient d’abord sous la tente au milieu de leurs troupeaux, construisirent alors des maisons qu’ils entourèrent de murs crénelés. Ils s’adonnèrent à la culture des terrains et achetèrent les terres de l’oued Bridj aux Beni-Amer et aux Ouled en Nehar moyennant 1000 moutons ; ils purent ainsi étendre leurs droits de propriété depuis Sekhouna jusqu’à Ressaf, entre Aïn-Séfra et Tiout. Mais ne purent véritablement vivre en paix qu’avec l’occupation définitive de la région par les troupes françaises.
Les ksouriens d’Aïn-Séfra sont donc d’origine arabe. Une partie d’entre eux, les Ouled-Daoudi descendants des Ouled-Sidi-Bou-Dekhil sont Cheurfa ; quant aux autres fractions, elles sont composées d’éléments divers : Laghouat Ksel, Beni-Snouss, Hamyan, Doui-Menia, Ouled Meddah, Ouled-Djerir et Ouled-el-Hossein serviteurs et domestiques des Ouled-Sidi-Bou-Dekhil qu’ils avaient suivi dans leur exil mais qui ne sont pas issus de la même souche, et appartiennent à des sectes religieuses différentes.
Au début le ksar était divisé en deux parties : l’une réservée spécialement aux Ouled-Daoudi, l’autre aux trois fractions Ouled-Youcef, Ouled Atta et Ouled-Meddah, avec défense expresse à ces trois fractions de sortir de leur quartier et de pénétrer dans la cité chérifienne sous peine de mort. Cette situation fit naître des dissensions qui se terminaient toujours par des coups de fusil.
Le ksar, bâti entre la dune et l’oued – non loin de la source, abritait la population arabe locale. Il est adossé à une grande ligne de dunes d’ environ15 kilomètres de long qui le sépare du Djebel Mekter. Comme tous les autres ksours, il se compose d’une agglomération de maisons grises bâties généralement en pierre, possédant une cour intérieure et un étage : Ces maisons, placées sans alignement les unes à côté des autres, forment des quartiers séparés par des ruelles étroites, tortueuses et obscures.
Le ksar qui comptait, en 1849, 260 maisons habitées n’en possède plus en 1950 que 120 ; 60 familles sont parties, avant l’occupation française, à Tlemcen où elles résident encore, 6 familles s’installèrent à Oujda, 70 autres s’étaient installées définitivement à Aïn-Nakhla dans la région de Fèz.
Les ksouriens d’Aïn-Séfra vivent en grande partie des produits de leurs jardins qui s’étendent sur les bords de l’oued et de la source (Aïn-Séfra dite Aïn-el-Ksar) jusqu’à l’oued. 300 jardins cultivés en toutes saisons produisent les fruits et légumes de toutes sortes et sont arrosés par les eaux de l’oued, par la source du kasar Aïn-Séfra et par Aïn-ed-Dzira qui se trouve dans l’oued.
L’oued Séfra coule d’une façon normale sans jamais causer de ravage lorsque les pluies d’hiver augmentent son cours. Toutefois les Beni-Amer avaient autrefois construit un barrage au pied de la butte sablonneuse sur laquelle s’élève la koubba de Sidi-bou-Djemâa en face de l’abreuvoir ; mais cet ouvrage, servant à détourner une partie des eaux de l’oued pour l’irrigation des jardins, composé de pierres sèches retenues par des piquets solidement fixés à terre, a été démoli.
L’organisation politique, administrative et judiciaire du Ksar, avant l’arrivée des Français, était administrée par une Djemâa.
Le 1er Caïd investi par les autorités françaises fut El-Arbi-ben-Allal nommé par décision du 12 mars 1861 en remplacement de Mohammed-ben-Ouis révoqué à la même date pour abus de pouvoir.
El-Arbi-ben-Allal fut remplacé à sa mort, le 9 octobre 1866, par Si-El-Mostefa-ben-Allal qui lui-même fut révoqué le 18 octobre 1869 pour son attitude équivoque dans l’affaire du Capitaine MORHIN de la Légion Eytrangère disparu chez les Amour en avril 1868. Il fut remplacé par El-Arbi-ben-Ouis – fils d’un ancien président de la Djemâa.
A la révocation de ce dernier, le 20 janvier 1871, Mohammed-ben-Allal entra en fonction et fut lui-même remplacé le 31 décembre 1880 par Hadj-Mohammed-bel-Arbi. Celui-ci dut s’enfuir pour échapper à la haine de ses administrés et fut remplacé, le 24 janvier 1882, par El-Hadj-Seddik-ben-Abdallah révoqué également pour inaptitude et remplacé par Taïeb-ben-Zerrouk. A sa révocation, le 9 mai 1900, le Caïd Mohammed-ben-Ouiss entra en fonctions ; c’était un homme jeune, de très bonne famille et animé du désir de bien faire. Il appartenait aux Ouled Daoudi qui faisaient partie d’une des trois fractions composant le ksar : les deux autres étant les Ouled Atta et Ouled Youcef.
Autrefois, avant la conquête française, les ksouriens d’Aïn-Séfra étaient – comme les autres ksouriens d’ailleurs – victimes de l’oppression violente des nomades qui força de nombreuses familles à s’expatrier ; l’installation française leur assura une complète sécurité qu’ils ne connaissaient plus depuis qu’ils avaient abandonné leur vie nomade.
La population du ksar compte 693 personnes : 251 hommes, 212 femmes et 230 enfants ; parmi les hommes on dénombre 97 guerriers : 7 cavaliers et 90 fantassins. Cette population vit dans 120 maisons. Leur cheptel est composé de 7 chevaux, 30 ânes,, 35 bœufs, 500 moutons et 450 chèvres.
Les femmes tissent les burnous et les haïks nécessaires aux besoins de la population. Les ksouriens sont relativement heureux et doivent uniquement leur bien-être à la sollicitude dont ils sont l’objet de la part de l’autorité et à la proximité d’une forte garnison et d’une agglomération assez importante d’Européens qui les emploient, leur achètent les produits de leurs jardins et avec lesquels, même, ils s’associent pour entreprendre des petits commerces.
De nombreux enfants du ksar suivent assidûment les cours de l’école primaire d’Aïn-Séfra. Quant à l’instruction arabe, elle est donnée par deux derrer : Si-Mostepha-ben-Taïeb l’iman de la mosquée et Si-Mohammed-ben-bou-Bekeur qui n’ont en tout et pour tout qu’une quinzaine d’élèves. Ces deux indigènes reçoivent, comme partout ailleurs, une kharrouba d’orge et des petites sommes d’argent.
Les besoins du culte sont assurés et la mosquée est desservie par un Iman salarié par le budget des cultes. L’immeuble ainsi que les koubba bâties aux environs du ksar sont entretenus par les soins des habitants. Les principales koubba d’Aïn-Séfra sont celles élevées à la mémoire de Sidi-bou-Djemaa, de Mouley-Abdelkader et de Sidi-ben-Saheli.
Les habitants d’Aïn-Séfra sont affiliés aux principales confréries religieuses suivantes :
Marabout de Kenadsa : les Ouled Daoudi représentent 35 familles de cet ordre et sont représentées au Ksar par l’ex-caïd révoqué El-Hadk-Mohammed-bel-Arbi
Marabout de Kerzaz : 27 familles des Ouled Atta constituent cet ordre et sont représentées par El-Hadj-Seddik, ex-caïd révoqué
Si-Abdesselam d’Ouazzan : cet ordre compte 25 familles des Ouled Youcef représentées par Si-Bou-Dekhil-ben-Sahraoui
Tidjania : seulement 4 à 5 familles sont affiliées à cette confrérie.
El-Hadj-Mohammed-bel-Arbi, Mokaddem de Kenadsa, El-Hadj-Seddik, Mokaddem de Kerzaz, Mohammed-ben-Abdelhaouhab de la fraction des Ouled Daoudi, Mohammed-ben-Ouis, représentent les personnages les plus influents du Ksar.
Cette première photo est une vue sur les Jardins du Ksar
Cette deuxieme photo est un plan de Ain Séfra tel que Séfra a existé jusqu'au début des années 60.
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