Le ciel s’assombrit soudain. De gros nuages gris l’envahirent, en cachèrent le plus petit point bleue. Ils l’étouffaient, roulaient trop bas, lourdement. Lesoleil s’y engloutit. La matinée avait mu en nuit. La visibilité était médiocre. L’éclair émit ses phosphorescences en zigzag, brutalement, l’instant de secondes, puis il s’éteignit. Le tonnerre gronda, ses explosions se succédèrent. Puis, la pluie tombait par nappes énormes. Les branches des arbres craquaient, se brisaient, se fracassaient bruyamment au sol. Les flots dégringolaient de la montagne à une vitesse foudroyante, arrachaient la terre arable, charriaient des débris de roche. Le vent soufflait à une vitesse foudroyante, hurlait lugubrement, rasait les herbes, arrachait des arbres, projetait des projectiles. Les bêtes mugissaient au loin, traquées par la catastrophe. Les cris des hommes terrorisés se confondaient à cette chorale sinistre.
Zouina fut prise de panique. Elle tournait et se retournait à gauche, à droite, toujours sur place, immobilisée. Elle cherchait désespérément un refuge. Il n’y avait nul abri dans son carré, même pas un arbrisseau et la forêt poussait en plus haute altitude. Elle était déjà transie de froid. Elle était trempée et ses vêtements s’étaient alourdis. La jeune femme n’avait d’issue que de rentrer au gourbi. Elle s’en alla en courant aussi vite qu’elle pouvait. Ses pieds pataugeaient dans la boue, ralentissaient sa course. Elle trébuchait et tombait, mordait la terre, se blessait aux mains et aux genoux, puis elle se relevait en un ultime effort. L’eau dégringolait de la montagne, formait des marres sur le sentier. Une multitude de rus coulait précipitamment.