Florence
Florence, doux rêve qui vient la nuit
Chanter la romance au son de la lyre,
Curer l’âme troublée par l’affreux ennui,
Guérir la plaie du cœur, chasser le délire,
Ouvrir les horizons au-delà des grands flots,
Elire le logis dans les bois verdoyants,
Cultiver le jasmin, épandre le pavot,
Insuffler dans ma vie ses charmes attrayants.
La lune disparaît lorsque tu apparais :
La voûte céleste est alors brillante,
Constellée en grappes par tes beaux attraits,
Œuvre d’art grandiose, sublime et fascinante
Au clair de Florence, la romance est chantée,
La sonate est jouée, les notes se plaignent,
Les houris évoluent en danses envoûtées
Et dans l’eau bleue du lac les cygnes se baignent.
Ta beauté surpasse les pierres précieuses,
Rouges et violacées, vertes et bleues, argentées,
Astre magnifique, de couleurs berceuses,
De radiations tendres, à jamais attestées.
Le soleil se couche, lorsque tu apparais ;
Alors le ciel est bleu, baigné de lumière,
La nature active dans ses plus beaux attraits,
Les jolis passereaux chantent leur grand concert,
Les fleurs s’épanouissent, les lys et les lilas,
Les herbes renaissent, les moissons durent l’an,
Les branchages valsent malgré leurs entrelacs,
Les senteurs enivrent, charriées par les vents.
Tes dards brûlent l’aigle dans son lointain envol
Et soufflent l’air chaud sur la neige qui fond.
Ma main ne brûle au feu de forêts des saules,
Mais brûle sur ta joue, jusqu’au derme profond.
Les fleurs épanouissent à ta seule haleine,
Avec précocité et de meilleurs éclats.
Mon talent s’enflamme de poésie pleine,
Par ton hale qui tient mon être dans ses appâts.
Florence, que mon cœur désire ta chaleur !
Il bat très fortement, mais ne se lasse point,
Brûle sans consumer, n’en ressent la douleur,
Eprouve le bonheur dans ses moindres recoins,
Conserve, malgré tout, de grandes énergies
Pour te suivre partout, t’arracher à ton sort,
Te donner à jamais son tiède logis,
Te montrer les plages merveilleuses et bons ports.
Quelle mélancolie ! La vie est si belle !
Par manque, par surplus on veut vivre longtemps,
On ne risque péril, on veut être en selle,
L’égoïsme plus fort, mesquin par tous les temps.
Aimer la joie, quel heur ! C’est un trésor enfoui,
Au fond de nous-mêmes, facile à cultiver,
Nous détend pour rien et divertit autrui,
Tisse fraternité, nous fait beaucoup rêver.
La mère nature renferme des splendeurs,
Que voit le poète d’un regard pénétrant,
De couleurs nuancées, de subtile candeur,
Dans chaque espèce et parmi les entrants.
Les feuilles mortes, si affolées par le vent,
Crissent subtilement, dansent allègrement.
Leur teint violacé jauni est émouvant,
Leur substance effritée fait apport chèrement.
Les bourgeons attendus s’atrophient cependant,
La neige si blanche tombe en avalanche,
La pluie abondante dévaste les champs,
L’abeille qui pique produit miel dans sa ruche.
Tu aimes me lire, mon style t’enchante,
L’image te charme, la verve t’enflamme,
Les strophes te bercent, l’inédit te hante,
Et comment Florence ? Tu en es la flamme ;
L’attente fut longue de nuits et de jours,
Brûlante à mesure que passaient les heures,
Confortée cependant par l’espoir sans détour,
Au fervent rendez-vous prometteur de bonheur.