Ain-Sefra
Ain-Sefra, lotie dans l’immense vallée,
Entre deux puissants monts boisés sur les hauteurs,
L’un bleu qui, sur la dune, semble rouler
L’autre marron qui se dresse en raideur.
Et tous deux se dressent très haut dans le ciel,
Captent des nuages dont ils gardent des eaux
Qui, dans leurs entrailles, suintent et se faufilent,
Se gonflent sous terre et forment des ruisseaux,
Réserve humide qui fait la félicité
De grandes cultures très riches et variées
Qui trahissent combien avec l’aridité
Du milieu naturel insolite et bigarré.
Aujourd’hui aride, jadis très humide :
Ce fut un marécage vaste et très arrosé,
Où partout l’eau faisait de la contrée féconde,
Dont toutes les moissons berçaient aux alizés.
Ce fut la savane sur les hauts plateaux,
Fournie abondamment en herbes très denses,
Enrichies de flore qui embaumait très tôt,
Adoucies de couleurs dont germaient les essences.
Sa faune africaine a disparu de nos jours :
Herbivores et fauves la peuplaient densément,
Depuis des temps anciens échus et sans retour
Jusqu’à l’ère de Juba, guerrier en mouvement,
Constructeur de cités, écrivain éclairé,
Agronome et fellah sur le pas de Carthage,
Chasseur de pachyderme au Sahara doré,
Auréolés de trophées sur tous les rivages.
L’éléphant, gros mangeur, broutait et s’abreuvait
Sur place sans chercher de nouveaux pâturages,
Au Sud vers de lointains et certains rivages
: Se roulait dans la boue et dans l’eau se lavait.
La girafe, belle de sa robe tachetée,
De félin, de pas fier, tous les sens en éveil,
Courait dans la brousse avec agilité,
Peinait à baraquer et prendre le sommeil.
Le buffle en habit noir, impressionnant de taille,
Doux en comportement, puissant en défense
Elit son pâturage aux sites de paille
Près des bois idéal abri par excellence.
Le gnou fou en course laisse des poussières
Sur ses pas bousculés comme une traînée
De poudre qui ne meurt et monte dans les airs ;
Jouant ou paniqué, il se sait dominé.
Le zèbre en rayures blanches et grises,
De bedaine pleine, de queue comme un fouet
Ne montre d’apathie, presque toujours muet,
Se prend en piège et sur le marais s’enlise.
L’antilope douce, belle et gracieuse,
Couleur fauve et blanche, de noirs yeux ravissants,
Rapide et agile, plus que merveilleuse,
Se cache dans l’herbe pour préserver son sang.
Le guépard tacheté avec grande beauté,
Rapide et silencieux, semble bien disposer
De muscles élastiques d’aisance et agilité,
Pour pourchasser sa proie bien inapte à ruser.
Très Puissant prédateur Il voit mal les couleurs,
Peut passer à côté de son gibier terré,
Busqué dans les touffes, mais il sent les odeurs,
Doté d’un flair très fin de tout temps avéré.
Le léopard musclé en robe tachetée,
Panthère d’Afrique fougueuse et féroce,
Parcourt la savane, crainte et redoutée,
Croque son gibier aux branchages denses.
Le crocodile rampant et excellent nageur,
Court vers l’eau des marres et d’étangs,
Attend en immersion avec joie et bonheur
Chaque proie assoiffée sous les crocs succombant.
Et enfin le lion ! Ce fauve et grand roi,
Couronné par les lois de mère nature
De belle crinière qui inspire l’émoi
Et l’émerveillement comme une parure.
Sur nos roches l’homme primitif, conscient
De son identité, laissa de son outil
Un trésor de dessins gravés à bon escient
De ses joies et chasses, d’expression retentie,
Somme de mémoire très riche d’age en age,
Qui permit d’aller sur ses traces à coup sûr
Afin de remonter le temps et ses plages,
Présent fabuleux trouvé sur la roche dure.