Abdelaziz Bouteflika, votre candidature à un 5ème mandat m’interpelle pour faire le constat de votre règne pendant 20 ans et les promesses que vous escomptez faire dans votre prochain quinquennat car vous serez élu, nous ne sommes pas dupes, vous avez tellement perfectionné le système de fraude électorale que nul ne peut vous battre en recourant aux urnes. Je disais votre règne, oui vous avez fait d’une république des martyrs, une monarchie de fait et vous avez brillé par votre pouvoir personnel. Vous avez mis hors jeu des personnalités politiques authentiques et honnêtes, des intellectuels de haut niveau et même les commis qui étaient à votre service n’en réchappèrent pas pour la simple raison qu’ils connaissaient mieux que vous, qu’ils étaient plus intelligents que vous. Vous avez œuvré à faire imploser les partis sérieux qui vous faisaient de l’ombre, vous avez renforcé votre pouvoir en vous alliant à de mauvais personnes dont l’intégrité était fortement suspecte ou bien établie. Vous ne pouvez accepter qu’il y ait près de vous des collaborateurs ou des opposants intelligents. Parce que votre intelligence est surtout confortée par la malice, soit de la ruse. Vous êtes un homme politicien tacticien. Vous n’êtes pas un stratège dont l’aptitude découle de l’intelligence. Puis la manne pétrolière était à votre disposition pour brimer les oppositions ou les protestations sociales. Vous avez créé une oligarchie que vous enrichie et vous avez balayé la classe moyenne qui faisait l’honneur d’une république sociale. Mais oui avec les 1200 milliards de dollars, vous auriez pu faire de l’Algérie un pays développé, plus développé que certains pays d’Europe comme la Suède, ou encore comme le Québec.
Dites-moi : est-ce que vous aimez l’Algérie ? Qui aime donne de l’amour, combat la corruption, se garde de corrompre les opposants, s’entoure de collaborateurs intègres, n’entrave pas le travail des gens de lumière, ne nourrit pas de jalousie à l’égard des représentants qui brillent, laisse les génies émerger, n’exclut pas ceux qui ont un avis contraire, donne le mérite à ceux qui le méritent, préserve les intérêts de la nation, ne fait pas des lois qu’il ne respecte pas, écoute l’opinion publique, traite d’égal à égal avec l’ancienne puissance colonisatrice, ne pratique pas une politique opportuniste.
Dites-moi : est-ce que vous aimez le peuple ? Qui aime son peuple ne lui siffle pas la fin de la récréation, comme à de médiocres écoliers. C’était votre première règle énoncée, clamée à la télévision publique devant un nombreux public. Pour vous notre peuple jouait, dansait et il fallait le mettre au pas, le transformer en individus serviles, des valets sans nom, ni personnalité. Vous aviez oublié que ce peuple sortait d’une guerre civile de dix ans, bravait la mort nuit et jour, avait payé une énorme dime du sang, dont était coupable ce régime de dictature militaire qui vous avait appelé pour le servir et non pas pour vous servir. Ce régime vous avait manipulé et vous aviez joué le jeu. Savez pourquoi ? Pour qu’il ne réponde pas de tous ces crimes d’humanité qu’il avait commis pendant cette période et de toutes les disparitions, pour supprimer les libertés publiques et individuelles, les règles démocratiques qui étaient l’œuvre de ce peuple que vous aviez honteusement sifflé.
C’était le pacte des diables entre les militaires et vous-même. Ils vous avaient laissé un espace de liberté que vous aviez mis à profit pour instaurer une république au mode janissaire de la régence turque dont le chef était désigné par ses pairs. L’élection présidentielle était là pour formaliser et officialiser ce schéma, aux yeux de l’opinion publique internationale qui y voyait un début de démocratisation mais qui était au fond un leurre pour l’opinion publique algérienne. Alors vous vous êtes entouré d’une mafia insatiable et impitoyable, corrompue jusqu’à la moelle épinière. Vous vous croyez astucieux. Mais les militaires s’étaient servis de vous, comme ils se servent maintenant de votre cadre portrait, depuis votre malheureux accident vasculaire cérébral en 2013. Ils ont accepté l’inacceptable déjà au quatrième mandat. Parce qu’ils ne s’étaient pas mis d’accord sur votre successeur, lequel successeur leur assurerait l’impunité, comme vous l’aviez assurée vous-même. Il est un fait indéniable est que l’argent mal acquis fait honte. Vous ne pouvez pas le savoir, vous car tout ce qui existe, pousse en Algérie est pour vous votre propriété personnelle et que ce peuple algérien était né pour vous vénérer.
Je disais que pour vous ce peuple était né pour vous vénérer. Vous avez toujours eu pour lui du mépris, qu’il devait apprendre à manger, à marcher, à parler avec la permission de ses seigneurs, par vous rendus chevaliers.
3 mars 2019