République Algérienne Démocratique Populaire
Naama le 7 mars 2019
Nous, Ahmed Bencherif écrivain engagé
Activiste des manifestations pacifiques
Contre le 5ème mandat présidentiel
De Monsieur Abdelaziz Bouteflika
Algérie
A Monsieur Le Président
Du Conseil Constitutionnel
Alger
Vous conviendrez, Monsieur le Président, que notre pays traverse une crise institutionnelle grave qui découle de la candidature de Monsieur Abdelaziz Bouteflika, à un cinquième mandat à l’élection présidentielle, lui-même au pouvoir depuis avril 1999, après de multiples amendements de la Constitution du Peuple Algérien, seul dépositaire de la souveraineté nationale.
Or, cette candidature est largement contestée par des manifestations massives à travers l’ensemble du territoire national, du plus petit douar à la plus grande ville, du nord au sud, d’est en ouest, ainsi que parmi notre communauté à l’étranger, notamment en France, au Canada, en Grande Bretagne….. Ce rejet est motivé par l’incapacité physique et mentale de Monsieur Abdelaziz Bouteflika, en soins intensifs vitaux au centre hospitalier universitaire de Genève. C’est dire qu’il est maintenu en vie cliniquement et sous assistance et surveillance médicales permanentes.
Comment alors peut-il se présenter comme candidat dans un état de santé critique, comment alors son directeur de campagne peut-il déposer le dossier de candidature et fournir un certificat médical attestant des pleines capacités physiques et mentales de Monsieur Abdelaziz Bouteflika et pire en faire l’annonce. ?
Cette démarche, vous le concéderez, est contraire :
- aux lois de la République, notamment la loi électorale, qui ne prévoit pas de procuration pour le dépôt de dossier de candidature. Mais aussi, l’article 139 qui est promulgué dans une formulation très vague et ouvre les portes à diverses interprétations. Or, le mérite de la loi, c’est la précision, car elle applicable pour et par les tiers. En tant que magistrat, vous connaissez ceci mieux que moi.
- Il est contraire à la morale qu’un candidat à la haute magistrature suprême ne se présente pas, pour déposer son dossier de candidature, au conseil constitutionnel, qui est une juridiction par excellence.
- Par souci d’impartialité, votre institution doit exiger pour tous le dépôt par le candidat en personne, lequel doit surseoir à toutes ses activités par humilité et respect à l’acte de candidature.
- En hommage à l’électeur, et aussi par respect, le candidat doit faire lui-même sa déclaration publique de candidature.
C’est vous dire, Monsieur le Président, que les choses n’ont pas été faites dans les règles de l’art, ni en conformité avec la loi. Et, vous savez autant que moi, que le peuple Algérien honnit l’affront et il s’est senti humilié de ce procédé, qui est loin d’être orthodoxe. Vous n’êtes pas sans ignorer que ce vaillant peuple a accepté le quatrième mandat qu’à contre cœur et il avait vu comment son président était représenté pendant cinq ans par des commis de l’Etat et il en souffrait jusque dans les profondeurs de son âme.
Avec votre permission, Je reviens alors aux manifestations qui continuent depuis le 22 février, d’occuper l’espace public et de défrayer la chronique. Malgré leur caractère pacifique, elles génèrent de trop grandes inquiétudes et il ne semble pas qu’elles ne vont pas s’apaiser et au contraire s’amplifier, vu les défections enregistrées jusqu’ici des anciens soutiens de Monsieur Abdelaziz Bouteflika, lequel ne donne aucun signe positif pour se retirer de cette joute électorale. Le fera-t-il ? C’est la grande inconnue qui inquiète l’état d’esprit de notre grand peuple dont vous êtes un fils.
Jusqu’ici la rue gronde et Monsieur Abdelaziz Bouteflika n’opère pas le retrait que nous escomptons tous. Personne ne peut exclure de dérapage qui entrainerait de fortes violences sur les biens et les personnes, suivies évidemment de répressions des forces de l’ordre. Plus le temps passe, plus nous vivons des phobies. Nous tous clamons : « pacifique ! Pacifique ! ».
Alors, je viens en toute humilité et modestie vous rappeler que vous détendez la solution et de bon droit. En effet, le règlement intérieur du Conseil Constitutionnel édicte que le candidat se présente lui-même pour déposer son dossier de candidature. Pour ce qui est de la santé du candidat Président, la loi, la morale et le bon sens vous commandent d’exiger un certificat médical de ses médecins traitants, en l’occurrence ceux du centre hospitalier universitaire de Genève.
Des millions d’Algériens attendent de vous que vous preniez vos responsabilités historiques et traiter le dossier de candidature de Monsieur Abdelaziz Bouteflika comme cité ci-dessus. Dans n’importe quel cas de figure, l’histoire vous jugera ou de façon positive ou négative. Pas seulement ! Car votre conscience sera ou en paix ou troublée.
Je vous le concède la décision que votre peuple attend de vous n’est certes pas facile à prendre. Néanmoins, vous devez la prendre en ce sens que les hommes partent et notre patrie reste la mère de tous ses fils jusqu’à la fin des temps. C’est un honneur pour vous de l’assumer et vous en tirerez toute la reconnaissance de l’opinion internationale qui dira que notre nation ne manque pas de responsables sensés.
Je vous prie, Monsieur le Président, de juger notre demande, qui est celle de millions d’Algériens, en toute impartialité et objectivité, loin, bien loin de toute considération affective qui vous lierait avec le candidat Président, lequel sera jugé sans appel par l’histoire ainsi que vous-même.
Veuillez agrée, Monsieur, toute mon estime et ma haute considération.
Amed Bencherif, écrivain
Auteur de Margueritte
Ahmed Bencherif
Boite postale 9
Naama