Bédouine
Dans tes nappes alfatières sans rivage,
Planes comme la mer, sans grande profondeur,
Ondulées par le vent qui souffle avec rage,
Qui cachent dans leur terroir mille splendeurs,
Tu sens le temps filer sans allure entre tes doigts,
Comme un fil de tissage jamais épuisé,
Départi entre un long jour sans émoi,
Une courte nuit sans veillée tamisée.
Tu es la reine de ces espaces infinis,
Austères et prodigues, calmes et solitaires,
Doux et implacables, prospères et bénis,
Bucolique au rythme de mélodieux airs.
Ton poète improvise des stances de l’amour
Te magnifie en vers et brosse ton portrait,
Maquillée de kohol, paré de tes atours
Outrageusement tatouée, et pleine d’attraits.
Et tu vas ! Tu vas vers la source jaillissante
Dans un lit végétal ombragé de peupliers,
sur la rive haute de l’oued qui serpente,
Toujours présent par ses crues jamais oubliées.
La flûte t’attire, ses échos amplifiés.
Son air mélodieux t’embarque dans son char,
Ses notes graves ou gaies t’ont désormais déifiée,
Par un sacre immuable loin des regards.
Ton berger te reçoit sous les feuilles vertes
Aérées aux rayons de soleil infiltré
Qui bruissent au zéphyr annonçant l’amourette,
En ce rivage loin des regards indiscrets.