Diadème d’Hippone
Née voilà trois longs millénaires passés,
Sur la rive sud de la Méditerranée,
Pour un comptoir de négoce très agencé
Par de grands marins de Tyr bien intentionnés,
Les premiers créateurs de l’alphabet au monde,
Excellents navigateurs, par beau temps ou houle,
Bâtisseurs de cités en Syrie où abonde
La moisson dans les champs, pour le bien des foules,
Ils mouillèrent sur un littoral quasiment nu
Sans moindre refuge naturel, voles aux vents,
En courbe harmonieuse du golfe continu
Des caps De Garde et Rose comme un brise-vent.
Ah ! Belle surprise pour ces marchands marins :
L’immense plaine fertile et bien irriguée,
Arrosée de cours d’eau qu’été ne tarisse un brin,
Couronnée de collines aptes à prodiguer,
Abrité encore de forêts profondes,
Habitat d’une faune infiniment variée,
De l’ours au lion et tout un petit monde,
D’outardes capturées en nombre à la criée ;
Forêts riches en bois précieux thuyas et chênes,
Du cèdre de l’Atlas, sapins et oliviers,
En hautes herbes nourricières et saines,
Gorgées en variété d’un notable gibier.
« Ubbon, s’écrièrent les chanceux caboteurs,
Un golfe, site de nos comptoirs prospères,
Faisons commerce aux Africains enchanteurs,
Elaguons les arbres, labourons les terres ».
extrait