République algérienne démocratique populaire
Ministère de la culture
Wilaya de Naama
Union des écrivains algériens
La section locale
Des écrivains algériens de Naama
Organise :
Le colloque international sur Isabelle Eberhardt
Du 24 mars 2015 au 28 mars 2015
Argumentaire
Thème : revisiter les œuvres d’Isabelle Eberhardt
Avant de s’algérianiser, Isabelle Eberhardt vécut dans la ville pacifique de Genève, qui à partir de 1877 jusqu’au début de 1900, mue considérablement de ville refuge romantique et pacifique pour de nombreux écrivains en ville refuge des révolutionnaires d’Europe dont les nihilistes russes. Donc à l’âge adolescent, elle s’imprègne de ces idées révolutionnaires et en tant que sujet russe, elle est suivie et suspectée par la police du Tsar. Elle est alors réprouvée et va se chercher ailleurs. Elle éprouve de la répulsion à l’autorité et devient vite réfractaire. Ce tempérament révolutionnaire va s’exprimer une fois algérianisée et convertie à l’islam. Quand elle dit, à propos de l’Algérie, pays d’Afrique, c’est qu’elle dit que l’Algérie n’est pas un pays d’Europe, encore moins de France. Pour elle, c’est plus qu’une revendication ; c’était une manière voilée de dire non à l’Algérie française, Alors sa plume va naturellement traduire les misères et les exactions dans ses nombreux écrits.
Isabelle aura initié un vaste mouvement de nomadisme culturel chez la femme, une émancipation forcée et avant l’heure. Elle-même s’était inspirée de Pierre Loti, officier marin, écrivain voyageur. Elle voyage, recueille les matériaux sur les mœurs et coutumes de ses coreligionnaires. Et ce n’est pas un hasard, quand elle dit : « être née musulmane ». Dans cette optique, elle ne vise pas la naissance biologique, mais la naissance spirituelle et qu’il ne fallait pas mettre en doute sa conversion à l’islam. C’est ainsi que ses voyages la menèrent quasiment dans le Sahara dont elle était amoureuse par la simplicité des mœurs des gens, la douceur du paysage et l’infini de l’espace. Peut-on alors avancer sans risque d’être confondu que son travail de recherche littéraire avait pour finalité de l’espionnage à la solde du pouvoir colonial qui disposait d’une grande bibliothèque de données monographiques établies par ses officiers des Bureaux Arabes ou de ses géographes et ses anthropologues ?. D’ailleurs sa forte personnalité, qui était phénoménale, ne pouvait pas lui permettre de recourir à ce procédé vil pour subvenir à ses besoins. Isabelle Eberhardt avait bien plus dominé, évincé, néantisé ce complexe d’enfant illégitime qui marque l’individu jusqu’à sa mort.
. L’Algérie était son pays de prédilection et pour concrétiser son projet, elle étudia à Genève l’arabe et le kabyle grâce à ces correspondants arabes ou égyptiens ou nord-africains.
Est-elle reporter de guerre ? Elle travaille avec le périodique bilingue Alakhbar dirigé par Victor Barrucand, un membre de la ligue des droits de l’homme de Paris ; elle collabore aussi avec la Dépêche Algérienne ; comme reporter de guerre, elle débarque à Ain-Sefra pour interviewer les blessés du Moggar, par suite de la bataille livrée par le cheikh et héros sidi Boua- Amama, aux troupes françaises en garnison à Ain-Sefra. Le cheikh de la zaouïa vers la fin du 18ème et début 19ème siècle était Miloud ben Merine Alcharif (mon grand-père) qui avait exercé l’office de l’imamat pendant 50 ans. Les biographes ne révèlent aucun des contacts avec la population du ksar, ni avec le cheikh de la zaouïa qui était incontournable au niveau des relations sociales ou des questions religieuses dont pouvaient avoir recours les musulmans y compris Isabelle qui devait bien avoir besoin pour satisfaire sa soif d’apprentissage mystique et religieux. Pour ce qui est de la zaouïa Qadiriya, dont elle est affidée, elle est d’implantation récente et ne compte pas beaucoup d’adeptes.
Par quel style, elle conquiert et envoute son lectorat ? Elle est quasiment romantique, mais la violence révolutionnaire est inexistante pour ainsi dire. De même, sa plume n’est aucunement journalistique, autrement dit elle ne communique point un important volume d’informations en peu de mots dans un article de périodique. Cependant son écriture est bien engagée aux cotés des misérables indigènes.
Sur le plan matrimonial, elle conserve sa liberté, elle se veut l’égal de son mari ; bien sur elle refuse cette soumission docile qui ne mène guère la femme à s’émanciper. Sur le plan spirituel, elle garde son libre arbitre, elle ne se soumet à la fatalité du Mektoub auquel croit le musulman. Là aussi elle continue de s’insurger et ce n’est guère le général Lyautey qui aura à la domestiquer et qui disait d’elle : « femme réfractaire »
AXES
1-Le style d’écriture journalistique,
2-La perception de l’islam dans les écrits d’Isabelle,
3-L’art romanesque dans ses écrits littéraires,
4-La classification de ses œuvres : sont-elles littéraires, journalistiques, historiques. ?
5-Dimension africaine existentielle pour Isabelle Eberhardt.
6-Pionnière dans l’écriture féminine du voyage
7-Algérie, sa terre de prédilection
8-Rapports de Lyautey avec Isabelle Eberhardt
9-De l’engagement
10-Mur de silence sur son séjour quant à ses relations à Ain-Sefra ni au ksar ni au village, Pourquoi ce vide laissé par ses biographes ?
Fait à Naama le 22 novembre 2014
Le président du colloque
Ahmed Bencherif