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le moqadem marguerite t1 ahmed bencherif

         Le moqadem avait récité des versets, extraits de la sourate Marie, qu’il aimait particulièrement psalmodier dans ces moments de quiétude, car la naissance de Jésus Christ fut un miracle dont furent témoins les hommes : « Je suis le serviteur de Dieu ; il m’a révélé l’Evangile et m’a consacré prophète ; je suis partout béni ; il m’a recommandé la prière et l’aumône ».Comme la Sainte Bible, le Coran enseigne sur les miracles qu’il avait accomplis. Jésus apparut au moment où l’idolâtrie dominait et prêcha les gens à suivre la voie de Dieu. Mais, l’intolérance des sociétés entrava son œuvre et il ne resta sur terre que trente trois ans. Ses disciples, Mathieu, Marc, Luc et Juan, rédigèrent l’Evangile qu’ils diffusèrent avec beaucoup de mal. Et vint le Coran, pour compléter le message divin et combattre l’idolâtrie. Ce livre saint ne différencie point entre les prophètes, Moise et Jésus, dont les noms sont empruntés dans le monde musulman pour baptiser les enfants. Il n’y a pas plus cher chez les parents que de donner à  leurs enfants un nom de baptême : c’est un rite sacré chez les Musulmans ressenti souvent par prémonition de la mère et qui s’accompagne par le sacrifice d’un mouton. Ainsi, Jésus n’est autre que Aissa en Arabe et Moise n’est autre que Moussa.       

         Une heure plus tard, une vieille casserole, battue longuement par un bâton, fit un bruit assourdissant dont les échos traversaient le champ de culture avec autant d’intensité. C’était le signal qu’attendaient les hommes pour laisser au repos leurs outils et écouter toute une nuit les pulsations douloureuses de leurs muscles. Ils se retrouvèrent tous au petit bois de pistachiers et on leur servit le dernier repas du jour. Le menu restait invariable que les précédents, mais il était aussi consistant et garni. La grande fatigue, qui les terrassait, était ressentie plus que la faim. Elle ne donnait plus le même entrain à la bouffe et provoquait un amer goût anorexique. On n’écoutait plus son ventre, mais on se massait les bras et les jambes qui fourmillaient. Le repas dura une éternité dans une ambiance abominable dominée par des bâillements entrecoupés et des geignements. Les plats, qui conservaient des restes, furent remportés, chose qui étonna tout le monde. Cette vision désolait profondément le moqadem qui se dit qu’on ne pourrait jamais rétribuer l’effort et la sueur de ces gens laborieux pour qui le travail était l’une des choses sacrées ici-bas et il se tint serment pour leur verser un supplément en numéraire ou en nature, en usant de toute son influence sur ses pairs, quitte à subir personnellement la différence.                

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