la bataille de la Macta de l'émir Abdelkader

Ahmed Bencherif       

                                              Ecrivain chercheur

                                      Conférence à la maison de la Culture  

                                       Abdelkader Alloula Tlemcen

                                     Samedi 27 mai 2023 à 14 heures

                                     Thème : la grande bataille de la Macta

     La société algérienne au premier quart du XIX ème siècle  

          Le caractère tribal de  la société algérienne persiste et le domaine agricole privé très limité n’a pas permis la fondation d’une bourgeoisie nationale encore moins des propriétaires féodaux. Cet état économique laissait le pouvoir entre les mains du divan de la république militaire algérienne.

          Les  communautés sont Kabyles Zouaouwa, Kabyles, Arabes, Maures d’Andalousie, Coulougli, Turcs. Mais il existe une excellente cohabitation entres ces groupes ethniques, cimentée par la religion commune, l’islam.

          Au niveau sociologique, il existe deux genres de tribus :

            -. Les tribus Makhzen. Elles sont puissantes, guerrières, riches. Elles occupent les plaines. En période de paix, elles perçoivent l’impôt sur les autres tribus qui leur sont attachées, qu’on appelle : Raya ( sujets). Elles-mêmes ne paient pas d’impôt. En temps de guerre elles sont mobilisées contre l’ennemi extérieur ou pour réprimer une rébellion intérieure, ou encore soumettre une tribu non soumise. Elles sont les auxiliaires de la petite armée turque. En fait, elles forment le gros de l’armée. Elles sont parfaitement connues par le divan. On peut citer un exemple les Douers et les Smélas.

            -. Les tribus Raya. Ce sont des sujets soumis à l’impôt. Elles sont pauvres et non armée en général, très peu nombreuses. Elles ne possèdent pas de cavaliers ni d’armes à feu. En  cas de danger, elles sont protégées par le pouvoir ou les tribus Makhzen.        

                La puissance d’Alger réside dans sa marine de guerre redoutable, invincible. Elle possède plus de 35 vaisseaux et généralement ce chiffre baisse rarement.

               L’effectif de l’armée turque est de 12.000 hommes et parfois, en temps de paix, ce chiffre descend jusqu’à 3.500 hommes. Elle est réservée aux Turcs d’origine, après qu’elle eût incorporé dans ses rangs des Maures et des Coulougli, par crainte de perdre le pouvoir.    

             Le pouvoir turc s’appuyait aussi sur les confréries religieuses ou les familles maraboutiques. Sans les tribus Malhzen, le Pouvoir turc n’aurait pas duré cette longue période, d’autant que les révolutions du peuple étaient courantes.  

  1. Préliminaires  
  1. L’expédition française contre Alger 14 juin 1830  

                     Le corps expéditionnaire se compose :   

                     1. l’armée de terre se chiffrait à 37.551 hommes et 4.008 chevaux. Le parc de siège est composé de 82 pièces de gros calibre, 9 mortiers. 

               2. La flotte de guerre se composait de 20 vaisseaux, 24 frégates et 70 bâtiments ; la flotte de transport est formée de 500 navires pour le transport des troupes et du matériel, des munitions et des vivres pour deux mois.

                 Le corps expéditionnaire est réparti en 3 divisions :  

                 1. La première  division sous les ordres du général Berthezène, elle-même fractionnée en 3 brigades sous les ordres des généraux Poret de Morvan, baron Achard, baron Clouet ; colonel Brossard, chef d’état-major de la division.     

                 2. La deuxième division sous les ordres du lieutenant général du comte de Loverdo, elle-même fractionnée en 3 brigades ; la première sous les ordres Danrémont, Munck d’User, Colomb d’Arcines ; colonel Jacobi, chef d’état-major de la division. 

                3. La troisième division sous les ordres du lieutenant général duc Des Cars, elle-même fractionnée en 3 brigades, sous les ordres des généraux vicomte de Berthier, baron Hurel, comte De Montlivaut ; colonel Pétiet , chef d’état-major.      

                Le 14 juin 1830, cruelle mémoire   

                Le 14 juin 1830, c’est l’agression contre Alger par le corps expéditionnaire sous le commandement du général de Bourmont. Alger, la citadelle hier encore imprenable, tombe aux mains des Français. C’est la chute du pouvoir des Turcs. Le dey Hocine capitule le 5 juillet et il lui est permis par le commandement militaire français de regagner la Turquie en emportant sa fortune estimée à quatre millions de francs.

                Soucieux de préserver son pouvoir et ses intérêts, le bey d’Oran, Hassan, sollicite l’appui de Mahiedien qui va à Guetna tenir un conseil de tribu pour étudier la proposition du bey. Les membres sont unanimes pour aider le bey à préserver son pouvoir. Mais Abdelkader s’insurge et dit qu’il n’y avait pour sa famille aucune certitude pour protéger le bey Hassan contre le ressentiment général de la population dont il faisait l’objet. Il ajoute qu’un autre motif s’oppose à donner l’asile au bey Hassan : donner l’asile au représentant d’un gouvernement tyrannique méprisé et exécré serait considéré par les Arabes comme une approbation de sa conduite passée. Aussitôt mieux éclairés les membres du Conseil se rangèrent de l’avis d’Abdelkader.

                Oran

                  Le 4 janvier 1831, le général Danrémont entre à Oran et le dey Hassan s’embarque pour Alexandrie.  L’anarchie règne alors sur fond de brigandages les haines et les rancunes ravivent les passions

                Le cheikh Mahiedine, père d’Abdelkader, organise la défense    

                Abdelkader  se distingue sous les ordres de son père dans les confrontations du 3 et 7 mai, 16 et 23  octobre, 10 et 11 novembre de l’année 1831, sous les murs d’Oran. Abdelkader pieux, élégant, intrépide cavalier, habile dans les exercices du corps. Dans la rencontre du 7 octobre, chargeant jusqu’au milieu des lignes ennemies, il faillit être prisonnier et  son cheval avait reçu sept coups de baïonnette.  Sous le feu terrible, il réussit à ramasser son neveu si Tayeb blessé. 

               Mahiedine est sollicité pour son investiture de sultan, il refuse.  Sollicité encore une fois le 22 novembre 1832, il concède et consulte son fils Abdelkader qui répond : « le livre de la foi à la main et si la loi me l’ordonnait, je ferais moi-même  une saignée derrière le coup de mon frère ». « Voici le sultan annoncé par le prophète. C’est  le fils de Zohra. Obéissez-lui comme vous obéissez à moi, dit le pieux Mahiedine ».

               La puissance d’Abdelkader est précaire. Il est nommé par trois tribus seulement, et il ne possède pas d’argent, qui est le nerf de la guerre. Il avait seulement trois pièces de 3 boudjous (3,50 francs) qu’il gardait dans un pan de son burnous. Pourtant, Il allait faire face aux dépenses d’un gouvernement régulier et à triompher de la résistance des chefs rivaux qui se disputaient la province d’Oran. Mascara lui fait allégeance et il en fait sa capitale.

            Du côté français et sur la courte période 1831-1832, il y eut un mouvement des généraux de la division d’Oran, tous incapables de sortir des murs de la ville et dont les troupes rationnaient les vivres par le fait des difficultés de ravitaillement par terre. Car les tribus enveloppaient en permanence la ville. Quant au ravitaillement par mer, il durait plus de deux mois. Au général Damrémont avait succédé, en avril 1831, le général Faudois. Celui-ci est remplacé par le général Boyer surnommé le cruel.il est à son tour remplacé par le général Desmichels le 23 avril 1833. Celui-ci passe à l’action et lance des offensives sur Arzew et Mostaganem qu’il occupe.

            L’année 1833 vit une série d’attaques de l’émir dont celle de Mostaganem. Les soldats de l’émir dépourvus de canons munis de pioches et à découvert défoncent les murs de la ville. Dans le courant de la même année, l’émir s’empare de la ville de Tlemcen triomphant et chassant le khalifa ben Nouna du sultan Moulay Abderahmane. Désormais, il a deux points d’appui : Mascara et Tlemcen. 

             Le général Desmichels est maitre de la ville d’Oran à l’intérieur des murs de celle-ci, qui est de plus constamment sous les attaques d’Abdelkader. Il est presque prisonnier dans sa propre garnison, privé de ravitaillement et le risque de sortir razzier les tribus limitrophes n’est pas sans danger. Il doit en priorité faire nourrir ses hommes de troupe. Pour atteindre cet il a un besoin pressant de paix. Aussi, il tente une négociation avec l’émir. Ce sera le traité Desmichels.   

              Le traité Desmichels

              « Traité de paix (Traité Desmichels). Le Général commandant les troupes françaises   

 dans la province d'Oran et l'Émir Abdel Kader ont arrêté les conditions suivantes :

              ARTICLE PREMIER. — A dater de ce jour, les hostilités entre les Français et les Arabes cesseront. Le Général commandant les troupes françaises et l'Émir ne négligeront rien pour faire régner l'union et l'ami lié qui doivent exister entre les deux peuples que Dieu a destinés à vivre sous la môme domination. A cet effet, des représentants de l'Émir résideront à Oran, Mostaganem et Arzew ; de même que, pour prévenir toute collision entre les Français et les Arabes, des officiers français résideront à Mascara.

             ART. 2. — La religion et les usages musulmans seront respectés et protégés.

             ART. 3. — Les prisonniers seront rendus immédiatement de part et d'autre.

             ART. 4. — La liberté du commerce sera pleine et entière.

             ART. 5. — Les militaires de l'armée française qui abandonneraient leurs drapeaux seront ramenés par les Arabes. De même, les malfaiteurs arabes qui, pour se soustraire à un châtiment mérité, fuiraient leurs tribus et viendraient chercher un refuge auprès des Français, seront immédiatement remis aux représentants de l'Émir, résidant dans les trois villes maritimes occupées par les Français.

            ART. 6. — Tout Européen qui serait dans le cas de voyager dans l'intérieur sera muni d'un passeport visé par le représentant de l'Émir à Oran et approuvé par le Général commandant. ». 

                                                        Le 26 février 1834

          Incidences du traité Desmichels

    Cependant le général crut à un succès et rendit compte avec un orgueil distingué à son gouvernement.  Il se met en valeur dans les lignes suivantes :

             «   Je vous annonce la soumission de la province d'Oran, la plus considérable et la plus belliqueuse de la Régence. Ce grand événement est la conséquence des avantages qui ont été remportés par les troupes de la division. »

            Le traité envoyé à Paris reçut un accueil froid. Sa validation n’a pas suivi la ratification habituelle parla  voie parlementaire. Le gouvernement autorisa le général à signifier par écrit à Abdelkader que le roi avait approuvé le traité.

           En clair, Abdelkader est libre d’agrandir son royaume et d’y intégrer les tribus de gré ou de force afin de détruire leur sentiment d’indépendance et leur donner en échange le sentiment national nécessaire à la résurrection de la nation algérienne. Il est conscient de cette mission noble et ardue et il entreprend de la réaliser en organisant son administration naissante. Il n’a pas non plus l’intention de se confiner dans les limites territoriales de la province d’Oran. La sécurité de la province d’Oran donnait à réfléchir aux tribus qui n’y dépendaient pas et qui étaient exposées aux raids des coupeurs de route ou de razzias de l’armée d’Afrique (française). C’est ainsi qu’une délégation des tribus du Titteri vint à Mascara voir l’émir et lui proposer de dépendre de son commandement. Il va en effet annexer de nouvelles tribus, de nouveaux territoires.  Donc, Abdelkader a un projet national à mettre en œuvre. Toutes les tribus d’Algérie apprécient l’ordre et la sécurité que l’émir Abdelkader a instaurée.

           Abdelkader combat aussi les tribus le long du Chélif dont il triomphe et crée deux khalifats Mohamed El Berkani à  Médéah et El HADJ Mahi Esseghir à Meliana après avoir battu si El Aribi et hadj Moussa un marabout du désert qui s’était emparé de Médéah. Le traité Desmichels ne lui imposait aucune limite territoriale.

           Violation unilatérale du traité de paix

           L’émir Abdelkader envoie une copie du traité Desmichels au gouverneur général, le général Drouet d’Erlon. Celui-ci prend connaissance pour la première fois de la dite convention, quand il constate que le souverain arabe ne reconnait pas l’autorité de la France. Il prend une colère vive et requiert instamment le rappel du général Desmichels qui est remplacé par le général Trézel qui prend le commandement de la division d’Oran en février 1835. Le gouverneur général et le général Trézel sont tous d’avis pour modifier le traité Desmichels et obliger l’émir Abdelkader à reconnaitre l’autorité de la France et en être le vassal.   

           Trézel avait violé le traité Desmichels en commettant une razzia sur la tribu Hachem Ghraba, à laquelle appartient l’émir Abdelkader. Le général n’ignorait pas ce lien de parenté. Il avait fait faucher leurs moissons, piller leurs tentes. Abdelkader avait été mis au courant. C’est en clair une violation flagrante du traité de paix. C’est l’affrontement que recherchait aussi l’émir Abdelkader. C’est la grande bataille de la Macta.

          La bataille de la Macta     

            Position géographique, indication approximative  

            Les marais de la Macta sont situés à 15 km au nord-ouest de Mostaganem et débouchent sur la plaine de l’Habra. Ils sont gardés par les monts Beni Chougrane au nord-est et les monts Tessala au sud-est. Le bassin versant fait une superficie de 14.390 km2. L’oued Sig est dans leur voisinage.  

           Les forces

  1. l’émir.

                L’émir déploie sur les rives de la rivière Sig, dans sa direction, 2.000 cavaliers, 800 fantassins. Mais des renforts étaient arrivés de Tlemcen dont on n’a pas les chiffres hélas.

             2. Le général Trézel sort le 26 juin 1835, à la tête d’une colonne de 5.000 fantassins, un régiment de Chasseurs d‘Afrique, quatre pièces de montagne, vingt voitures de ravitaillement, un grand nombre d’ambulances.

               II. Relation  

            Les Douers et les Smélas veulent commercer avec la garnison d’Oran, en échange de leur protection et du coup échapper aux exigences de l’émir qui leur avait enjoint de quitter les environs d’Oran pour s’installer du côté de Messerguine et chargea son agha Al Mazari d’exécuter cet ordre. Les deux tribus refusent et obtiennent la protection du général Trézel qui les reçut le lendemain au camp du Figuier et conclut avec eux une convention de protection en échange de leur vassalité et de ravitailler la garnison en denrées alimentaires et en bœufs. Le général vient camper sur les bords du ruisseau Tlelat et envoie une sommation à l’émir pour cesser d’inquiéter ces deux tribus vassales. L’émir répond qu’il reprendrait les deux tribus passées sous le drapeau français et il les réintégrerait à son commandement. Il appela des contingents à se réunir au Sig. La guerre éclatait de nouveau le traité Desmichels était rompu.

            Le général Trézel sortit le 26 juin 1835 à la rencontre des contingents de l’émir. Il  disposait d’un régiment de cavalerie qu’il morcela en trois parties :

             -. Deux escadrons forment l’avant-garde.

              -. Deux escadrons aux flancs du convoi.

              -. Deux escadrons ferment l’arrière-garde.  

              L’infanterie est aussi morcelée et le général Trézel n’en plaça pas assez pour soutenir la tête de sa colonne.

             Au matin du même jour, la colonne est à peine sortie du taillis de Mouley Ismail, qu’est elle prise d’assaut par des combattants de l’émir, fantassins et cavaliers. La colonne du général Trézel panique sous l’effet de la surprise et la violente charge armée. Son avant-garde se rabat sur la colonne. Les Modjahidine poussent la colonne, attaquent le convoi, isolent un bataillon. Trézel réagit, enlève une partie de son arrière-garde et la déploie à l’avant du convoi. Les combats sont durs, furieux, rapides. Les Moudjahidine marquent un temps d’arrêt pour mieux continuer la bataille. L’ennemi en profite pour ramasser ses blessés et ses morts dont le colonel Oudinot.

               Un dilemme se pose au général : continuer la lutte, ou battre en retraite dans de bonnes conditions. Le général accorde un repos à ses soldats, qui dégénère en récréation.

                 Le général marche vers le Sig, y arrive vers la fin de l’après-midi. Des Moudjahidine campent à proximité. Le général se leurre et essaie de leurrer l’émir qu’il somme à reconnaitre l’autorité de France. L’émir sait qu’il est victorieux, sinon en position de force. Il refuse fièrement. Il sait que la garnison d’Oran est à sa merci pour son ravitaillement et que la ville elle-même est enveloppée par ses contingents. Le général est en perte de confiance avec ses soldats. Sa colonne marche toute la journée du 27 sur le Sig et le lendemain, elle  marche vers Arzew.

                  Les troupes de l’émir la pourchassent sur une plaine qui finit à l’intersection de deux routes, l’une, les collines de Hamyan et, l’autre, les gorges de l’Habra. La première est plus facile à traverser, en ce sens qu’elle est découverte. La seconde est abrupte.

                  Trézel opte pour les gorges de l’Habra. L’émir envoie un millier de cavaliers, portant les fantassins en croupe, qui se déploient sur le défilé au moment où la colonne française s’y présente à l’endroit où l’Habra quittant les marais, prend le nom de la Macta.

                Le général Trézel ne veut pas dégarnir son ordre de retraite pour contenir les Moudjahidine sur les hauteurs. Cette faute stratégique lui coûte très cher. Il envoie seulement deux compagnies pour balayer les collines. Mais les Moudjahidine les repoussent et les obligent à rester dans la vallée. Ils attendent le passage du convoi qui s’engage dans les gorges. Ils le prennent d’assaut. L’arrière-garde de la colonne française ne cherche pas à défendre le convoi, mais elle court à droite pour se réunir à la tête de la colonne.

                 Plusieurs voitures sont dépouillées de leurs charges et leurs blessés sont achevés, alors que d’autres sont entrainées dans les marais par leurs conducteurs épouvantés. Ces derniers arrêtent leur fuite sous la menace armée du maréchal de logis Fournier qui parvient à sauver 20 blessés seulement. Le désordre de la colonne française est entier, le nombre de victimes entre morts et blessés est incalculable.

                Le champ de bataille est désolant par ses cris, ses râles, ses corps défigurés, gisant partout, telle une vision apocalyptique. Une partie des soldats français escalade difficilement et pêle-mêle sur un mamelon autour d’une pièce d’artillerie qui tonne désespérément sans effet. Elle est aussitôt attaquée par les Moudjahidine. Elle est isolée du reste de la colonne et tente de résister à mort. Quelques-uns de leurs chefs les convainquent à descendre du mamelon et à rejoindre la seconde partie qui a pu s’échapper et cherche la route d’Arzew au milieu du désordre général et elle ne parvient pas à la trouver. 

             Trois ou quatre officiers, Bernard, Allaud, Pastoret, Maussion, ont formé une petite arrière-garde composée de 40 chasseurs, 50 soldats de toute arme, soutenue par l’artillerie. Elle tente désespérément de contenir les assauts des moudjahidine. Mais elle est décimée. La colonne rentre à Arzew, après avoir marché 16 heures et combattu 14.  Le général Trézel trouve un renfort sous les ordres du commandant Lamoricière, secondé par les capitaines Cavaignac et Montauban. Il rentre à Oran avec une petite troupe par mer.             

      

     Le bilan      

           -. Du côté français :

            Les pertes françaises sont : 280 tués, 500 blessés, 17 prisonniers ; perte d’un canon, des caissons à munitions, des voitures d’ambulance. Comme il est traditionnellement connu aux armées en guerre, le chiffre réel des pertes est gardé secret. Elles donnent un chiffre 4 à 5 fois moins que le véritable chiffre. Nous pouvons avancer, sous toute réserve, que selon ce désastre militaire français à la Macta, le chiffre de 1.000 morts n’est pas à écarter.

          -. Du côté des Moudjahidine :  

          Nos longues recherches n’ont pas aboutit à donner un résultat des pertes. Certains auteurs français disent « Bezzaf », soit beaucoup. Mais ce beaucoup est indéchiffrable.        

            Le choc    

            Ce fut le désastre militaire, une défaite cuisante dont le choc est terrible pour la France réputée de grande nation guerrière dont les généraux sont formés dans les académies militaires, dont l’industrie de l’armement est à la pointe du génie industriel universel. L’opinion publique, la classe politique, le parlement en sont scandalisés. Tous réclament des sanctions vigoureuses, des enquêtes, la vengeance. Le premier à en souffrir est le général Trézel.  Il fut immédiatement relevé et remplacé par le général d’Arlanges. Au gouverneur Drouet D’Erlon, succède le maréchal Clauzel, secondé par le fils du roi.

           Au parlement, les débats sont houleux et le député M Thiers hurle vigoureusement :

            « Ce n’est pas de la colonisation, ce n’est pas de l’occupation à une large échelle, ce n’est pas de l’occupation à une petite échelle, ce n’est pas la paix, ce n’est pas la guerre. C’est de la guerre mal faite ».          

           Le maréchal Clauzel arrive le 10 aout 1835 avec deux grands desseins : l’extension de la puissance, la destruction de Mascara.  Il a pour mission de détruire Mascara, pour assouvir les soifs de vengeance des états-majors et de l’opinion publique.

          Cette grande bataille aboutit à deux évènements majeurs :

                -. Le premier est dramatique. C’est l’agression de Mascara par la colonne du maréchal Clauzel et du prince héritier, qui l’avait pillé et détruit de fond en comble et que l’énergique émir Abdelkader rebâtit entièrement.   

                -. Le second est heureux. Il conduit à la conclusion du traité de la Tafna du 30 mai 1837, qui reconnait la souveraineté de l’émir Abdelkader sur la province d’Oran et la province du centre, à l’exception des grandes villes, soit à peine deux ans après le désastre français à la Macta. 

                   Bibliographie

  Charles Henry-Chrchil ‘la vie d’Abdelkader’

  Boualem Bessaih ‘L’émir Abdelkader

  Alfred Nettement ‘ histoire de la conquête d’Alger  

   Henri De Grammont ‘histoire d’Alger sous la domination turque

  

                                                                         Tlemcen le 27 mai 2023

                                                                               Ahmed Bencherif

                                                                              Ecrivain chercheur

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