Gravures rupestres Tiyout H.Lhote et Lihoreau, Ahmed Bencherif

ÉCOUVERTE D'UNE NOUVELLE STATION
DE GRAVURES RUPESTRES A THYOUT
(Sud oranais)
PAR
H. LHOTE et M. LIHOREAU
La localité de Thyout fut la première qui, en 1847, nous révéla l'existence de
gravures rupestres en Afrique du Nord et au Sahara. La découverte fut due au
capitaine Koch et au Dr Jacquot qui participaient alors à la colonne de pacification
dirigée par le général Cavaignac et qui, pour la première fois, pénétrait dans les
oasis de Thyout, de Moghar Tahatani et d'Aïn-Sefra. Les gravures sont au nord du
village, à mi-pente de la falaise au pied de laquelle passe aujourd'hui la route qui
va d'Aïn-Sefra à Géryville. Elles ont été visitées par de nombreux chercheurs dont
les principaux sont G. B. M. Flamand, H. Kiihn, L. Frobenius, H. Breuil, M. Reygasse
et R. Vaufrey. Quant à l'un des signataires de cet article, Henri Lhote, il s'est
rendu au moins six fois sur le site, la dernière en compagnie du lt-colonel Lihoreau.
A ces diverses occasions, une enquête avait été menée auprès des habitants afin
de savoir s'il n'existait pas d'autres gravures dans les environs, car des
renseignements très imprécis laissaient entendre qu'il devait y en avoir d'autres dans les
rochers derrière la station déjà connue. Mais toutes ces enquêtes furent vaines,
y compris auprès des notables qui, pourtant, nous accompagnèrent devant les
gravures de la station anciennement connue.
Le lt-colonel Lihoreau, qui travaillait en liaison avec Henri Lhote et qui avait
l'avantage de résider pratiquement sur place, s'enquit à son tour et, sur un
renseignement du Père Becquart, des Pères blancs d'Aïn-Sefra, il reconnut une station
nouvelle, située non pas au nord, mais au sud de celle déjà inventoriée.
Pour s'y rendre, en partant de la station principale, il faut prendre la route qui
rejoint Thyout- village par l'est, mais au moment où elle fait un coude pour rejoindre
l'agglomération, il faut la quitter et traverser l'oued ; une piste apparaît sur la rive
sud, qu'il faut alors suivre et qui longe la falaise parallèle à l'oued ; à 5 km environ
du point de départ, la piste devient sablonneuse et l'on aperçoit un premier groupe
de rochers, à gauche. Il faut continuer jusqu'au deuxième groupe de rochers qui se
trouve à 150 m à gauche de la piste. Les gravures sont au pied de la falaise et à
mi-pente. La roche est formée de grès identiques à ceux de la station principale
de Thyout.
SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Description des gravures. — Des photographies furent prises par le lt-colonel Lihoreau
et les dimensions relevées par le PèreBecquart. La station comprend trois
panneaux principaux et un quatrième ensemble figurant deux ânes, situé sur un rocher
détaché, à 30-40 m des autres.
Le premier panneau montre un grand éléphant (fig. 1), qui devait mesurer, du
sommet de l'oreille à la base de la patte, près de 1,80 m de haut et
approximativement autant de large. Le trait en est poli, le profil en U surbaissé et la patine
identique à celle de la roche. Une partie de l'oreille n'est plus visible, mais elle dépassait
notablement le sommet de la ligne frontale et devait être du type bilobé. L'animal
est sexué ; c'est un mâle. La défense, placée anormalement haut, semble avoir été
rajoutée, car le trait est simple et la patine apparaît plus claire. Sur le corps, ont
^COUVERTE D'UNE NOUVELLE STATION DE GRAVURES RUPESTKES 9
été gravés deux poignards. Celui de gauche (fig. 2) est à trait poli, à profil en U
surbaissé, avec traces de piquetage, et sa patine est pratiquement aussi foncée que
celle de l'éléphant. Celui de droite (fig. 3) a été obtenu par piquetage et sa patine
est plus claire. Il apparaît comme une mauvaise copie du précédent. En dessous
de la pointe, on aperçoit un piquetage qui est peut-être la figuration d'un liquide
coulant, peut-être l'évocation du sang d'une blessure symbolique pratiquée sur
l'éléphant. Enfin, entre la trompe et la patte de ce dernier, un petit mammifère
(fig. 4), peut-être un canidé, a été réalisé par un piquetage irrégulier et sa patine
est très claire.
Le de
trouve d
■t. de te
exemple,
peu de ]
est idenî
Les patx
arrondis,
au-dessu
On ne V(
contraire
ixième panneau comprend deux éléphants dont un, cle petite taille, se
errière un autre, de plus grande taille. Etant donné la différence de style
hnique, on ne peut pas considérer qu'il s'agit d'une scène comme, par
un petit suivant sa mère. Le grand sujet (fig. 5) présente un trait poli de
srofondeur qui laisse voir des traces nombreuses de piquetage. La -patine
que à celle de la roche, il mesure 1.28 m de haut. Le style en est médiocre.
•s sent raid.es. vont en s'amincissant et se terminent en fuseau par des
L'oreille n'est pas indiquée et la trompe est inachevée. Deux traits émergent
■- de la ligne des reins et doux autres sur le côté de la partie postérieure,
•it pas à quoi elles peuvent bien correspondre. Le petit sujet (fig. 6) est, au
d'un très beau naturalisme. 11 mesure 1,15 m de haut. Le trait, profonde10
SOCIETE DES AFRICANISTES
ment creusé, présente un profil plus ou moins ouvert qui, suivant les endroits, peut
être en U ou en V, aux parois plus ou moins parallèles. La patine est identique à
celle de la roche. L'oreille, toute petite, est marquée par un cercle pointé. L'oeil
est indiqué par une petite cupule ronde. L'animal est en marche, dans une attitude
pacifique, et ses pattes et soles sont très bien rendues.

Ajouter un commentaire

Anti-spam