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Ainsefra, antan; ahmed bencherif

      Le ciel était noir, impénétrable et mystérieux. Il bloquait l’imagination la plus fertile par l’absence cruelle de constellations. Il n’invitait guère aux contemplations merveilleuses, ni aux rêveries douces. Tout proche de la terre, il  semblait s’y abattre à tout moment et l’engloutir dans son immensité. Ainsi, il ne conviait pas aux méditations et à la vénération ; car il cachait cet être invisible qu’est Dieu et occultait ce besoin d’élévation de l’âme vers les hautes sphères  pour atteindre la félicité indéfinie que chacun conçoit. Il générait un sentiment étrange de peur qui n’était vraiment pas d’à propos. Sa grosse couche nuageuse néantisait presque le champ visuel et l’on se posait judicieusement la question de savoir ce qu’aurait été le monde sans la lune, sans les étoiles, ces faisceaux fabuleux qui émerveillent utilement.

      C’était une nuit d’hiver, silencieuse et monotone, longue et pesante de l’an cinquante du vingtième siècle. Elle s’épuisait lentement et abordait ses derniers quartiers. Le village dormait de sommeil profond, ses feux étaient éteints, ses habitants se retournaient dans leurs lits, ses chats ronflaient près des cheminées en cendres, son bois de Boulogne était aussi calme et les feuillages ne crissaient même pas. Les oiseaux ne s’ébattaient guère et le hibou ne hululait point. Les êtres vivants se réfugiaient contre les rigueurs du froid. La gelée tombait, cuisait la chair qu’elle pénétrait pour aller se loger aux ossements qu’elle glaçait et fragilisait d’affection rhumatismale épouvantable et de là perturber l’équilibre biologique du cerveau. Combien en ont péri, transits de froid ?

      La vallée était immense, rétrécie et sablonneuse en amont, béante et rocailleuse an aval, bordée de deux puissantes montagnes, l’une bleue et boisée, au sud, l’autre marron et presque nue, au nord. Des îlots de verdure poussaient ça et là, au bon prodige de l’oued qui la traversait et y laissait des marres un peu partout, lui-même séparé en amont par une haute et large falaise qui amortissait la violence des eaux de crue de son affluent. Tous les deux, quand ils débordaient, faisaient jonction à la lisière du village et se distinguaient par une violence torrentielle phénoménale qui menaçait le village, bien des fois victime de la furie des flots qui allaient écumer dans les rues limitrophes et en déloger les habitants. Bien des fois des gens y avaient péri, noyés et échoués à des lieues plus loin. Ces îlots de verdure étaient le produit de fellahs laborieux du ksar qui était perché en hauteur du village, au pied de la dune, elle-même adossée à la montagne bleue, appelée Mekhter, terme arabe signifiant profusion de biens.  

      La montagne bleue était bien généreuse. Elle nourrissait tout le village en bois de combustion et en charbon, ainsi qu’en bois de charpente pour l’ensemble du ksar et un bon nombre de maisons urbaines : le chêne, la caroubier, le genévrier, le pin la peuplaient et de nains arbustes à fruits incomestibles qui ressemblent au pêcher ; ils ne formaient pas cependant des forets inextricables. Elle était très humide en hauteur et gardait des flaques d’eau dans des endroits encaissés et ses sources resurgissaient un peu partout à faible débit toutes fois. L’eau de pluie se conservait longtemps dans des rus qui proliféraient, sans  attirer des oiseaux migrateurs. Elle foisonnait en herbes de pacage et herbes médicinales, tels que le romarin et l’armoise, possédait son gibier comme le mouflon qui allait paître sur une grande plaine au versant sud. Elle s’était toutes fois paupérisée en prédateurs dont on retrouvait seulement le chacal, l’hyène, le renard et le serval. Quant au léopard, il avait été exterminé dans un passé tout récent, à moins d’un siècle. Mais, le grand fauve, le lion de l’atlas, l’avait été beaucoup plus avant. 

       Elle était vaste, gagnant tout aussi bien en longueur qu’en largeur et atteignait mille neuf cents mètres d’altitude. Elle était majestueuse et imposante et se projetait en avant vers le ksar qu’elle protégeait depuis les temps immémoriaux contre les Rezzous. Oui, elle n’était pas abrupte et son ascension ne fatiguait pas outre mesure sauf sur les sommets ; elle avait aussi l’avantage de fournir des caches bien dissimulées, sans qu’il n’y ait cependant de grottes, capables de recevoir des groupes de personnes. A son point médian, une dépression raide prenait naissance au sommet, faite au fil des ages par l’érosion des eaux de pluie impétueuses qui dégringolaient à pic et se cognaient à une falaise pour se diriger ensuite vers deux lits à droite et à gauche, falaise prodigieuse qui bouchait la voie aux flots impétueux qui risqueraient d’emporter le ksar. 

      Le ciel était noir, impénétrable et mystérieux. Il bloquait l’imagination la plus fertile par l’absence cruelle de constellations. Il n’invitait guère aux contemplations merveilleuses, ni aux rêveries douces. Tout proche de la terre, il  semblait s’y abattre à tout moment et l’engloutir dans son immensité. Ainsi, il ne conviait pas aux méditations et à la vénération ; car il cachait cet être invisible qu’est Dieu et occultait ce besoin d’élévation de l’âme vers les hautes sphères  pour atteindre la félicité indéfinie que chacun conçoit. Il générait un sentiment étrange de peur qui n’était vraiment pas d’à propos. Sa grosse couche nuageuse néantisait presque le champ visuel et l’on se posait judicieusement la question de savoir ce qu’aurait été le monde sans la lune, sans les étoiles, ces faisceaux fabuleux qui émerveillent utilement.

      C’était une nuit d’hiver, silencieuse et monotone, longue et pesante de l’an cinquante du vingtième siècle. Elle s’épuisait lentement et abordait ses derniers quartiers. Le village dormait de sommeil profond, ses feux étaient éteints, ses habitants se retournaient dans leurs lits, ses chats ronflaient près des cheminées en cendres, son bois de Boulogne était aussi calme et les feuillages ne crissaient même pas. Les oiseaux ne s’ébattaient guère et le hibou ne hululait point. Les êtres vivants se réfugiaient contre les rigueurs du froid. La gelée tombait, cuisait la chair qu’elle pénétrait pour aller se loger aux ossements qu’elle glaçait et fragilisait d’affection rhumatismale épouvantable et de là perturber l’équilibre biologique du cerveau. Combien en ont péri, transits de froid ?

      La vallée était immense, rétrécie et sablonneuse en amont, béante et rocailleuse an aval, bordée de deux puissantes montagnes, l’une bleue et boisée, au sud, l’autre marron et presque nue, au nord. Des îlots de verdure poussaient ça et là, au bon prodige de l’oued qui la traversait et y laissait des marres un peu partout, lui-même séparé en amont par une haute et large falaise qui amortissait la violence des eaux de crue de son affluent. Tous les deux, quand ils débordaient, faisaient jonction à la lisière du village et se distinguaient par une violence torrentielle phénoménale qui menaçait le village, bien des fois victime de la furie des flots qui allaient écumer dans les rues limitrophes et en déloger les habitants. Bien des fois des gens y avaient péri, noyés et échoués à des lieues plus loin. Ces îlots de verdure étaient le produit de fellahs laborieux du ksar qui était perché en hauteur du village, au pied de la dune, elle-même adossée à la montagne bleue, appelée Mekhter, terme arabe signifiant profusion de biens.  

      La montagne bleue était bien généreuse. Elle nourrissait tout le village en bois de combustion et en charbon, ainsi qu’en bois de charpente pour l’ensemble du ksar et un bon nombre de maisons urbaines : le chêne, la caroubier, le genévrier, le pin la peuplaient et de nains arbustes à fruits incomestibles qui ressemblent au pêcher ; ils ne formaient pas cependant des forets inextricables. Elle était très humide en hauteur et gardait des flaques d’eau dans des endroits encaissés et ses sources resurgissaient un peu partout à faible débit toutes fois. L’eau de pluie se conservait longtemps dans des rus qui proliféraient, sans  attirer des oiseaux migrateurs. Elle foisonnait en herbes de pacage et herbes médicinales, tels que le romarin et l’armoise, possédait son gibier comme le mouflon qui allait paître sur une grande plaine au versant sud. Elle s’était toutes fois paupérisée en prédateurs dont on retrouvait seulement le chacal, l’hyène, le renard et le serval. Quant au léopard, il avait été exterminé dans un passé tout récent, à moins d’un siècle. Mais, le grand fauve, le lion de l’atlas, l’avait été beaucoup plus avant. 

       Elle était vaste, gagnant tout aussi bien en longueur qu’en largeur et atteignait mille neuf cents mètres d’altitude. Elle était majestueuse et imposante et se projetait en avant vers le ksar qu’elle protégeait depuis les temps immémoriaux contre les Rezzous. Oui, elle n’était pas abrupte et son ascension ne fatiguait pas outre mesure sauf sur les sommets ; elle avait aussi l’avantage de fournir des caches bien dissimulées, sans qu’il n’y ait cependant de grottes, capables de recevoir des groupes de personnes. A son point médian, une dépression raide prenait naissance au sommet, faite au fil des ages par l’érosion des eaux de pluie impétueuses qui dégringolaient à pic et se cognaient à une falaise pour se diriger ensuite vers deux lits à droite et à gauche, falaise prodigieuse qui bouchait la voie aux flots impétueux qui risqueraient d’emporter le ksar. 

      Le ciel était noir, impénétrable et mystérieux. Il bloquait l’imagination la plus fertile par l’absence cruelle de constellations. Il n’invitait guère aux contemplations merveilleuses, ni aux rêveries douces. Tout proche de la terre, il  semblait s’y abattre à tout moment et l’engloutir dans son immensité. Ainsi, il ne conviait pas aux méditations et à la vénération ; car il cachait cet être invisible qu’est Dieu et occultait ce besoin d’élévation de l’âme vers les hautes sphères  pour atteindre la félicité indéfinie que chacun conçoit. Il générait un sentiment étrange de peur qui n’était vraiment pas d’à propos. Sa grosse couche nuageuse néantisait presque le champ visuel et l’on se posait judicieusement la question de savoir ce qu’aurait été le monde sans la lune, sans les étoiles, ces faisceaux fabuleux qui émerveillent utilement.

      C’était une nuit d’hiver, silencieuse et monotone, longue et pesante de l’an cinquante du vingtième siècle. Elle s’épuisait lentement et abordait ses derniers quartiers. Le village dormait de sommeil profond, ses feux étaient éteints, ses habitants se retournaient dans leurs lits, ses chats ronflaient près des cheminées en cendres, son bois de Boulogne était aussi calme et les feuillages ne crissaient même pas. Les oiseaux ne s’ébattaient guère et le hibou ne hululait point. Les êtres vivants se réfugiaient contre les rigueurs du froid. La gelée tombait, cuisait la chair qu’elle pénétrait pour aller se loger aux ossements qu’elle glaçait et fragilisait d’affection rhumatismale épouvantable et de là perturber l’équilibre biologique du cerveau. Combien en ont péri, transits de froid ?

      La vallée était immense, rétrécie et sablonneuse en amont, béante et rocailleuse an aval, bordée de deux puissantes montagnes, l’une bleue et boisée, au sud, l’autre marron et presque nue, au nord. Des îlots de verdure poussaient ça et là, au bon prodige de l’oued qui la traversait et y laissait des marres un peu partout, lui-même séparé en amont par une haute et large falaise qui amortissait la violence des eaux de crue de son affluent. Tous les deux, quand ils débordaient, faisaient jonction à la lisière du village et se distinguaient par une violence torrentielle phénoménale qui menaçait le village, bien des fois victime de la furie des flots qui allaient écumer dans les rues limitrophes et en déloger les habitants. Bien des fois des gens y avaient péri, noyés et échoués à des lieues plus loin. Ces îlots de verdure étaient le produit de fellahs laborieux du ksar qui était perché en hauteur du village, au pied de la dune, elle-même adossée à la montagne bleue, appelée Mekhter, terme arabe signifiant profusion de biens.  

      La montagne bleue était bien généreuse. Elle nourrissait tout le village en bois de combustion et en charbon, ainsi qu’en bois de charpente pour l’ensemble du ksar et un bon nombre de maisons urbaines : le chêne, la caroubier, le genévrier, le pin la peuplaient et de nains arbustes à fruits incomestibles qui ressemblent au pêcher ; ils ne formaient pas cependant des forets inextricables. Elle était très humide en hauteur et gardait des flaques d’eau dans des endroits encaissés et ses sources resurgissaient un peu partout à faible débit toutes fois. L’eau de pluie se conservait longtemps dans des rus qui proliféraient, sans  attirer des oiseaux migrateurs. Elle foisonnait en herbes de pacage et herbes médicinales, tels que le romarin et l’armoise, possédait son gibier comme le mouflon qui allait paître sur une grande plaine au versant sud. Elle s’était toutes fois paupérisée en prédateurs dont on retrouvait seulement le chacal, l’hyène, le renard et le serval. Quant au léopard, il avait été exterminé dans un passé tout récent, à moins d’un siècle. Mais, le grand fauve, le lion de l’atlas, l’avait été beaucoup plus avant. 

       Elle était vaste, gagnant tout aussi bien en longueur qu’en largeur et atteignait mille neuf cents mètres d’altitude. Elle était majestueuse et imposante et se projetait en avant vers le ksar qu’elle protégeait depuis les temps immémoriaux contre les Rezzous. Oui, elle n’était pas abrupte et son ascension ne fatiguait pas outre mesure sauf sur les sommets ; elle avait aussi l’avantage de fournir des caches bien dissimulées, sans qu’il n’y ait cependant de grottes, capables de recevoir des groupes de personnes. A son point médian, une dépression raide prenait naissance au sommet, faite au fil des ages par l’érosion des eaux de pluie impétueuses qui dégringolaient à pic et se cognaient à une falaise pour se diriger ensuite vers deux lits à droite et à gauche, falaise prodigieuse qui bouchait la voie aux flots impétueux qui risqueraient d’emporter le ksar. 

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